La stratégie de l’agglo de La Rochelle contre la submersion marine (17)
Particulièrement exposé au risque de submersion marine, le littoral de l’agglo de La Rochelle fait l’objet d’une stratégie de défense qui s’appuie sur des outils d’action et de prévention, ainsi que sur les documents d’urbanisme. Son objectif est de retarder les effets de la montée des eaux due au changement climatique.
Neuf communes de l’agglo de La Rochelle occupent 65 kilomètres de côtes, sur un territoire assez plat. Leur exposition au risque de submersion marine est historiquement importante et les premières digues de protection furent édifiées par l’État, dans la seconde moitié du XXe siècle. Ce risque de submersion s’est avéré de manière encore plus aiguë lors des tempêtes Martin en 1999 et Xynthia en 2010. En collaboration avec les services de l’État, l’intercommunalité et les communes ont d’abord établi un atlas des zones inondables et adopté les premiers plans de prévention des risques (PPR), dont les dispositions ont été intégrées aux documents d’urbanisme. « Mais c’est la tempête Xynthia qui a déclenché une prise de conscience nationale des risques de submersion marine et mené à l’intensification des actions des collectivités pour protéger leur territoire », indique le conseiller communautaire en charge de la protection contre la submersion marine pour l’agglomération de La Rochelle, Didier Roblin.
Les outils de la stratégie de défense des côtes
Des Programmes d’actions et de prévention des inondations (PAPI) coécrits, comme les PPR, par l’EPCI et les services de l’État voient le jour, sur la base d’études menées conjointement. Le département, la région et les communes y sont aussi associés étroitement. Dans la foulée, les PPR sont renouvelés. Se dessine ainsi une approche globale de la défense de côte qui va orienter une série de grands travaux. L’efficacité de cette stratégie est liée à la qualité des études et des modélisations sur l’évolution de la montée des eaux ainsi que sur la définition et la mise en œuvre des PAPI et des PPR, qui ont orienté les dispositions des plans locaux d’urbanisme jusqu’en 2019 puis celles du PLU intercommunal à partir de 2020. L’adoption d’un PPR permet également de déclencher l’attribution des fonds Barnier pour l’adaptation des territoires aux changements climatiques (lire l’encadré).
Les différents types de protection
Les actions de protection mises en œuvre sur le littoral de l’agglomération sont de plusieurs types. En pratique, des digues ont été édifiées, via des enrochements, elles-mêmes sont protégées par des brise-lames installés en amont, pour atténuer la force de la houle. Des protections amovibles, des batardeaux, sont installées dans le port de La Rochelle et dans les communes. Les exutoires qui renvoient l’eau de ruissellement à la mer sont réaménagés, pour empêcher l’eau de mer d’y pénétrer. Le ré-ensablement des plages protège les murs en béton sur la côte en diminuant la puissance des vagues. Parallèlement une sensibilisation et une information aux risques sont menées dans les écoles et auprès des habitants, pour développer une culture du risque et de bons réflexes en cas de danger, dans le cadre des plans communaux de sauvegarde. À noter également les mesures de défense passive qui résultent des documents d’urbanisme. Des limites sévères sont ainsi imposées à la construction dans les zones submersibles classées en risque fort, moyen et faible. Dans les zones classées en risque faible toutefois, quelques logements sont encore constructibles.
Retarder la submersion et protéger les habitants
« Notre politique n’a pas la prétention d’arrêter la mer, tient à préciser Didier Roblin, mais de retarder l’événement rendu inéluctable par la montée des eaux, de protéger l’existant et de prémunir les habitants contre les dangers immédiats et à un peu plus long terme. » La protection assurée par les travaux vise à contrer une élévation du niveau de la mer comparable à celle de la tempête Xynthia. « Nous ne disposons pas des moyens techniques et financiers pour aller au-delà sur la totalité du littoral. Mais là où c’était possible, nous avons établi le niveau de protection à 20 cm au-dessus du seuil de submersion atteint par Xynthia. »
Le rôle clé du département
Fin 2021, plus de 80 % des travaux prévus sont effectués. « Le département de la Charente-Maritime a joué un rôle majeur dans la politique mise en œuvre », indique Didier Roblin. Il finance le syndicat mixte, l’Union des marais de Charente-Maritime, doté d’un bureau d’études qui a fourni une aide précieuse en ingénierie aux collectivités. Il a également assuré la maîtrise d’ouvrage d’une partie des travaux de protection dans le département. Sur l’agglo, il est en charge des travaux sur 7 communes de son territoire. L’agglo a également pu s’appuyer sur l’expertise du Cerema.
Une nouvelle stratégie de défense naîtra après la fin des travaux
Une fois la totalité des travaux achevés, la communauté d’agglomération déterminera une autre stratégie de défense que celle basée principalement sur les digues. « Nous réfléchissons à un PAPI d’intention qui fera des marais une zone tampon entre la mer et la terre, annonce Didier Roblin. Notre territoire étant très exposé au risque de submersion nous devons trouver de nouveaux moyens pour le protéger en adaptant nos pratiques et notre urbanisme. »
Un investissement global de 67 millions d’euros
L’ensemble des travaux de défense des côtes de la communauté d’agglomération représente un investissement de 60 millions d’euros sur la période 2012-2021. La répartition est la suivante : 40 % des fonds proviennent de l’État (fonds Barnier pour l’adaptation des territoires au changement climatique), 20 % de la région, 20 % du département et 20 % de l’agglo (depuis 2018). À noter que les travaux d’embellissement et de bien-être accompagnant les protections (pistes cyclables, espaces publics, cheminements piétons…) sont pris en charge par les communes. Ceci représente un investissement des communes de 7 millions d’euros.
Communauté d'agglomération de La Rochelle
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Didier Roblin
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