Lancement d'une enquête publique sur le projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure
Une enquête publique a été lancée ce 15 septembre et jusqu'au 23 octobre sur le projet Cigéo, à Bure (Meuse). Piloté par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), ce projet vise à enfouir, à 500 mètres sous terre, 85.000 m3 des déchets les plus radioactifs du parc nucléaire français, à partir de 2035.
Conduite par une commission indépendante composée de cinq membres nommés par le tribunal administratif de Nancy, l'enquête publique est une étape préalable à une éventuelle déclaration d'utilité publique de ce projet controversé.
Pendant cinq semaines, la commission récoltera les avis des personnes intéressées ou opposées au projet, grâce à des permanences physiques et téléphoniques, et à un site internet dédié. Dans son rapport qu'elle remettra fin novembre, la commission rendra un avis favorable ou défavorable : "Ce n'est pas une autorisation de travaux mais une reconnaissance de l'intérêt général du projet", a précisé son président Claude Bastien lors d'une conférence de presse ce 14 septembre. "On espère que la démocratie pourra s'exprimer, c'est important que chacun s'exprime", a-t-il ajouté. Si le projet Cigéo obtient une déclaration d'utilité publique, l'Andra pourra "acquérir les terrains, au besoin par expropriation", a-t-il précisé. L'agence a indiqué qu'il lui restait encore 120 hectares de terrain à acquérir.
Les associations opposées à ce projet ont exprimé leur scepticisme face à cette enquête publique, qualifiée notamment de "vaste fumisterie" et de "simulacre de démocratie" par le Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs (Cedra). "On ne peut que dénoncer l'enquête publique, c'est une phase réglementaire qui ne remet en aucun cas en cause le projet" Cigéo, a expliqué à l'AFP Juliette Geoffroy, porte-parole du collectif. "On ne peut pas encourager les gens à participer à ce processus qui ne répondra pas aux craintes", a-t-elle ajouté. "On va se mobiliser pendant l'enquête publique pour dire tout le bien qu'on en pense", a quant à lui ironisé Jean-Marc Fleury, porte-parole de l'Association des élus opposés au projet (Eodra).
Les collectifs anti-nucléaires ont prévu trois jours de mobilisation jusqu'au 17 septembre dans les communes de la Meuse autour de Bure. Michel Marie, membre du Cedra et ancien porte-parole du collectif, ne se fait "pas d'illusions" : "On sait que le feu vert sera donné car c'est un projet d'Etat", affirme-t-il, mais il appelle tout de même à participer à cette enquête. "Il faut se faire entendre : les argumentaires des citoyens finissent par faire bouger les choses", a-t-il souligné.
Plusieurs débats publics nationaux ont déjà été organisés, notamment en 2013 et en 2019, et ont fait l'objet de vives critiques par les opposants, qui ont estimé ne pas y être entendus.