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Economie solidaire - France active veut doubler son activité en cinq ans

Le réseau France active a enregistré une progression de 11% de son soutien au microcrédit et à l'économie sociale en 2011. Après un triplement de son activité en cinq ans, il envisage un doublement d'ici à 2015 autour de nouveaux dispositifs innovants : traçabilité de l'épargne solidaire, bancarisation des TPE, capital-risque solidaire...

La crise n'a pas entamé le développement de France active, pionnier de l'économie solidaire en France. En cinq ans, son activité a triplé, passant de 2.222 projets financés en 2005 à 6.247 en 2011. L'année dernière, son action a ainsi permis de créer ou consolider quelque 25.000 emplois.
France active a essentiellement deux cordes à son arc : les microcrédits bancaires garantis qui permettent à des personnes en difficulté de créer leur propre activité et le financement des entreprises solidaires. Ses fonds proviennent des collectivités, de l'Etat, de la Caisse des Dépôts via le fonds de cohésion sociale, du fonds social européen, et dans une moindre mesure de partenaires privés.
Plus de 204 millions d'euros de prêts ont été mobilisés l'an dernier, soit une progression de 11% par rapport à 2010. "C'est un signe de solidité et de bonne appréhension des projets", souligne la directrice générale du réseau, Anne Florette.
En 2011, l'activité de microcrédit de France active a permis à 8.812 personnes de retrouver un emploi en favorisant la création de 5.300 entreprises. Les concours bancaires garantis se sont montés à 158,3 millions d'euros, avec un effet de levier qui est ici de 1 à 15. 

Pas de caution personnelle

"Il faut que les banques prêtent dans de bonnes conditions : de faibles taux, un minimum de caution personnelle et une pérennité dans le projet. L'objectif est que le porteur de projet se bancarise", souligne Anne Florette. Bref, qu'une relation de confiance s'instaure entre la banque et le bénéficiaire du prêt.
Bel exemple de cette réussite dans le Nord-Pas-de-Calais, avec Nord actif, l'un des quarante fonds territoriaux de France active, créé en 2002 à l'initiative du conseil général du Nord. "Deux crises financières plus tard, le pari est réussi : on a fait bouger les lignes au niveau des banques", se félicite le directeur du fonds, David Sues. Ici, 83% des porteurs de projet sont des demandeurs d'emploi ou des bénéficiaires des minima sociaux. 65% d'entre eux ne vivent même que des aides sociales... En garantissant les prêts à 80%, le fonds a obtenu de trois banques mutualistes (Caisses d'épargne, Banque populaire et Crédit agricole) qu'elles s'engagent par écrit à ne demander aucune caution personnelle. "Une première en France", selon David Sues. Trente-six millions d'euros ont été mobilisés pour soutenir 824 projets locaux en 2011, avec à la clé 3.544 emplois consolidés et 1.600 emplois créés. Et le taux de survie de ces activités est de 80%. "Il n'y a pas de baguette magique, c'est le résultat des précautions que l'on prend", souligne encore David Sues.
France active a par ailleurs conforté sa place de premier financeur de l'économie solidaire avec un montant de prêts solidaires de 45,9 millions d'euros, en hausse de 10,12% sur un an, au profit de 896 entreprises solidaires ayant ainsi pu créer ou consolider 17.071 emplois. Le financement passe cette fois par l'épargne solidaire.

Tracer l'épargne salariale

Fort de ces résultats, France active entend maintenir son rythme de développement pour les cinq ans à venir. "Pour 2015, nous devons à la fois avoir un rythme de croissance ambitieux avec un doublement de notre activité, mais aussi nous développer autrement", indique Christian Sautter. Ce qui implique une forte capacité d'"innovation sociale". Depuis juin 2011, un fonds de capital-risque solidaire baptisé Innov'Ess a été créé pour soutenir des projets inhabituels. Doté au départ de deux millions d'euros, il a déjà permis de financer six projets, dont le Websourd de Toulouse, un site internet d'information dédié aux sourds. Autre objectif : développer des "circuits courts" de financement entre épargnants et projets solidaires. Il s'agira de s'inspirer de ce qui se fait dans l'Ouest avec Fondes Pays-de-la-Loire, le fonds territorial de France active qui s'est associé avec le conseil régional pour "tracer" l'épargne salariale ou familiale au profit d'entreprises locales.
Par ailleurs, début avril, une expérimentation de prêts solidaires sera lancée dans cinq régions (Alsace, Auvergne, Bourgogne, Ile-de-France et Rhône-Alpes) pour accroître la bancarisation des TPE, sachant qu'aujourd'hui trois TPE sur quatre démarrent sans crédit.
France active entend aussi se mobiliser pour obtenir la prolongation après 2012 de Nacre, le prêt à taux zéro destiné aux demandeurs d'emploi qui souhaitent créer leur entreprise. Ce dispositif créé par l'Etat et la Caisse des Dépôts en 2009 a permis de financer pas loin de 30.000 entrepreneurs pour un montant de 163 millions d'euros. "Nous allons nous unir avec les autres réseaux de crédits pour demander sa prolongation après 2012 : il est important de l'inscrire dans la pérennité", insiste Anne Florette.
L'année 2012 va aussi voir la montée en puissance des investissements d'avenir, dont 100 millions d'euros sont consacrés au développement de l'économie sociale et solidaire (ESS). C'est l'un des programmes qui ont démarré le plus vite. Il est géré localement par les fonds territoriaux de France active : cinq millions d'euros ont été mobilisés dès 2011, l'objectif est de doubler la mise cette année. "L'ESS n'est pas la solution à la crise mais une partie de la solution, assure l'ancien ministre de l'Economie Christian Sautter. Or, elle n'est pas vraiment au coeur de la campagne, alors que c'est une façon de créer davantage d'emplois, davantage de développement territorial." La constitution de pôles territoriaux de l'ESS pourrait aussi permettre aux entreprises du secteur d'atteindre une masse critique.

 

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