Energie : plus de 160 sénateurs appellent François Bayrou à "renoncer" à la publication imminente de la PPE

Plus de 160 sénateurs de la droite et du centre ont appelé ce 12 mars François Bayrou à "renoncer" à la publication imminente de la troisième programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE 3), fustigeant l'absence de "vision globale" derrière cette feuille de route. Dans un courrier largement cosigné, les parlementaires interpellent le Premier ministre pour l'inciter à "reprendre le travail" sur les ambitions énergétiques de la France afin de "permettre au Parlement de voter sur le futur mix énergétique" du pays.

La PPE3, qui fixe des objectifs en matière de production et de consommation d'énergie sur la période 2025-2035 pour mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050, est dans son ultime ligne droite. Le gouvernement entend en effet adopter cette "PPE 3" par un décret dont la publication est attendue d'ici le début du mois d'avril selon Bercy, après une dernière consultation du public lancée ce 7 mars et censée apporter d'ultimes remarques (lire notre article).

"La concertation publique sur le sujet aurait dû faire sensiblement évoluer ce projet mais cela n'a malheureusement pas été le cas", s'inquiètent les premiers signataires du courrier des sénateurs, Vincent Delahaye (centriste) et Stéphane Piednoir (Les Républicains). "Le dossier à l'appui du projet de décret nous apparaît en effet souvent incohérent en termes de chiffrages, insuffisamment documenté au niveau des choix proposés, fragile sur le plan de la demande d'énergie et l'offre, indigent sur le chiffrage économique d'ensemble et de détail, fustigent les sénateurs. En outre son évaluation environnementale est déficiente." A leurs yeux, le projet de décret se présente "tout au plus comme un empilement de solutions de production, un saupoudrage en réponse aux pressions des différentes filières, sans aucune vision globale et avec des effets négatifs pour de nombreuses années pour les particuliers comme pour les entreprises."

Les deux sénateurs regrettent que le travail parlementaire soit "ignoré", en référence à une proposition de loi de la Chambre haute sur la programmation nationale de l'énergie, adoptée à l'automne dernier, et à une commission d'enquête sur le prix de l'électricité menée en 2024 (lire notre article).

"Sur un sujet aussi majeur pour l'avenir de notre pays il nous semblerait totalement inconcevable que la représentation nationale soit ignorée", assurent-ils, alors que le gouvernement veut recentrer, notamment, son soutien à l'énergie solaire dans ce projet de programmation énergétique.

Ce projet de PPE3 a fait l'objet de plusieurs avis sceptiques ces dernières semaines (Haut-commissaire à l'énergie atomique, Conseil supérieur de l'énergie, Haut conseil pour le climat...), après une concertation d'acteurs lancée fin 2024.

La trajectoire présentée dans le projet de PPE 3 prévoit de ramener la part des énergies fossiles dans la consommation finale énergétique en France de 58% en 2023 à 42% en 2030, puis 30% en 2035. Dans le même temps, l'électricité augmentera de 27% à 34% puis 39% et les énergies renouvelables hors électricité (géothermie, biomasse...), de 15% à 23% puis 30%.

 

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