"Il y a autant de PMU en France que de McDo aux États-Unis"

Soucieux de sa vocation à préserver le lien social, le PMU travaille au maintien de son maillage dans les territoires ruraux. "L'entreprise doit jouer un rôle extrêmement important d'un point de vue économique, social et démocratique", a insisté sa directrice générale lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, appelant à une "politique volontariste" pour implanter des entreprises dans le rural et lutter contre les inégalités territoriales.

Le thème des fractures territoriales est revenu en force à la lumière des récentes élections en Europe, en Grande-Bretagne ou en France. Pour le Cercle des économistes, organisateur des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence qui se tenaient les 5 et 6 juillet, les entreprises ont une responsabilité dans ce domaine. Thème abordé lors d'une séquence intitulée "Bâtir des ponts entre ville et campagne", avec l'exemple du PMU.  "Cette fracture [de la société] ne fait malheureusement qu'augmenter. (…) L'entreprise doit jouer un rôle extrêmement important d'un point de vue économique, social et démocratique", a affirmé sa directrice générale, Emmanuelle Malecaze-Doublet. C'est le "combat" de l'enseigne de paris hippiques et sportifs, présente dans 14.000 points de ventes en France. "Il y a autant de PMU en France que de McDo aux États-Unis. C'est ma responsabilité de maintenir ces bars PMU", a-t-elle déclaré, évoquant un rythme de 1.000 ouvertures par an supérieur aux fermetures. Or "sans l'activité jeu, beaucoup de bars fermeraient" et avec eux autant de lieux de convivialité. Le groupe réalise 800 millions d'euros de résultats qui sont entièrement redistribués à la filière équestre représentant 60.000 emplois directs ou indirects (agriculteurs, éleveurs, entraîneurs, vétérinaires…). "Nous avons aussi un rôle très fort de maintien de l'emploi en zone rurale", a ainsi déclaré Emmanuelle Malecaze-Doublet, insistant sur la vocation sociale du groupe. En janvier 2024, il a lancé un programme "Retrouvons-nous !" qui vise justement à financer la création de lieux de convivialité et d'échanges : un café-librairie en Corrèze, une épicerie solidaire dans le Nord, une ferme pédagogique dans le centre de la France… "Le critère est de favoriser le lien social et de réduire les fractures." 

Le télétravail est une "fausse idée", "il faut des entreprises sur place"

Assurer la cohésion nationale doit être la priorité du futur gouvernement français, a rebondi Mattias Landgren, conseiller principal auprès du secrétaire général du Forum international des transports de l'OCDE. "Le monde entier surveille ce qui se passe actuellement en France", a-t-il dit. "Il faut traiter quatre sujets dans une stratégie politique pour maintenir l'unité d'une nation ou le tissu du pays : des opportunités égales dans l'accès au logement, à l'emploi au bien-être et à la santé, l'éducation, la promotion de l'entrepreneuriat et les transports", a-t-il énuméré. "L'accessibilité c'est le point clé", a martelé l'ancien secrétaire d'Etat suédois, évoquant également l'importance de l'accès à internet pour favoriser le télétravail. Après la crise sanitaire et la volonté de beaucoup de citadins de changer de vie, le télétravail a été présenté un peu vite comme la solution miracle. Mais pour Emmanuelle Malecaze-Doublet, "c'est une fausse idée de dire que post-Covid les gens sont allés à la campagne et que cela va résoudre les problèmes". "Oui il y a du télétravail, mais déjà certains sont revenus en ville. (…) Il faut de la réelle économie, il faut des entreprises sur place", a-t-elle insisté. Selon elle, il faut donc travailler au retour des entreprises dans les territoires avec des "politiques volontaristes", "pas forcément des sièges, cela peut être des Business Units, des filiales, des sites…" "On a besoin de créer de l'emploi, des opportunités de carrières internationales", a-t-elle développé, prenant l'exemple de la région toulousaine où Airbus et les laboratoires Fabre créent une véritable "dynamique locale".

La Suède a lancé une grande stratégie d'implantation de lycées et d'universités dans les zones les moins peuplées de son territoire. "Cela coûte énormément d'argent" mais "c'est le meilleur vaccin pour être certain que la nation restera unie", a évoqué Mattias Landgren.

 

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