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Emploi - Emplois d'avenir : quand collectivités et gouvernement se renvoient la balle

"Une nécessaire mise au point." Tel est le ton du communiqué de Stéphane Troussel, président du conseil général de Seine-Saint-Denis, publié le 29 mai, suite aux critiques du ministère du Travail. Ce dernier s'en était pris aux "collectivités qui ne font pas d'effort" pour les emplois d'avenir, dans un article paru dans Le Monde, la veille. Le département qui a un objectif de 2.736 signatures pour l'année 2013, aurait réalisé seulement 6% de son objectif fin avril… 
Stéphane Troussel rétorque que le conseil général de Seine-Saint-Denis s'est engagé à recruter 50 emplois d'avenir, dont 30 dès cette année, et à en prendre en charge 100 autres dans le cadre d'un appel à projet ouvert aux associations le 3 juin prochain. Il met par ailleurs en avant "l'étranglement financier" de son département. "Face à une crise qui touche particulièrement violemment les habitants de Seine-Saint-Denis, le conseil général assume en grande partie à la place de l'Etat la solidarité nationale, notamment en payant les allocations de solidarité (RSA, APA, PCH)", fait-il valoir, ajoutant : "Dès que l'Etat comme il s'y est engagé aura trouvé la manière de payer en Seine-Saint-Denis les 170 millions d'euros qu'il lui doit au titre des allocations de solidarité, c'est bien volontiers que nous prendrons des engagements supplémentaires."
Ce n'est pas la première fois que les collectivités sont mises en cause. En début de semaine, le préfet des Bouches-du-Rhône visait les communes qui "ne jouent pas le jeu" (voir notre article du 27 mai 2013). Dans ce département, 27.000 jeunes sont sans qualification, et 4.113 contrats doivent être signés en 2013. Seuls 567 jeunes ont pour le moment été engagés, soit 13,8% de l'objectif, bien loin d'un département voisin comme le Var qui en est déjà à 38%...
"Peut-être faut-il s'interroger sur la manière dont le dipositif a été conçu et sur la manière d'en corriger un certain nombre de défauts évidents", répond Stéphane Troussel au gouvernement.

Extension

Même des départements, comme le Cantal, où les emplois d'avenir sont sur un bon rythme, réclament des aménagements. Ainsi Pierre Jarlier, sénateur du Cantal, dont le département affiche un taux 67,6% par rapport à l'objectif (avec 98 contrats signés sur 145), a récemment demandé une extension du dispositif. Dans une question écrite à Michel Sapin, le sénateur demande d'étendre le champ d'application des emplois d'avenir ou de faciliter les possibilités de dérogation afin de mieux répondre aux attentes des jeunes à la recherche d'un premier emploi, qu'ils soient qualifiés ou non. "Le secteur non marchand, principalement visé par ce dispositif, peut employer pour certaines fonctions des jeunes sans qualification, mais il a également besoin de recruter des jeunes plus qualifiés. Or, les possibilités de dérogations sont particulièrement restreintes", explique-t-il. Aujourd'hui, le dispositif vise les 16-25 ans, sans emploi, disposant d’un niveau inférieur au baccalauréat, ou Bac+3 pour les jeunes de zone urbaine sensible, en zone de revitalisation rurale ou d'outre-mer, au chômage depuis plus d'un an.  Le ministère du Travail a récemment fixé un objectif de recrutement de 20% en ZUS, et 30% d'ici à 2015, contre seulement 17% actuellement… Mais en milieu rural, "nombre de communes ou associations ne peuvent en bénéficier alors qu’elles sont déjà confrontées au départ de nombreux jeunes à la recherche d’un emploi", déplore le sénateur du Cantal.

"Le rythme des recrutements s'accélèrera significativement à la rentrée"

Les régions, parties prenantes du dispositif depuis le début, ont renouvelé leur engagement, à l'issue d'un séminaire sur l'emploi organisé le 29 mai à l'Elysée. A travers la formation, elles entendent se mobiliser et "faciliter l'intégration de ces jeunes dans des emplois durables à l'issue des emplois d'avenir, le cas échéant dans d'autres entreprises que les entreprises d'accueil", précise l'Association des régions de France (ARF), dans un communiqué du 29 mai.
Michel Sapin, lui, maintient le cap. Le "rythme des recrutements, qui s'accélèrera significativement à la rentrée, sera facilité par le fait que beaucoup de ces emplois d'avenir sont attachés au calendrier scolaire et que nombre d'engagements de collectivités et d'associations doivent se concrétiser à cet horizon", a-t-il assuré, à l'occasion du Conseil des ministres, mercredi. Le gouvernement a récemment évoqué la possibilité d'une ouverture au secteur privé (comme le recommandait le Conseil d'analyse économique dans une étude d'avril 2013), mais en gardant la cible visée, les jeunes peu ou pas qualifiés… Il se veut toujours optimiste sur la montée en puissance des contrats, avec plus de 20.000 jeunes recrutés en emploi d'avenir fin avril, dont 3.500 en emploi d'avenir professeur et sûrement 25.000 fin mai, l'objectif étant d'atteindre 100.000 d'ici fin 2013.

 

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