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Environnement - L'Agence internationale de l'énergie propose des "règles d'or" pour doper l'exploitation des gaz de schiste

L'Agence internationale de l'Energie (AIE) a proposé le 29 mai une série de "règles d'or" destinées à doper l'exploitation des gisements de gaz non conventionnels en limitant l'impact environnemental de ces hydrocarbures controversés. Dès l'an dernier, l'AIE, bras énergétique des pays industrialisés, avait prédit "un âge d'or du gaz" dans les prochaines décennies. Celui-ci ne pourra se concrétiser qu'avec une exploitation extensive des ressources de gaz non conventionnels, a-t-elle averti dans un nouveau rapport présenté à Londres. Or, l'avenir des gaz non conventionnels, appellation qui recouvre notamment les gaz de schiste, "est loin d'être assuré", notamment en raison de "l'opposition des sociétés civiles et des inquiétudes environnementales associées à son extraction", a noté l'AIE.
De fait, la technique actuellement utilisée consiste à "fracturer" la roche en profondeur par une injection d'eau et de produits chimiques, un processus controversé, répandu aux Etats-Unis mais interdit en France, jugé hautement polluant par ses détracteurs et à l'origine de secousses sismiques. Cependant, selon l'AIE, l'adoption d'une série de "règles d'or" pourrait rendre l'exploitation des gaz de schiste plus acceptable pour les populations et plus sûre pour l'environnement, et "ouvrir la voie à un développement à grande échelle" de ces gisements.
"Si les impacts environnements et sociaux ne sont pas pris correctement en compte (par les industriels), il y a un véritable risque que l'opposition du public provoque un coup d'arrêt", alors que "des techniques acceptables pour l'environnement existent", a souligné Maria van der Hoeven, directrice exécutive de l'AIE. Outre "une transparence complète" de la part des industriels et l'information de toutes les parties prenantes, à commencer par les autorités locales et les habitants , "les sites de forage doivent être soigneusement choisis pour (...) minimiser les risques de secousses sismiques", tandis que "les fuites dans les nappes phréatiques peuvent être empêchées par des standards plus élevés dans la conception des puits", préconise l'Agence. "L'usage de l'eau (dans les forages) doit être réduit par des techniques plus efficaces, l'eau devant être récupérée et recyclée lorsque c'est possible", tandis que les gouvernements doivent "adopter des systèmes de supervision appropriés" susceptibles de stimuler l'innovation, ajoute le rapport.

Scénario idéal

La mise en oeuvre de ces règles représente "un coût très limité" selon l'institution. Celle-ci évalue à 6.900 milliards de dollars d'ici à 2035 les investissements nécessaires à l'échelle mondiale dans le secteur du gaz, dont 40% destinés au développement des gaz non conventionnels. Dans le scénario idéal de l'AIE - en clair, si ces "règles d'or" sont appliquées -, la production mondiale de gaz non conventionnels devrait plus que tripler d'ici à 2035, avec pour conséquence une baisse des cours susceptible d'entraîner un bond de la demande (+50% entre 2010 et 2035). Le gaz fournirait alors 25% des besoins énergétiques de la planète, détrônant le charbon comme deuxième source d'énergie, derrière le pétrole. Et un tiers du gaz produit dans le monde serait alors du gaz non conventionnel, contre 14% aujourd'hui - un objectif qui implique le forage d'un million de puits de gaz non conventionnels d'ici à 2035. Le principal producteur de gaz de schiste devrait rester les Etats-Unis (qui passeront devant la Russie comme premier pays producteur de gaz naturel), suivi par la Chine, riche de réserves conséquentes.
En revanche, si l'exploitation de gaz non conventionnels devait piétiner, faute d'acceptation par le public, la part du gaz dans la consommation énergétique mondiale stagnera, "très loin derrière le charbon" - avec des émissions mondiales de CO2 encore plus élevées, prévient l'AIE.

 

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