Distributeurs de billets : un nombre stable en 2022, grâce à la montée en puissance des "points commerçants"
Le nombre de distributeurs de billets a très faiblement diminué l'an dernier, du fait de l'essor des points privatifs (installés notamment chez les commerçants), constate un rapport de la Banque de France. Il ne devrait pas en aller de même dans les prochaines années du fait du projet de rationalisation et de mise en commun des distributeurs de quatre grands réseaux bancaires. Même si ce projet baptisé "cash services" ne devrait pas affecter les zones rurales. Pour la première fois, ce rapport de la Banque de France s'accompagne d'une cartographe des points d'accès en espèces au niveau de chaque commune.
Le pays comptait 73.205 points d’accès aux espèces en 2022, qu'il s'agisse de distributeurs automatiques de billets (DAB) ou de points privatifs, c'est-à-dire les distributeurs uniquement réservés aux clients de la banque ou ceux installés dans des agences postales ou points relais commerçants. Soit une "quasi-stabilité par rapport à fin 2021", souligne la Banque de France, dans son rapport sur "L'accès du public aux espèces", publié le 24 juillet. Le nombre de distributeurs - 73.802 à fin 2021 – enregistre une légère baisse de 0,8% sur un an. On est donc loin de l'hémorragie redoutée, surtout après la publication d'un rapport gouvernemental de juin 2018 qui préconisait la société du "zéro cash". Avant que la crise des gilets jaunes ne conduise l'exécutif à changer d'orientation. "Cette actualisation confirme le maintien à un très bon niveau de l’accessibilité aux billets en France métropolitaine", se félicitent d'ailleurs Bercy et la Banque de France, dans un communiqué commun, évoquant un maillage territorial "globalement inchangé".
Toutefois, on constate bien une diminution du nombre de DAB, en partie compensée par les solutions de recours que sont les points privatifs. Le nombre de DAB a en effet enregistré une diminution de 3,4%, passant de 47.853 à 46.249, pendant que les points privatifs ont augmenté de 3,9%, passant 25.949 à 26.956. Le rapport précise par ailleurs que les commerçants pratiquant le "cash-back" (retraits d’espèces dans un commerce avec un achat associé à l’opération) ne sont pas comptabilisés "en raison de l’impossibilité de les identifier".
Selon leur taille, les communes ne sont pas logées à la même enseigne. Et pour la première fois, ce rapport permet de localiser, sur des cartes dynamiques, les DAB et les points privatifs, et d'en connaître le nombre au niveau de chaque commune. Ainsi la diminution du nombre de DAB s'observe-t-elle essentiellement dans les communes de plus de 2.000 habitants. Elle atteint -4,2% dans celles de plus de 10.000 habitants. C'est-à-dire la tranche où l'essor de points privatifs est le plus marqué (+10%). Il y a donc bien un phénomène de compensation.
Une accessibilité préservée... pour le moment
Le nombre total de communes possédant au moins un DAB est passé de 6.548 à 6.563, soit 15 de plus. 79 communes dépourvues de DAB en 2021 en possèdent désormais au moins un, mais 64 communes qui en possédaient au moins un n'en sont plus équipées aujourd'hui. "La diminution du nombre de distributeurs est concentrée sur les villes les plus peuplées et les mieux équipées, reflétant une optimisation des installations en vue de garantir notamment un meilleur maillage territorial : elle n’est pas de nature à altérer les indicateurs d’accessibilité", soulignent Bercy et la Banque de France, qui assurent rester "très attentifs à la préservation de l’accès de chaque citoyen français aux espèces".
Le temps de trajet jusqu’au DAB le plus proche, pour un habitant de commune non équipée, est stable en 2022, à 9,2 minutes. Et 79,2% de la population est située à moins de 5 minutes en voiture du DAB le plus proche. Proportion qui s'élève à 92,7% si l'on prend en compte les points privatifs.
Pour la Banque de France ce rapport intervient "dans un contexte de déclin de l’usage transactionnel des espèces". C'est ce même contexte de baisse des paiements en espèces (favorisé par le sans contact) qui a conduit quatre grands réseaux bancaires (BNP Paribas, Société générale et Crédit mutuel alliance qui possède aussi le réseau CCI) a présenter cette année un projet de mise en commun de leurs distributeurs de billets baptisé "Cash services". Sur les 15.000 distributeurs que possèdent les partenaires, ils n'en subsisteraient plus que 7.000 à horizon 2025. Une "rationalisation" qui ne devrait pas affecter les zones rurales.