Maîtrise foncière et reconquête agricole à l'île d'Yeu (85)

Alors qu'actuellement, seuls un peu plus de 3% des terres sont cultivables sur l'île d'Yeu, élus et habitants se sont associés pour mener un projet ambitieux de reconquête des friches agricoles. L'objectif est de rendre cultivable 10% de sa surface totale.

Sur l’île d'Yeu (4.726 habitants), les terres sont rares et la pression foncière est renforcée par les résidences secondaires qui constituent 60% des habitations de l'île. Après avoir réservé des ZAC pour favoriser l’installation de jeunes couples et créé une zone d’activités pour les artisans locaux, les élus ont souhaité s'occuper du domaine agricole.

2009-2011 : PLU élaboré en concertation

Dès le lancement du projet de PLU en 2009, des réunions de travail se mettent en place en y associant des représentants de deux associations locales très impliquées dans les domaines environnemental et agricole. "Notre réflexion portait sur la densification de l'habitat afin de limiter le mitage du territoire au profit de zones agricoles, raconte l’élu, adjoint chargé du développement économique, Michel Charuau. Sur les 2.330 hectares de l’île, la surface réellement utilisée à ce jour par l'agriculture ne représente que 50 hectares. Au fil des années, de nombreuses parcelles, souvent les plus fertiles, ont été vendues à des résidents secondaires. La surface restante est fortement parcellisée et en friche".
Au final, le PLU réserve 10% de la surface totale de l'île en zone agricole, soit environ 230 hectares et le chargé de mission développement économique de l’île d'Yeu se voit attribuer un volet agricole jusqu'alors inexistant.

2014 : 460 courriers envoyés aux propriétaires de friches agricoles

Après les élections municipales, un comité de développement agricole réunissant les représentants de la mairie, du Collectif agricole et Yeu Demain, se retrouve tous les quinze jours, rejoint pendant ses plénières bimestrielles, par tous les agriculteurs de l'île, ainsi que Terre de Liens Pays-de-la-Loire, association précieuse pour ses conseils juridiques notamment. Un projet ambitieux de développement agricole naît du comité qui mène rapidement des actions très concrètes. En 2013, avec l'aide du service urbanisme de l'île, les zones en friche de bonne qualité et bien placées, sont repérées, avec l’objectif d’obtenir l’accord des propriétaires pour qu’elles soient mises en culture, et de les regrouper.
Les 560 propriétaires concernés reçoivent un courrier qui leur explique la démarche "Terres Fert'île" et leur propose plusieurs solutions : vente, location, mise à disposition... 116 ont répondu positivement, ce qui représente environ 43 hectares. Quant à ceux qui hésitent, ils sont rencontrés individuellement.

Droit de préemption en partenariat avec la Safer

Dans le même temps, la municipalité passe un accord avec la Safer afin d'être tenue au courant de toutes les transactions qui concernent les terres agricoles de l'île. "En cas de vente à un non agriculteur, à la demande formelle de la commune, la Safer exerce son droit de préemption, et nous rachetons ensuite les parcelles pour les revendre ou les louer à des agriculteurs", précise l'adjoint au maire.
Trois préemptions ont ainsi été réalisées en 2015. "Les habitants ne sont pas toujours au courant que, dans le PLU, leur parcelle n'est plus constructible. Néanmoins, nous leur proposons de leur donner une valeur agricole". ll est aussi possible que Terre de liens rachète des parcelles regroupées pour les attribuer ensuite à des porteurs d'un projet agricole.

Une aide pour le défrichement des terres

Soutenu par le programme européen Leader pour les frais d’animation de cette dynamique, la municipalité recherche au printemps 2016 des financements pour engager les défrichements des premières parcelles prioritaires qui représentent environ 20 hectares. "Si les parcelles vont à un agriculteur déjà en place, il sera aidé pour réaliser les travaux à hauteur de 50%. Pour une personne qui s'installe nous prévoyons une meilleure prise en charge, c'est pour cela que nous avons besoin de financements complémentaires."

L'adjoint au maire pense qu'il faudra 10 ans pour arriver à rendre exploitables les 10 % de terres agricoles prévues dans le PLU. D'autant que la volonté des acteurs impliqués est de privilégier une agriculture durable, voire bio, qui puisse vendre ses produits sur place.
"Avec la saison estivale et la présence des résidents secondaires, il est possible de vivre de son activité, surtout si la production est associée à une transformation sur place, comme des fromages."

Associations locales du comité de développement économique
L’association environnementale "Yeu Demain" et le "Collectif agricole" constitué par défenseurs de l’environnement, et des paysans, des créateurs d'activité et porteurs de projet.

Lucile Vilboux/magazine Village-L’Acteur Rural pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

Commune de L'Île-d'Yeu

Nombre d'habitants :

4726
Quai de la Mairie
85350 L'Île-d'Yeu

Michel Charuau

Deuxième adjoint chargé du développement économique

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