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Mouvement social - Crèches, cantines, services techniques... La contestation s'étend parmi les territoriaux

"Composée à plus de 60% de femmes, à près de 80% d’agents de catégorie C et comprenant de nombreux métiers à fortes pénibilité et dangerosité, la fonction publique territoriale est pleinement concernée par les effets régressifs du projet de réforme", affirment dans un communiqué commun diffusé lundi 18 octobre en fin de journée plusieurs organisations syndicales représentant la fonction publique territoriale (CGT, FO, FAFPT, Unsa, CFTC, SUD-CT, SNUCLIAS/FSU). Celles-ci constatent que les agents territoriaux sont, depuis le 12 octobre, "de plus en plus nombreux à poursuivre l'action sous des formes diversifiées" dans de nombreuses collectivités et les appelaient à "se mettre massivement en grève le 19 octobre" puis à "continuer à agir sur l'ensemble du territoire", "y compris par la grève reconductible là où les conditions sont réunies".
En tout cas, qu'il s'agisse de crèches, de cantines scolaires, de piscines ou de ramassage des ordures ménagères, les perturbations de services des collectivités locales pour dénoncer la réforme des retraites avaient continué à s'étendre lundi, la CGT citant 60 départements et "plus de 160 communes" touchés.
"La tendance générale est à la reconduction de l'action et à l'élargissement du nombre de collectivités touchées sous des formes diversifiées, allant de une heure à 24 heures de grève", a indiqué la Fédération CGT des Services publics. "Les actions concernent en particulier les secteurs les plus féminisés et les missions à forte pénibilité et dangerosité", précise-t-elle également. Mais ni le secrétariat d'Etat à la Fonction publique, contacté par l'AFP, ni la CGT n'étaient en mesure de donner une estimation du nombre de grévistes. "Il n'y pas d'appel des fédérations à une grève reconductible dans les collectivités, ce sont des initiatives locales, souvent pour une heure ou deux heures", a tempéré Jean-Claude Lenay (CFDT).

"Faire entrer petit à petit" tous les secteurs dans le mouvement

Ainsi, la grève a été reconduite chez les éboueurs de la ville de Paris, mais pour 55 minutes, à l'appel de l'intersyndicale. La CGT recense aussi des grèves reconductibles des éboueurs à Angers, Saint-Etienne, et 14 des 16 collectivités du bassin industriel de La Grand-Combe (Gard).
A Marseille, les éboueurs du secteur public (12 arrondissements sur 16) étaient en grève reconductible depuis mercredi à l'appel de FO, amenant un groupement d'associations de commerçants à organiser son propre ramassage des ordures, et, selon la mairie, 247 cantines scolaires étaient fermées et 24 crèches municipales perturbées. "Dans ces secteurs très féminins, 56% des femmes ici partent aujourd'hui avec une retraite calamiteuse, de moins de 860 euros", a expliqué Pierre Godard (FSU). Selon Patrick Rué (FO), des perturbations sont aussi à prévoir d'ici la fin de la semaine dans les piscines, les parcs, les tunnels de Marseille pour "faire entrer petit à petit" tous les secteurs dans le mouvement.
A Bordeaux, 57 des 96 cantines municipales étaient à l'arrêt lundi selon le site de la mairie. A Dijon, c'était le cas de 21 cantines scolaires sur 51 selon la CGT.
"Dans le Val-de-Marne, les employés d'une vingtaine des 47 communes sont mobilisés" et "la moitié des 76 crèches départementales ne fonctionne pas", a indiqué Hervé Heurtebize (FSU).
Des centres de loisirs, bibliothèques et musées municipaux sont également concernés dans certaines villes, ainsi que des services techniques et des services départementaux d’incendie et de secours. La CGT fait enfin état d'"actions de blocage et de barrages filtrants de péages, zones industrielles, dépôts de carburants, zones portuaires".

C.M., avec AFP


Et dans les transports urbains ?

Des préavis de grève ont été déposés pour le 19 octobre dans 32 réseaux de transport urbain de province, selon l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP). L'organisation professionnelle qui fédère 170 réseaux de transport public a constaté à la mi-journée un "bon maintien du niveau de service", 93% des réseaux fonctionnant à plus de 50%. L'un des plus perturbés était celui de Rouen, les dépôts de bus étant bloqués par des manifestants extérieurs. A Nice, Clermont-Ferrand et Pau, seulement 20% du réseau fonctionnait avec aussi pour ces deux dernières villes des blocages de dépôts. Moins de 50% du réseau fonctionnait à Annonay (entre 7h et 9h) ainsi qu’à La Rochelle. A Marseille, moins d'un bus sur deux roulait mais on relevait un taux de fonctionnement de 50 à 70% pour le métro et le tramway. A Angoulême, Besançon, Calais, Dijon, Lorient, Maubeuge, Montluçon, Royan, Toulon et Toulouse, le taux de fonctionnement était de 70 à 80%. Le trafic était normal ou presque à Angers, Annemasse, Antibes, Avignon, Belfort, Blois, Bourges, Grenoble, Lyon, Montpellier, Mulhouse, Nantes, Strasbourg et Rennes, où le service a été rétabli à 11h après avoir été bloqué par des manifestants extérieurs. Côté RATP, le trafic du métro était normal ou quasi-normal à l'exception de la ligne 3 bis (1 rame sur 3) et des lignes 8 et 9 (3 rames sur 4). Bus et tramway fonctionnaient aussi presque normalement. En revanche, la desserte de la banlieue était nettement plus problématique avec 2 trains sur 3 pour le RER A et 1 train sur 2 pour le B.
Anne Lenormand
 

 

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