Mayenne : le Petit Pégase dynamise le transport à la demande

Le réseau du Petit Pégase offre aux Mayennais des possibilités de déplacements sur tout le département. S'il s'agit en premier lieu de favoriser le transport en zone rurale, une politique tarifaire adaptée a permis de "doper" la fréquentation des jeunes, actifs ou non.

Grâce au Petit Pégase, plus de 2.000 personnes utilisent le transport à la demande (TAD) en Mayenne. Opérationnel depuis septembre 2003, ce service s'étend sur tout le département. Un succès, sachant que le TAD ne concerne aujourd'hui que 20.000 à 30.000 habitants du territoire français métropolitain. Comme tous les services de TAD, le Petit Pégase a été créé pour répondre aux besoins des personnes isolées, essentiellement situées dans les zones rurales, sur le fondement de l'article 29 de la loi Loti de 1982. Du fait des caractéristiques géographiques particulières de la Mayenne, la mise en place de ce réseau s'inscrit dans la politique du département en faveur du transport en zone rurale. Sur un total d'environ 285.000 habitants, plus de 172.000 vivent en effet en milieu rural. "La densité de population rurale correspond à 38 habitants par km2, et la densité moyenne du département est de 55 habitants/km2", détaille Yves Gautier, responsable du service transport au conseil général. En 1983, le département proposait déjà un transport rural collectif (TRC) à plus de 300 personnes, en majorité âgées. "Les réservations s'effectuaient dans les bureaux de poste,", raconte Yves Gautier.

Un réseau étendu

La création de Laval Agglomération en janvier 2001 puis, en décembre 2002, la fin de la délégation de service public confiée au principal exploitant, obligent le département à revoir toute son organisation. L'agglomération absorbe quatorze nouvelles communes et prend en charge la mission transport pour les vingt communes qui la composent. Le département profite de ce remaniement pour engager une étude sur son schéma de transport. "Notre nouvel objectif est de fournir à tous les habitants de la Mayenne vivant en milieu rural des déplacements de demi-journées avec le plus de correspondances possibles", déclare Yves Gautier. Résultats : quatorze lignes régulières à la demande, exploitées par huit véhicules de moins de neuf places sont proposées. Avec les autres véhicules (dédiés au transport scolaire notamment), ce sont trente-cinq véhicules qui composent donc le Petit Pégase, contre treize à l'époque du TRC. En outre, des dessertes zonales sont proposées sans horaires fixes. "Le réseau du Petit Pégase prévoit quatre demi-journées de déplacements par semaine à la demande, soit une demi-journée de plus qu'avec le réseau TRC", explique Yves Gautier. Le schéma de transport privilégie les mercredis et les samedis pour favoriser l'accès des jeunes aux activités sportives et culturelles. La fréquentation moyenne du Petit Pégase est de 2,8 personnes par course, de 50 km en moyenne.

Un service accessible à tous

Deux zones tarifaires de 1,5 euro chacune ont été définies pour le réseau de lignes régulières. Les moins de 26 ans bénéficient d'un demi-tarif. Le Petit Pégase est gratuit pour les chômeurs, contre un bon de transport disponible auprès des services sociaux. Concernant les dessertes locales, le coût du trajet est également de 1,5 euro par secteur, défini selon la fréquentation. Une centrale de mobilité est installée dans les locaux du conseil général, avec deux salariés, chargés des réservations téléphoniques, de la communication et du "conseil en mobilité", et bientôt du renfort. Un numéro vert est mis à disposition pour les réservations. "Un numéro d'adhérent" est distribué en amont pour se prémunir des faux appels", précise Yves Gautier. Pour 2005, le budget du Petit Pégase représente 660.000 euros, soit 4% du budget total alloué au transport (16 millions). La Mayenne prend en charge à 100% le coût du service. "Si une collectivité locale désire une journée de fonctionnement supplémentaire, le département participe à hauteur de 70%, la charge de 30% revenant à la collectivité", explique Yves Gautier. En 2003, le budget était de 550.000 euros. "Même si ce service coûte de l'argent au département, 18 euros par personne et par déplacement, l'augmentation du budget marque la volonté des élus", se réjouit-il. Une volonté que semblent apprécier les Mayennais. En début d'année, le département a reçu une dizaine de lettres de remerciements des "adhérents" du Petit Pégase.

Sophie Besrest / Victoires-Editions pour Localtis

"La création du Petit Pégase a fait rajeunir la fréquentation du TAD"

Yves Gautier est responsable du service transport du conseil général de la Mayenne.

Quelles évolutions ont été réalisées avec la mise en place du Petit Pégase, par rapport à votre ancien service de transport rural collectif (TRC)?

Avec le TRC, seulement la moitié de la Mayenne était desservie par du transport à la demande (TAD). Depuis 2003, c'est tout le département, excepté Laval Agglomération, qui est désormais concerné. En outre, nous avons investi dans un logiciel pour nous aider à planifier le réseau à l'échelle du département. Son coût n'est pas négligeable, près de 90.000 euros, mais nous étions sûrs de son utilité.

Sur l'ensemble des TAD ruraux existant en France, les personnes âgées constituent près de 90% de la clientèle. Qu'en est-il concernant la Mayenne ?

La création du Petit Pégase a fait "rajeunir" la fréquentation du TAD. Avec notre ancien réseau, les personnes âgées correspondaient à 75% des utilisateurs. Depuis, ces mêmes personnes représentent 45% de la fréquentation, à laquelle s'ajoutent des jeunes, des actifs et des demandeurs d'emploi. Pour arriver à ce résultat, nous avons appliqué une politique tarifaire à l'égard des jeunes de moins de 26 ans et des chômeurs.

Deux ans après sa création, quelles améliorations y aurait-il à apporter au service ?

Le Petit Pégase est victime de son succès. La centrale de mobilité doit aujourd'hui gérer 2.155 "adhérents" contre 360 au commencement du service. C'est pourquoi le département vient d'y adjoindre deux personnes supplémentaires, en plus des deux salariés attachés à la centrale de mobilité. L'accessibilité au Petit Pégase des personnes à mobilité réduite fait aussi partie de nos nouvelles priorités.
 

Transport à la demande : encore beaucoup d'inégalités territoriales

Le TAD, ce sont un million de voyages par an et 89 départements concernés, pour une offre qui reste malgré tout restreinte.

En France métropolitaine, 401 services innovants de transport sont opérationnels. Tel est le résultat de l'étude menée d'avril à novembre 2004 par le cabinet Adetec pour le compte de la Datar, de la Direction des transports terrestres et de l'Ademe. Sur ce total, 354 transports à la demande (TAD), 32 prêts ou locations de véhicules, 5 centrales de covoiturage et 10 centrales de mobilité ont été recensés. Les TAD représentent un million de voyages par an, mais sur les 89 départements concernés, l'offre est assez restrictive. Les personnes âgées restent le public le plus souvent visé - 90% de la clientèle - au détriment des personnes en insertion, des enfants et des adolescents. La couverture sur le territoire français est également inégale, les deux tiers des services sont situés dans le Sud-Est de la France. En outre, les conseils généraux délèguent souvent l'organisation de tout ou partie des TAD ruraux. 66% des TAD qui ont répondu à l'enquête sont gérés par des intercommunalités. Au vu de ces résultats, Bruno Cordier, directeur du cabinet d'études, propose quelques recommandations. "La mise en place de centrales de mobilité doit aider à répondre aux différents besoins identifiés. Les TAD ne doivent pas être considérés comme les seules propositions, les prêts et locations de véhicules et les lignes régulières à fréquence hebdomadaire constituent par exemple d'autres solutions intéressantes", suggère-t-il. Le rapport du cabinet Adetec est disponible sur les sites de la Datar ou de l'Ademe.
Contact : Bruno Cordier, bcordier.adetec@waika9.com

Chéquier transport : le coup de pouce "insertion" pour les voyageurs du monde rural

Depuis cinq ans, le conseil général de l'Isère finance un chéquier transport, proposé aux bénéficiaires du RMI.

"Rapprocher les habitants du monde rural ne se résume pas à la mise à disposition d'infrastructures de transport, encore faut-il les rendre réellement accessibles, particulièrement en matière de tarification", indiquait Yves Censi, député de l'Aveyron, lors de l'ouverture du colloque sur les solutions de transport innovantes en milieu rural, le 19 janvier dernier à Paris. Un point sur lequel le conseil général de l'Isère apporte une réponse depuis maintenant cinq ans, avec la mise en place du "chéquier transport Isère". En 2004, près de 274.920 titres de transport ont été utilisés par des bénéficiaires du RMI en Isère. L'objectif de cette opération est simple : permettre aux Rmistes résidant hors de l'agglomération grenobloise de se déplacer librement sur les différents réseaux des transports publics et auprès de certains taxis dans et hors département. Sur une année, les bénéficiaires disposent de trois chéquiers de quarante titres, chaque titre ayant une valeur de 1,60 euro, soit 64 euros par chéquier. Le chéquier est gratuit, mais une condition s'ajoute pour le second et troisième chéquiers : la signature d'un contrat d'insertion par le bénéficiaire.
Le chéquier transport Isère correspond à un chéquier d'aide personnalisée conformément au décret 99-862 du 6 octobre 1999. Il est financé entièrement par le conseil général : 450.000 euros en 2004, contre 88.445 euros en 2000 pour 58.016 titres distribués. Aujourd'hui, près de 9.500 personnes utilisent ces chéquiers, contre 6.600 au début de l'opération. Une nette progression, qui confirme bien le besoin d'accès au transport en milieu rural.
Contact : service insertion des adultes du conseil général de l'Isère, n.rivoire@cg38.fr

Aller plus loin sur le web :
 
Pages sur le transport en milieu rural sur le site de la Datar.
http://www.datar.gouv.fr/Datar_Site/Rural.nsf/wSommaire?Openview
 
Le site d?Adetec, bureau d?études en transports et déplacements.
http://www.adetec-deplacements.com

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