Moutier-Malcard utilise la géothermie pour son réseau de chaleur (23)
La commune rurale de Moutier-Malcard a créé en 2023 un réseau de chaleur par géothermie pour trois bâtiments communaux. La baisse attendue de la facture d’énergie se situe entre 50 et 65 %, pour des bâtiments qui ont été, au préalable, rénovés et isolés.
Depuis novembre 2023, la commune rurale de Moutier-Malcard dispose d’un réseau de chaleur par géothermie pour trois bâtiments communaux (mairie, salle polyvalente et immeuble locatif) rénovés et isolés. La baisse des dépenses d’énergie et des rejets de CO2 devraient dépasser les 50 % par rapport à la situation antérieure.
« Dans la mairie, peu isolée, notre chauffage était au gaz, vétuste. La salle polyvalente, elle aussi peu isolée, était équipée avec des convecteurs électriques, qui tenaient davantage du grille-pain. Sur la même placette, il y avait deux appartements que l’on loue, dont un avait une chaudière au fuel de plus de trente-cinq ans et un local commercial. Pour remplacer ces trois modes de chauffage, on a eu l’idée de créer un réseau de chaleur », explique Pierre Guyot, maire de Moutier-Malcard.
Trois puits
Les élus se rapprochent alors du Syndicat des énergies de la Creuse (SDEC 23) qui avait déjà réalisé un diagnostic et des préconisations énergétiques du patrimoine communal, ainsi qu’une opération pour l’éclairage urbain. L’idée d’une chaudière à bois déchiqueté est envisagée mais abandonnée au profit de la géothermie. « S’il n’y a pas de politique de reboisement efficace, cette énergie n’est pas vraiment verte à mon sens, précise Pierre Guyot. J’ai donc choisi la géothermie, un système plus coûteux mais plus efficace. » Une entreprise spécialisée a foré trois puits de 165 centimètres de diamètre à 120 mètres de profondeur pour aller chercher une chaleur stable, d’environ 15 degrés. Un circuit fermé de tuyaux d’eau transporte ces calories vers une pompe à chaleur, qui concentre la chaleur à une température s’élevant jusqu'à 50-55 degrés, puis la distribue. « C’est un chauffage à basse température et une inertie importante. Donc il faut penser à un dimensionnement des radiateurs plus important ou à installer des planchers ou plafonds chauffants », alerte Pierre Guyot. Le système de chauffage est piloté par électronique et/ou Smartphone afin d’ajuster la température dans chaque bâtiment. Celle-ci est réglée à 21 degrés dans les bureaux de la mairie. « Dans la salle des fêtes, cela dépend s’il y a du monde, mais on a toujours 18 degrés au moins », ajoute Pierre Guyot.
Le SDEC 23 s’est occupé de l’ingénierie, des appels d’offres pour le bureau d’études et les entreprises et il est maître d’œuvre, conjointement avec la mairie. Tous les dossiers de vérifications, de l’avancement et de facturation des chantiers ont été montés par le syndicat. Au préalable, des travaux d’isolation complets ont été menés dans la salle polyvalente et la mairie. Puis, des travaux de réaménagement de la placette, où sont situés les bâtiments, ont eu lieu à la fin des chantiers : réseau d’assainissement, eau potable, bitume, parking, électricité…
« Pour le chantier, on était présent tous les mercredis. Le chauffage est opérationnel depuis novembre dernier mais on ne pourra avoir un bilan précis qu’à l’été prochain », explique Pierre Guyot.
Prêt relais
Le coût global de l’opération atteint 600 000 euros, avec des subventions attendues pour un montant d’environ 80 % : 300 000 euros de Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR), 120 000 euros de Dotation de soutien à l'investissement local (DSIL), 22 000 euros de l’Ademe et 35 000 euros de la SDEC. « Le coût du chauffage, seul, est d’environ 200 000 euros et le retour sur investissement est prévu sur neuf ans », précise Pierre Guyot. La baisse de la facture d’énergie devrait être de l’ordre de 50 % à 65 %.
Pour l’élu, ce projet n’aurait jamais pu être mené sans soutien financier. Un prêt relais d’environ 120 000 euros a toutefois été contracté, en attendant la réception des subventions et le retour du Fonds de compensation de la TVA. Mais il y a d’autres freins à ce type de projets. « Quelques communes des environs se lancent sur le même type de travaux, d’autres viennent nous voir. Mais il y a un frein administratif : au-delà de 100 000 euros de subventions DETR de l’État, il faut que le projet soit validé par la communauté de communes, via le contrat de ruralité, de relance et de transition écologique. En fonction des objectifs des intercommunalités et du nombre de projets de ce type, cela peut bloquer »,* conclut Pierre Guyot.
*Le contrat de relance et de transition écologique (CRTE), présenté sur le site du Cerema
Zoom sur le financement
- Coût du projet global : 600 000 euros
- Coût du système de chauffage : environ 200 000 euros
- Reste à charge d’environ 20 %
- Économies attendues : 50 à 65 %, par rapport à la situation initiale
Commune de Moutier-Malcard
Nombre d'habitants :
Pierre Guyot
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