Le dispositif "Deux heures de sport en plus au collège" ne sera finalement pas généralisé

Les ministères des Sports et de l'Éducation nationale ont annoncé l'abandon de la généralisation du dispositif "Deux heures d'activité physique et sportive en plus au collège". La mesure ne va perdurer que dans les établissements classés réseau d'éducation prioritaire.

Après deux ans d'une expérimentation qui n'a jamais réussi à atteindre sa cible, le ministère de l'Éducation nationale et le ministère des Sports ont décidé de renoncer à la généralisation du dispositif "Deux heures d'activité physique et sportive en plus par semaine au collège" (2HSC) et de le recentrer sur les seuls collèges classés en réseau d'éducation prioritaire (REP/REP+).

Par le biais d'une circulaire publiée au Bulletin officiel du 7 novembre 2024, Fabienne Bourdais, directrice des Sports, et Caroline Pascal, directrice générale de l'Enseignement scolaire, expliquent que si "le bilan des deux premières années d'expérimentation dans 715 établissements volontaires a démontré la pertinence de la mesure, [...] toutefois, le dispositif est perçu encore comme complexe à mettre en œuvre et sa généralisation à l'ensemble des 7.000 collèges n'apparaît pas soutenable".

Difficulté à attirer les non-sportifs

Lancé en septembre 2022, le dispositif 2HSC permet à des collégiens volontaires de faire deux heures de sport supplémentaires par semaine en complément de l'éducation physique et sportive (EPS) obligatoire, et ce afin de lutter contre un "décrochage significatif de la pratique sportive" chez les enfants entre onze ans et quatorze ans.

2HSC a d'abord concerné 169 établissements dans 46 départements, puis, à la rentrée 2023, quelque 700 établissements. Mais alors que les deux ministères impliqués estimaient il y a plus d'un an que "les premiers retours d'expérience, notamment des chefs d'établissement, mettent en avant la pertinence de la mesure", début 2024, un premier rapport d'évaluation de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep) soulignait que si "des effets positifs" étaient bien réels, le dispositif attirait peu les non-sportifs puisque neuf volontaires sur dix étaient déjà impliqués dans des activités sportives en dehors de l'EPS (lire notre article du 30 janvier).

Besoin de simplification

Les deux ministères ont donc décidé de recentrer ce dispositif sur les seuls collèges classés en REP/REP+, "territoires où le taux de licence est le plus faible". La circulaire précise encore que "le public cible est maintenu dans sa définition". En l'occurrence, il s'agit des collégiens qui ne sont inscrits ni à l'association sportive de l'établissement (AS) ni en club. De plus, une "attention particulière" est portée aux jeunes filles et aux jeunes en situation de handicap. Les collèges pourront en outre s'appuyer sur les résultats individuels au test d'aptitude physique développé par l'Éducation nationale pour identifier les élèves pour lesquels ce dispositif constituerait une réponse à leurs besoins.

Et puisque 2HSC est "perçu comme complexe", la circulaire vise également à "simplifier" sa mise en œuvre et à remettre la communauté scolaire, en particulier les professeurs d'EPS – très critiques depuis l'origine –, "au cœur du dispositif". Concrètement, cela reviendra à inscrire le dispositif dans le projet d'établissement, en complémentarité de l'EPS, de l'offre de l'AS et de l'offre sportive locale, et dans un projet sportif de territoire, en lien avec les collectivités locales. Il conviendra également d'identifier des créneaux disponibles dans le temps périscolaire favorables à la mise en œuvre du dispositif et à la mobilisation des acteurs sportifs locaux, mais aussi des installations sportives disponibles, qu'il s'agisse de celles de l'établissement, en dehors des heures réservées à l'EPS et à l'AS, ou, à défaut, de celles des collectivités territoriales ou des clubs. Bien entendu, ce déploiement passera par des partenariats avec les structures sportives locales et par l'information des élèves et de leurs familles. 

Dotation financière

Pour déployer le dispositif 2HSC, chaque collège volontaire recevra une dotation financière de 20 euros par élève inscrit, avec un seuil minimal de 3.000 euros par établissement. Cette dotation servira prioritairement à financer une offre de pratique "ludosportive" proposée par les structures sportives partenaires du collège et, dans la limite de 10% de la somme versée, à couvrir les éventuels frais de transport en lien avec les collectivités locales ou l'achat de petit matériel.

Après l'annonce de la non-généralisation du service national universel (lire notre article du 28 octobre) et la diminution des crédits du Pass'sport (75 millions au projet de loi de finances pour 2025 contre 85 millions en 2024) et des cours actives et sportives (lire notre article du 30 avril), il s'agit d'un nouveau dispositif visant la jeunesse qui voit sa voilure largement réduite en raison de la non-atteinte de ses objectifs. Alors que le PLF 2024 prévoyait une enveloppe de 14,6 millions d'euros pour 2HSC afin de toucher un total de 2.700 établissements, seulement 11,45 millions sont prévus au PLF 2025 pour une cible de 1.093 collèges classés en REP et REP+ sans doute plus facile à atteindre...

› Les syndicats d'EPS inquiets des "dysfonctionnements" de l'UNSS

Dans une lettre ouverte datée du 6 novembre 2024 et adressée, entre autres, aux ministres de l'Éducation nationale et des Sports, des représentants du Snep-FSU et du Fnec FP-FO, syndicats représentatifs des enseignants d'EPS du second degré, ainsi que d'associations sportives scolaires du second degré alertent sur les graves "dysfonctionnements" qui touchent actuellement l'UNSS (Union nationale du sport scolaire), placée sous la tutelle du ministère de l'Éducation nationale et qui fédère 9.300 associations sportives en collèges et lycées et 1,18 million d'élèves.

Les signataires fustigent la gouvernance de l'UNSS et évoquent "un déficit de 12,3 millions d'euros sur l'exercice 2022-2023 (exceptionnellement sur 20 mois), dont 6,4 millions pour les seuls huit derniers mois comprenant les deux mois d'été où il n'y a pas d'activité sportive".

Pour expliquer ce dérapage, les syndicats pointent "une augmentation des rémunérations de 13,4% pour les trois plus hauts dirigeants", "des contrats coûteux [...] passés avec des cabinets de conseils sans utiliser ou chercher des compétences internes", ou encore un accord-cadre national conclu par la direction avec des transporteurs "entraînant un coût parfois multiplié par sept". Et cela alors même que, depuis la saison 2023-2024, le nombre de rencontres sportives organisées aurait diminué.

Ils exigent donc une "enquête approfondie" sur la politique et le mode de management de l'UNSS et le remplacement "très rapidement" de l'équipe de direction actuelle.