France Travail veut déployer une "task force entreprises" dans chaque bassin d’emploi

L'opérateur public lance "France Travail Pro", une marque visant à populariser son offre de services en direction des entreprises. Celle-ci sera elle-même renforcée, en coordination avec les partenaires locaux du service public de l’emploi.

France Travail met le paquet sur son offre de services aux entreprises. L’opérateur public annonce “France Travail Pro”, une marque s’adressant aux employeurs et visant à mieux faire connaître l’offre de services, elle-même en pleine évolution. “C’est parce qu’on sera meilleur pour les employeurs qu’on sera meilleurs avec les demandeurs d’emploi”, a souligné le directeur général de France Travail, Thibaut Guilluy, lors du lancement de cette nouvelle marque, jeudi 24 octobre, auquel assistait la nouvelle ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet. Venue saluer cette démarche en direction des employeurs qui “ne faisait pas partie des missions initiales de Pôle emploi“, elle a aussi soutenu l’opération de communication visant à améliorer l’image “encore perfectible“ de France Travail. 

Appeler les entreprises qui déposent une offre d’emploi, les conseiller sur la rédaction de leur offre ou leurs critères de recrutement, leur proposer les bons candidats, des méthodes de recrutement, de la formation : ces services tournés vers les employeurs sont encore méconnus. L’ex-Pôle emploi veut augmenter le nombre de ces prestations afin d’accompagner 1,5 million d’établissements par an d’ici à 2027. Et ce, avec les partenaires du service public de l’emploi. 

Alors qu’aujourd’hui, 4 millions d’offres sont collectées par France Travail, "on est à 23-24% d’établissements soutenus à travers les différents services. L’idée c’est de doubler la mise", a précisé Thibaut Guilluy. Si plus de 67% des entreprises de plus de 200 salariés sont déjà accompagnées par France Travail, il s’agira d’intensifier les efforts auprès des TPE et des petites PME, afin d’éviter tout abandon de recrutement.

Déjà 84 "task force entreprises"

France Travail veut aussi initier 200.000 contacts avec les employeurs d’ici à la fin de l'année 2024, et passer à 600.000 entreprises prospectées par an à plus long terme. Des "task force entreprises" - aujourd’hui au nombre de 84 - seront mises en place dans chaque bassin d’emploi d’ici à mars 2025. Ces équipes composées de France Travail et des partenaires locaux auront pour objectif de développer la prospection "autour d’une offre de service partagée", de co-organiser des sessions de découverte des métiers et de promotion des secteurs, ou encore de "mutualiser les dispositifs d’aides à la formation et à l’embauche", indique le dossier de presse. Thibaut Guilluy annonce des outils communs, dont un système "CRM" (gestion de relations clients) pour gérer entre partenaires les besoins de recrutement communiqués par les entreprises et suivre les résultats des prospections menées. 

Maire adjoint de Saint-Denis, en charge des sports, du développement économique, de l’emploi, de l’insertion et des grands événements, Shems El Khalfaoui est venu témoigner du rapprochement entre France Travail et la Maison de l’emploi de Plaine Commune dans le contexte de l’organisation des Jeux olympiques. Les deux partenaires ont signé une convention de partenariat mettant en place cette "task force" afin de recueillir les besoins des employeurs locaux puis les mettre en relation avec des candidats. C’est ainsi que dans l’ex-tour Pleyel, le nouvel hôtel H4 Wyndham compte 62% d’employés venant du territoire. "On apporte notre savoir-faire et France Travail, le sien", souligne l’élu.

Des conseillers entreprise attitrés

France Travail étend également les horaires de la ligne directe aux entreprises, le 3995 : à partir de décembre, le service sera accessible de 7h30 à 20h, y compris le samedi, afin de récupérer une partie des 250.000 appels ratés par l’institution selon ses estimations. Chaque entreprise aura également son conseiller attitré d’ici le premier semestre 2025. Une politique qui existe déjà à certains endroits mais qui sera généralisée.

Pour Thibaut Guilluy, ce renforcement de l’offre de services aux entreprises est gérable dans un contexte de réductions budgétaires. "Le travail qui est conduit sur les équipes entreprises se fait à moyens constants. C’est l’approche qui est différente. Quand on met en commun les moyens des uns et des autres, on évite les pertes de temps, les doublons, les ratés, les trous dans la raquette. On joue beaucoup dessus", a-t-il indiqué.

"Travailler collectivement" sur la formation 

La directeur général de France Travail a aussi appelé à mieux employer les moyens déjà dédiés à la formation. "Là aussi il faut qu’on travaille collectivement. […] Il y a beaucoup d’argent dans la formation, et la question c’est comment cet argent-là on l’amène un peu mieux au bon moment et à la bonne personne", indique Thibaut Guilluy, constatant par exemple des performances disparates selon les types de formation dans les métiers numériques. 

De son côté, France Travail pousse la préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI). Un dispositif de formation conditionné à une embauche dont l’accès va être encore simplifié. En août dernier, un dispositif proche l’AFPR (action de formation préalable au recrutement) avait été supprimé.