Transports - Déplacements domicile-travail : les "navetteurs" de plus en plus nombreux
Deux personnes sur trois quittent quotidiennement leur commune de résidence pour aller travailler, selon une étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée jeudi 30 juin. Selon le recensement de la population, 16,7 millions de personnes travaillaient en 2013 en dehors de la commune où elles vivaient. Entre 1999 et 2013, la part de ces "navetteurs" a augmenté de 6 points, passant de 58% à 64% et cette hausse a été particulièrement forte dans les territoires les moins denses.
La proportion de navetteurs est supérieure à la moyenne nationale dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie (71%) et en Ile-de-France (69%), deux régions très urbaines. Elle est également très élevée en Normandie, dans le Grand Est et dans le Centre-Val de Loire, beaucoup d'habitants de ces régions travaillant dans l'aire urbaine de Paris, souligne l'Insee. Elle est par contre plus réduite en Provence-Alpes-Côte d'Azur (47%), Corse (41%) et Guyane (33%) en raison de la proximité des emplois, de l'insularité ou de la grande superficie des communes.
Les trois quarts des ingénieurs et cadres salariés effectuent quotidiennement des trajets, contre un quart seulement des travailleurs indépendants ou des aides familiaux. La part des navetteurs est également plus forte chez les actifs ayant des enfants (69%) et les couples ayant chacun en emploi (69%).
La grande majorité (80%) des navetteurs se déplacent en voiture contre 51% des personnes travaillant dans leur commune de résidence. "La voiture est naturellement beaucoup plus utilisée dans les territoires peu denses, où les transports en commun sont moins développés", relève l'Insee, précisant qu'ils sont mobilisés principalement pour les longs trajets.
Par rapport à 1999, les "distances s'allongent" globalement pour les travailleurs, relève l'Insee. En 2013, la moitié des navetteurs résident à plus de 15 km de leur lieu de travail, soit 2 km de plus qu'en 1999. La proportion des personnes distantes de moins de 10 km de leur lieu de travail était de 33,7% en 2013. Quelque 30% de navetteurs résidaient entre 10 et 20 km, 28,5% entre 20 et 50 km et 8% entre 50 et 200 km de leur lieu de travail.
Ce sont les navetteurs des communes densément peuplées qui ont les plus longs temps de trajet. L'étude note aussi que c'est dans le Nord que les échanges entre grands pôles sont les plus importants en raison de la proximité des différentes aires urbaines. A lui seul, le pôle de l'aire urbaine de Lille concentre 13% des échanges entre pôles urbains en France, avec chaque jour 75.600 navetteurs venant de grands pôles voisins et 23.200 personnes se rendant dans un autre grand pôle. Les trois autres grands pôles où les flux sont importants sont Paris, Lyon et Marseille-Aix-en-Provence.
383.000 personnes (1,5% des personnes ayant un emploi) franchissent une frontière pour aller travailler, soit 50% de plus qu'en 1999, souligne par ailleurs l'Insee. Les cinq régions frontalières les plus concernées sont le Grand-Est (ex-Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine), Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, les Hauts-de-France (ex-Nord-Pas-de-Calais-Picardie) et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Dans le Grand-Est, les travailleurs transfrontaliers représentent jusqu'à 7% des personnes ayant un emploi. Les flux se sont fortement accentués vers la Suisse et le Luxembourg, les deux principaux pays de destination. Vers l'Allemagne, ils ont au contraire diminué.
L'Insee ne comptabilise pas parmi les navetteurs les 317.000 "travailleurs longue distance", ayant un emploi à plus de 200 km de leur habitation qui la plupart du temps ne rentrent chez eux que le week-end. Leur nombre a augmenté de 35% entre 2008 et 2013. Dans quatre cas sur dix, ces actifs travaillent en région parisienne et 72% d'entre eux sont des hommes.