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Transports - La LGV Est inaugurée sur fond de polémique sur les tarifs

Après cinq ans de grands travaux, la ligne à grande vitesse (LGV) Est, longue de 300 kilomètres, a été inaugurée le 15 mars. Son ouverture commerciale aura lieu le 10 juin. A cette date, Reims ne sera plus qu'à 45 minutes de Paris, Nancy à 1h30, Luxembourg-ville à 2h05, Strasbourg à 2h20 et Stuttgart à 3h40 contre respectivement 1h35, 2h45, 3h45, 4h et 6h aujourd'hui. Cette ligne est "un symbole de la politique d'aménagement du territoire" et "une réussite industrielle majeure", a déclaré le président de la République, Jacques Chirac, à l'Elysée, devant les élus des régions, des départements, des villes, et les dirigeants de la SNCF et de Réseau ferré de France (RFF) qui ont participé avec l'Etat et l'Union européenne au financement de la ligne. "En raccourcissant les distances, en attirant  les entreprises, en accélérant les échanges, elle va constituer un véritable catalyseur d'activité économique, avec à la clé plus de 16.000 emplois", a affirmé le chef de l'Etat.
D'un coût de 4 milliards d'euros (valeur actuelle), la LGV Est est la première ligne à grande vitesse à avoir été cofinancée par des collectivités locales (six collectivités d'Alsace, cinq de Lorraine, cinq de Champagne-Ardenne, ainsi que la région Ile-de-France). Comme prévu dans une convention signée en novembre 2000, elles ont apporté 23,6% des financements.
A trois mois de la mise en service de la ligne, certaines d'entre elles sont pourtant montées au créneau auprès de la SNCF pour protester contre les futurs tarifs, jugés trop élevés. C'est en Lorraine et en Champagne-Ardenne que les critiques sont les plus vives. Le conseil général de la Moselle a demandé instamment à la SNCF de réviser ses tarifs et a menacé de revoir sa position pour le financement de la deuxième phase de la ligne, dont les travaux devraient commencer en 2008.

Selon une étude du Comité économique et social de Lorraine, les tarifs sont supérieurs de 17% à 40% à ceux pratiqués "à configuration similaire" sur les trois autres lignes à grande vitesse. Dans un courrier adressé récemment au président de la République, le sénateur de Moselle Jean-Louis Masson et la députée Marie-Jo Zimmermann ont dénoncé "des tarifs considérablement supérieurs à ceux des autres LGV alors que les régions de l'Est sont les seules à avoir participé au financement de l'investissement". Pour le président de la région Champagne-Ardenne, Jean-Paul Bachy, il est "légitime qu'il y ait un retour d'ascenseur", pour les mêmes raisons. Les usagers protestent eux aussi. "Les prix sont bien trop chers pour les familles qui préféreront prendre leur voiture", regrette Jean Sivardière, président de la Fnaut, fédération qui regroupe 150 associations d'usagers.
Adrien Zeller, président de la région Alsace, rejette pour sa part ces critiques, estimant qu'il "ne faut pas faire de procès a priori". "Le cofinancement était le seul moyen de payer le TGV", insiste-t-il avant de se réjouir de la création d'un futur "observatoire interrégional de la ligne Est" où les collectivités siégeront avec RFF et la SNCF.
Marie-Pierre Meynard, directrice de la région SNCF de Strasbourg, rappelle que les tarifs ont été déterminés après des enquêtes auprès de 7.000 voyageurs et de 800 entreprises, puis en ajustant les prix avec les élus locaux et les pouvoirs publics. A titre d'exemple, un Paris-Strasbourg en TGV coûtera 63 euros (prix normal) contre 46,20 euros aujourd'hui en Corail et 51,20 euros dans les trains Téoz qui seront supprimés. Un Paris-Reims passera de 22,10 euros en Corail à 28 euros en TGV et un Paris-Metz-Nancy de 38,80 euros en Corail et 42,70 euros en Téoz à 50 euros en TGV.

 

Anne Lenormand avec AFP

 

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