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Europe - José Manuel Barroso annonce le retrait progressif des mesures anti-crise

Aussitôt installée sa nouvelle commission après le vote des députés, mardi, José Manuel Barroso a repris la main sur les dossiers importants. Depuis début novembre 2009, la Commission Barroso I était en affaires courantes et ne pouvait donc traiter les enjeux du moment. Mis en cause dans sa gestion de la crise, le président reconduit a profité de la réunion informelle des chefs d'Etat et de gouvernement sur l'aide à apporter à la Grèce, le 11 février, pour afficher ses ambitions dans un contexte terne : chute de 15% de la production industrielle en 2009, baisse de 4% du PIB, augmentation de 10% du taux de chômage avec 23 millions de personnes de plus sans emploi (quatre fois plus que ce qui avait été prévu au printemps dernier)… Et de rappeler les trois objectifs de la nouvelle stratégie "Europe 2020" destinée à succéder à la défunte "stratégie de Lisbonne" qui s'est soldée par un échec cuisant : économie de la connaissance et de l'innovation, société à fort taux d'emploi et "ouverte à tous" (notamment en favorisant l'immigration légale, comme l'a expliqué la commissaire aux Affaires intérieures, Cécilia Malmström, lors de son audition devant les députés) et croissance verte… Des principes dont l'objectif est de "faire évoluer notre économie sociale de marché durable" et qui devront être approuvés par le Conseil européen de juin prochain.
José Manuel Barroso a également posé les jalons de la sortie de crise qui va notamment se traduire par la fin des mécanismes exceptionnels mis en place pour la relance et prévus pour durer jusque fin 2010. Ce retrait progressif devra mettre fin "aux mesures de relance budgétaire discrétionnaires et aux plans d'aide temporaires à l'intention des secteurs durement touchés", tels que le pacte automobile français. Est également concerné le cadre temporaire des aides d'Etat adopté par la Commission en décembre 2009, qui a relevé le plafond des aides de minimis de 200.000 à 500.000 euros. L'objectif de ce cadre était aussi de faciliter l'accès au financement des entreprises pour des projets tournés vers l'économie durable (prêts bonifiés, garanties, capital-risque, etc.). "La concrétisation de ce retrait dépendra du rythme de la reprise et devra tenir compte de ses répercussions sur l'emploi", précise la Commission.
José Manuel Barroso a par ailleurs appelé à une meilleure coordination des politiques économiques européennes, alors que l'idée de gouvernement économique fait son chemin, et demandé aux Etats de rentrer dans les clous du pacte de stabilité.
La Commission Barroso II siégera jusqu'en 2014 et devra donc s'atteler, à présent, à mettre en place la programmation européenne 2014-2020 des fonds structurels et la future politique agricole commune. L'Assemblée permanente des chambres d'agriculture s'est félicitée, mercredi, de l'orientation qui semble être prise au regard des récentes déclarations de Michel Barnier, commissaire au Marché intérieur et aux Services, et de Dacian Ciolos, commissaire à l'Agriculture et au Développement rural. "Leur déclaration en faveur d'une régulation des marchés… constitue une évolution importante du discours", constate-t-elle. Mais cette nouvelle Commission investie à une très large majorité (488 voix pour, 137 contre et 72 abstentions) n'est pas exempte de critiques, comme celles de la fondation Terra Nova qui déplore "la préférence des gouvernements pour une Commission faible". Et elle devra s'affirmer dans un nouveau contexte institutionnel : un Parlement aux pouvoirs renforcés et une concurrence sourde avec le nouveau président du Conseil européen, le Belge Herman Van Rompuy, à l'initiative de l'opération de sauvetage de la Grèce.
 

M.T.

 

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