Culture - Le rapport Dumas préconise des "états généraux des métiers d'art"
Catherine Dumas, sénatrice de Paris, a remis à François Fillon, le 19 octobre, son rapport sur "Les métiers d'art, d'excellence et du luxe et les savoir-faire traditionnels : l'avenir entre nos mains". Le rapport commence par rappeler le poids économique des métiers d'art : près de 40.000 entreprises (avec une moyenne de deux salariés), réparties sur tout le territoire et notamment dans des villes petites et moyennes, et 7,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Chargée d'une mission temporaire sur le sujet auprès du ministre de la Culture en février dernier, Catherine Dumas donne d'ailleurs une définition plus large des métiers d'art, en considérant que leur poids économique indirect est beaucoup plus important, dans la mesure où ils "constituent l'essence du secteur du luxe français" (22 milliards d'euros de chiffre d'affaires, dont 82% à l'exportation).
Parmi les mesures envisagées, figure la proposition d'états généraux des métiers d'art - un changement par rapport aux désormais traditionnels "Grenelle" -, qui auraient notamment pour mission d'"étudier, négocier et arrêter l'ensemble des mesures économiques et fiscales en faveur de cette filière". Les autres propositions sont organisées en trois grands axes. Le premier consiste à "encourager et généraliser la dynamique d'innovation déjà engagée". Il passe notamment par le renforcement de l'innovation par le design, le développement du recours aux NTIC, ou encore la mise en place par Oséo de dispositifs de soutien spécialement adaptés à la filière des métiers d'art. Le second axe vise à "améliorer la reconnaissance spécifique des métiers d'art à différents niveaux". Plusieurs mesures sont préconisées à ce titre : l'élargissement de la dynamique engendrée par la création d'un label "Entreprises du patrimoine vivant", le développement des "instruments de reconnaissance" de l'identité des métiers d'art, mais aussi une remise à plat complète de l'action des différents intervenants (associations, organisations professionnelles...) et une meilleure coordination des administrations concernées. A noter : le rapport propose de "réserver un département ministériel aux métiers d'art et du luxe". Enfin, le troisième axe consiste à "préserver le patrimoine national que constituent les métiers d'art". Il regroupe une douzaine de préconisations, comme l'augmentation du nombre des "maîtres d'art" (qui passeraient de 90 aujourd'hui à 217, soit au moins un par métier d'art), le développement des formations par binôme (actuellement un maître d'art ne peut former qu'un élève à la fois), l'adaptation des marchés publics, la réorganisation de la formation ou le soutien du développement à l'international.
Lors de la remise du rapport, François Fillon s'est d'ores et déjà déclaré intéressé par plusieurs mesures, comme celles sur les maîtres d'art, les binômes, la création d'un Conservatoire national des outils d'art ou encore l'attribution du label "campagne d'intérêt général" à une campagne nationale de promotion des métiers d'art. Le Premier ministre a également demandé à Frédéric Mitterrand et à Hervé Novelli de "lancer un chantier de rénovation et de coordination des structures existantes en vue d'une approche qui soit beaucoup plus transversale, beaucoup plus interministérielle, de ces activités".
Jean-Noël Escudié / PCA