Haute-Loire : la justice valide un projet de déviation routière contesté

Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a validé ce 17 décembre, après l'avoir corrigé, un arrêté du préfet de la Haute-Loire autorisant l'aménagement de la RN88 pour une déviation entre Saint-Hostien et Le Pertuis, un projet contesté par les défenseurs de l'environnement.

Ce chantier de déviation, financé majoritairement par la région Auvergne-Rhône-Alpes (198 millions d'euros pour un coût total estimé à 226,5 millions d'euros), doit créer une 2x2 voies sur 10,7 km entre ces deux localités de la Haute-Loire, fief du député LR Laurent Wauquiez et ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. 

Le chantier a débuté début 2021 après l'accord donné par la préfecture en octobre 2020, malgré plusieurs manifestations s'opposant au projet. Pour ses opposants, élus et associations de défense de l'environnement, il menace 140 hectares d'espaces naturels, forestiers et agricoles, 16 habitats d'intérêt communautaire et plus de 100 espèces protégées, alors que l'actuelle RN88 ne présente pas une dangerosité plus élevée que la moyenne des routes du même type.

Le tribunal administratif a estimé que le projet répondait à un "intérêt public majeur" concernant la sécurité routière et la préservation de l'environnement des deux communes traversées par la RN88 actuelle, qui supporte notamment un trafic journalier de 14.000 véhicules, selon la décision consultée par l'AFP. Le tribunal corrige cependant "une irrégularité" de l'arrêté préfectoral, sur la mise en oeuvre de mesures compensatoires concernant les espèces protégées et les zones humides. Si des "travaux sont susceptibles de porter atteinte (...) à la biodiversité, les mesures destinées à compenser cette atteinte (...) devront être réalisées avant leur exécution", et non pas avant leur fin, comme le mentionnait l'arrêté, indique le tribunal.

Par ailleurs, si le tribunal a jugé recevable le recours déposé par France Nature Environnement Haute-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes, l'Association des usagers des transports d'Auvergne et SOS Loire vivante, il a en revanche rejeté celui d'élus régionaux écologistes et socialistes. Il s'agit d'une "décision en demi-teinte" pour les associations, qui remettent "en question l'intérêt public majeur de ce projet dont le montant pourrait finalement atteindre 400 millions d'euros", a réagi auprès de l'AFP Renaud Daumas, de FNE. Myriam Laïdouni, conseillère régionale écologiste, a dénoncé une "incapacité à prendre en compte les enjeux actuels, en concevant ce projet avec le prisme de 1997 (date de lancement du projet) en termes d'enjeux environnementaux".

La région s'est quant à elle dite "très satisfaite", défendant un projet qui "contribuera au désenclavement de la Haute-Loire, réduira fortement l'accidentologie, permettra à ses usagers de gagner environ une demi-journée par mois de temps et améliorera grandement le cadre de vie des habitants des bourgs de Saint-Hostien et du Pertuis en supprimant les points noirs de bruit et la pollution liés au passage ininterrompu de la circulation et des poids lourds".

 

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis