La métropole Rouen-Normandie lance sa COP21 locale
La métropole Rouen-Normandie (Seine-Maritime), en partenariat avec l'ONG WWF France, a lancé ce 8 décembre sa COP21 locale, à l'occasion de laquelle elle entend vouloir réduire par deux les consommations énergétiques du territoire et multiplier par 2,5 la production d'énergies renouvelables à l'horizon 2050. L'intercommunalité rouennaise, présidée par le socialiste Frédéric Sanchez, entend également ramener les émissions de gaz à effet de serre à un niveau soutenable pour la planète en les divisant par plus de quatre par rapport à celles de 2010, selon les prévisions de la métropole.
Economies d'énergie dans les transports et le logement
Dans le secteur des transports (voyageurs et fret), qui représente 24% des consommations actuelles d’énergie du territoire, l’objectif de réduction de 64% des consommations d’énergie va nécessiter un accompagnement fort du développement de l’usage du vélo, de la marche à pied, des transports en commun et du covoiturage par les habitants et un transfert modal du transport de marchandise vers le fleuve et la voie ferrée.
Autre secteur où les enjeux sont particulièrement forts : celui du logement (25% des consommations actuelles d’énergie du territoire). Pour réduire de 71% les consommations d’énergie à l’horizon 2050, il faudra atteindre une isolation performante de la totalité des habitations au niveau des bâtiments basse consommation (BBC). Un modèle de massification de cette rénovation est en cours de définition et sera proposé d’ici la mi-2018. "Il impliquera la filière de la rénovation mais également les grandes intercommunalités de Normandie avec lesquelles des mutualisations seront recherchées", a précisé la métropole dont l’ambition est de passer de 1.700 logements rénovés par an actuellement à plus de 3.500 en 2025 et 5.000 en 2030. Selon la collectivité, avec 130 millions d’euros de travaux par an, ce plan doit permettre de créer plus de 1.500 emplois et de permettre aux ménages de réaliser 9 millions d’euros d’économies annuelles sur leur facture énergétique.
L'accord de Paris sur le climat comme modèle
"C'est une initiative inédite", calquée sur la méthode qui a permis d'aboutir à l'accord de Paris sur le climat en 2015, s'est félicité auprès de l'AFP Pierre Cannet, responsable des programmes climat énergie chez WWF France. "Cette COP21 locale" doit permettre à Rouen de rattraper son retard , estime Guillaume Blavette, administrateur de France Nature Environnement Normandie. "La ville, marquée par la pétrochimie et le tout bagnole, conserve encore un caractère archaïque en matière atmosphérique et climatique". "Les écologistes rouennais accueillent avec bienveillance cette initiative intelligente de la métropole", a-t-il également dit, tout en évoquant "son hostilité à certains choix de l'intercommunalité, à commencer par son soutien financier au contournement Est de Rouen".
"Nous faisons face à une crise environnementale majeure, si nous n'innovons pas, nous n'y arriverons pas", ajoute Cyrille Moreau (EELV), vice-président pour l'environnement à la métropole. Pour l'élu, il s'agit "de fédérer puis d'entraîner l'ensemble des acteurs afin d'obtenir des engagements en matière de lutte contre le réchauffement climatique à l'échelle de notre territoire".
La COP rouennaise se place "sous l'égide scientifique d'un GIEC local", à l'instar du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat organisé au niveau mondial. "Nous voulons aussi toucher les citoyens", a par ailleurs insisté Cyrille Moreau. L'Atelier de la COP21, un lieu consacré à la société civile et aux associations, sera ainsi inauguré le 16 janvier. Cette COP21 locale, prévue jusqu'au 8 décembre 2018 aboutira à la signature d'un accord de Rouen, récapitulant l'ensemble des engagements pris par les acteurs du territoire.
"Les citoyens seront alors en capacité d'identifier les bons et les mauvais élèves", se félicite Guillaume Blavette. Cyrille Moreau a néanmoins précisé que "l'accord ne suffira sans doute pas pour atteindre les objectifs en matière de limitation du réchauffement climatique". "Mais, au moins, nous aurons enclenché une dynamique", a-t-il ajouté.