À l'approche des fêtes de fin d'année, les villes tentent de conjuguer magie et sobriété

Comment concilier illuminations de Noël et sobriété énergétique ? À l'approche des fêtes, la plupart des mairies annoncent réduire la voilure en matière de décorations et d'animations, tout en essayant de préserver au maximum l'esprit de la fête.

Alors que le scénario de coupures d'électricité inquiète l'Hexagone, l'ambiance n'est plus à l'orgie lumineuse dans l'espace public. Principale illustration, la plupart des communes ont réduit l'amplitude horaire et la durée de leurs illuminations, qui s'éteindront juste après le Nouvel An. "Tous les maires à qui je parle font un effort de sobriété pour que ce soit moins coûteux pour la collectivité, sans pour autant renoncer à ce que ces fêtes soient des moments de joie collective", observe Guy Geoffroy, président de l'association des Eco-Maires de France.

Mi-novembre, l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN) a publié un guide des bonnes pratiques à destination des collectivités, rappelant qu'en 2017 "la puissance électrique appelée pour les décorations de fin d'année était de 1.300 MW, soit l'équivalent d'une tranche de centrale nucléaire" (voir notre article du 22 novembre 2022). "Globalement, la sobriété progresse, même si la compréhension de l'enjeu varie beaucoup selon les équipes municipales, commente Anne-Marie Ducroux, la porte-parole de l'association. Nous avons tous vu des décorations lumineuses installées dès le début de novembre." Parmi les conseils prodigués, celui d'"inventer des décors à base de végétaux, petits miroirs, papiers et rubans, sans avoir systématiquement recours à la lumière artificielle". Si les LED permettent d'importantes économies, elles ne doivent toutefois "pas servir de prétexte pour multiplier la quantité de lumière artificielle émise", prévient en revanche l'ANPCEN.

Les patins à glace laissent la place aux rollers...

À Rennes, la mairie a installé 2 kilomètres de guirlandes mais a réduit "de 34%" le périmètre de ses illuminations. À Tours, Lille, Avignon, La Baule ou Vincennes, c'est la patinoire en glace artificielle, jugée trop consommatrice en eau et en électricité, qui a fait les frais de l'austérité énergétique. "On a conservé le plaisir de la glisse en installant une piste de rollers", a expliqué à l'AFP Charlotte Libert-Albanel, la maire UDI de Vincennes (Val-de-Marne), qui refuse "de sacrifier la jeune génération, qui a déjà souffert du Covid, sur l'autel de la sobriété".

Certaines communes, comme Rochefort ou Royan (Charente-Maritime) ont elles renoncé à leur patinoire, tandis que d'autres se tournent vers le synthétique. Izifun, société spécialisée dans la location de ce type de patinoires, a ainsi enregistré cette année une hausse de 25% de la demande des collectivités.

Lanternes géantes alimentées par quatorze panneaux photovoltaïques, avec générateurs de secours alimentés à l'huile de friture, à Bordeaux, sapin géant offert par des particuliers à Tours, grande roue moins rapide pour moins consommer à Lille... les initiatives en matière de sobriété ne manquent pas.

Cure de sobriété pour les marchés de Noël aussi

Les consommations des marchés de Noël sont également scrutées de près comme dans la capitale nordiste, où le cahier des charges requiert 100% d'illuminations en LED et "pas de chauffages individuels", en application de la loi Climat et Résilience. À Strasbourg, l'équipe municipale vise une baisse de 10% de la consommation électrique de son emblématique marché de Noël. À Lyon, le maire, Grégory Doucet, a maintenu la traditionnelle Fête des Lumières, en expliquant que l'enveloppe électrique ne représentait que 3.500 euros sur les près de 3 millions dépensés pour la fête.

Si la réglementation oblige depuis 2018 les commerces à éteindre leurs vitrines au plus tard à 1h00 du matin, "il y a très peu de contrôles", souligne l'ANPCEN. Il n'existe en outre aucune réglementation nationale spécifique à l'éclairage de voirie. Résultat, il y a une "très grande disparité d'une commune à l'autre" et les villes "jouent rarement la transparence sur leurs coûts", reconnaît Nicolas Nace, de Greenpeace France. "Celles qui ont le plus de moyens peuvent se permettre de gaspiller l'énergie mais plus on consomme, plus les prix vont augmenter, et plus il va y avoir de tension sur les réseaux et des risques de coupures", prévient Nicolas Nace, qui réclame "des règles communes partout en France".

 

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