Pôles d'excellence rurale - Feu vert pour les 170 premiers projets présélectionnés
Ils se veulent le pendant des pôles de compétitivité pour les territoires. Les pôles d'excellence rurale (PER) sont entre les mains du Premier ministre qui doit bientôt remettre ses arbitrages. Le comité chargé de présélectionner les dossiers s'est réuni mardi 20 juin pour étudier la dizaine de dossiers qui étaient encore en débat. Au total, environ 170 projets sur les 470 dossiers initiaux ont été retenus, a indiqué Christian Estrosi lors d'une audition à la commission des Finances du Sénat, mardi soir. Le ministre délégué à l'Aménagement du territoire s'est satisfait de la tenue du calendrier. Les recalés auront droit à une séance de repêchage et pourront figurer dans le nouvel appel à projets. Une seconde sélection est en effet prévue pour l'automne. Au terme de ces deux vagues, le gouvernement envisage de créer 300 pôles.
Les PER ont été sélectionnés "sur la base des perspectives économiques du projet, de son caractère innovant et de son inscription dans une logique de développement durable". L'objectif principal est la création d'emplois. 30.000 postes pourraient ainsi voir le jour ou être pérennisés. Les projets devront également encourager la recherche, la formation professionnelle ou encore les nouvelles technologies. Le ministre a rappelé que l'Etat avait prévu une enveloppe de 150 millions d'euros pour leur financement en 2006 et 2007. Les projets retenus bénéficieront d'une subvention allant de 300.000 euros à 1 million d'euros dans la limite de 50% pour ceux situés en zone de revitalisation rurale (ZRR) et de 33% pour ceux situés hors ZRR.
60% de pôles sur les services
La sélection illustre une orientation forte dans le développement rural. Les services représentent 60% des dossiers retenus. Les projets relatifs au tourisme et au patrimoine sont ceux qui connaissent le plus de succès (41%). Suivent ensuite les bio-ressources (22%), l'accueil et les services à la personne (19%) et les technologies (18%). Un label "France excellence rurale" récompensera "les projets les plus en pointe", parmi lesquels devrait figurer le Mécanopole de Nogaro dans le Gers (32). Ce pôle affiche l'ambition de faire du circuit Paul-Armagnac le premier "pôle européen de recherche et d'innovation pour la maîtrise des risques automobiles". Il prévoit la remise aux normes du circuit automobile, la création d'une pépinière d'entreprises et d'un laboratoire d'essais industriels. L'enveloppe est de 26 millions d'euros, dont la moitié pour la rénovation du circuit. 350 emplois doivent être créés. "Le Bas-Armagnac est une région en grande difficulté, c'est un territoire très profond qui souffre d'un déclin démographique. Il y a eu une volonté unanime et forte des élus autour de ce projet, on a peu d'opportunités comme celle-ci, c'est une bouffée d'oxygène", témoigne Claude Bourdil, président du Syndicat mixte d'aménagement (Syma) Mécanopolis, qui regroupe les collectivités locales autour du projet. Le pôle devrait s'appuyer sur de grands groupes industriels. Michelin, Airbus et Peugeot sont sur les rangs. Ces partenariats public-privé constituent d'ailleurs la clé de voûte des PER.
Si, pour les territoires, le dispositif constitue un nouveau moyen de développement, des voix discordantes se font entendre. De nombreuses collectivités ont regretté le délai trop court pour la préparation des dossiers. Par ailleurs, selon Olivier Dulucq, délégué général de l'Unadel (Union nationale des acteurs et des structures du développement local), "les régions, qui ont une compétence évidente dans le développement économique et la formation, n'ont pas été associées alors qu'elles vont être mises à contribution". "Cette logique de compétitivité des territoires est préjudiciable aux plus faibles, regrette-t-il, on arrose là où c'est le plus vert."
Michel Tendil
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