La France des… multipropriétaires
L'Insee a consacré une étude aux propriétaires d'au moins deux logements : profil, usage... Ils représentent pas moins de 9,7 millions de personnes. Les territoires touristiques et les grands centres urbains sont évidemment les plus concernés.

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Le titre de l'étude publiée le 2 avril par l'Insee dit tout ou presque : "Un tiers des propriétaires possède deux logements ou plus". Sur 27,6 millions de propriétaires en 2022, on comptait en effet 9,7 millions de multipropriétaires. Dont 5,5 millions, certes, ne possèdent "que" deux logements tandis que 2,8 millions en possèdent entre trois et quatre et 970.000 entre cinq et neuf. Le tout soit en leur nom propre soit via une société civile immobilière (SCI).
"Les multipropriétaires ont des profils très divers, aussi bien en nombre de biens possédés qu’en matière d’usages", résume l'Insee, indiquant que "par exemple, parmi les situations les plus fréquentes, 17% d’entre eux détiennent uniquement deux résidences principales (majoritairement la leur et celle de leur usufruitier), 16% détiennent uniquement leur résidence principale et un bien loué, 12% uniquement leur résidence principale ainsi qu’une résidence secondaire. Par ailleurs, 22% des multipropriétaires tirent des revenus d’au moins deux biens loués".
La part des multipropriétaires augmente assez logiquement avec l'âge, avec "un pic autour de la soixantaine" (diminuant ensuite du fait notamment de donations ou de vente pour partir en Ehpad). Elle augmente plus logiquement encore en fonction du niveau de revenus : "Le niveau de vie médian des multipropriétaires, qui prend en compte tous les revenus de leur ménage y compris les loyers perçus, est supérieur d’un quart à celui des monopropriétaires, de moitié à celui des personnes non-propriétaires" et "plus le nombre de biens détenus augmente, plus le niveau de vie est élevé".
La dimension géographique est évidemment intéressante. Elle montre notamment le poids des territoires touristiques en matière de multipropriété, ce qui peut être lié aux résidences secondaires comme à la mise en location. Les logements détenus par des multipropriétaires se concentrent ainsi dans des départements touristiques tels que les Hautes-Alpes, la Haute-Corse, la Corse-du-Sud. Et les résidents des départements alpins allant de la Haute-Savoie aux Alpes-de-Haute-Provence et des départements ruraux du sud du Massif central, du Lot à l’Ardèche, sont plus souvent multipropriétaires que la moyenne. "Les pôles situés dans les lieux touristiques sont particulièrement concernés par la multipropriété. Dans certains territoires tournés vers les sports d’hiver (…), ainsi que sur le littoral (…), plus de 85% des logements sont détenus par au moins un multipropriétaire." Ce sont dans les départements du nord de la France métropolitaine que la part des multipropriétaires est globalement la plus faible.
Autre vecteur : les territoires denses, autrement dit les grands centres urbains, comptent souvent plus de multipropriétaires. Le record étant Paris. Mais la note mentionne aussi Montpellier, Toulouse, Poitiers ou encore Clermont-Ferrand, où "plus de trois logements privés sur quatre sont détenus par au moins un multipropriétaire". "Dans les aires d’attraction des villes, les logements sont plus souvent détenus par au moins un multipropriétaire dans les pôles (69%), où les marchés locatifs sont plus développés, que dans leurs couronnes (61%)", écrit l'Insee.
S'agissant de l’usage des biens par leurs propriétaires, tout dépend du nombre de logements possédés. Lorsque les biens des multipropriétaires ne sont pas occupés comme résidence principale par l’un des propriétaires ou un usufruitier (43% des logements), ils sont alors le plus souvent loués (57%), servent de résidences secondaires (23%) ou correspondent à des logements vacants (20%). "Parmi les 2,1 millions de logements vacants détenus par au moins un multipropriétaire, 55% le sont depuis plus d’un an", note l'Insee.
En relèvera enfin que, exception faite de Paris et de sa petite couronne,"les multipropriétaires habitent souvent à proximité des biens qu’ils mettent en location" : pas moins des "deux tiers de ces biens sont situés dans le département de résidence de leur détenteur".