"Cousu main", un modèle d'insertion salué par le préfigurateur de France Travail
Lors d’une visite à Argenteuil (Val-d’Oise), le haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, Thibaut Guilluy, a vanté les mérites d’une recyclerie textile accueillant des jeunes en contrat d’insertion. Un modèle qui correspond bien à la philosophie du projet France Travail.
Alors que se poursuit la mission de concertation et de préfiguration France Travail, Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, s’est rendu à Argenteuil mardi 8 novembre pour une visite du chantier d’insertion "Cousu main". Ouverte en mars 2021, cette recyclerie textile est gérée par l’association ARS95. Elle accueille une douzaine de salariés en rupture d’emploi, dont une majorité de jeunes de moins de 26 ans. Au sein du pôle tri, de l’atelier ou de la boutique, tous travaillent 26 heures par semaine dans le cadre d’un contrat à durée déterminée d’insertion de quatre mois, renouvelable sur deux ans maximum et payé au Smic. Objectif : préparer une sortie vers l’emploi à l’issue du parcours, en proposant un accompagnement social et du développement de compétences.
Une initiative financée dans le cadre du plan "1 jeune 1 solution" et saluée par Thibaut Guilluy. Et pour cause, le projet France Travail a pour ambition que les différents acteurs de l’emploi se coordonnent davantage entre eux. Plusieurs des jeunes ont atterri à la recyclerie grâce à la mission locale. Pour Connie, qui voudrait ouvrir une friperie, et Daniel, qui a échoué à obtenir son bac professionnel, c’est après un passage à l’école de la deuxième chance qu’ils sont arrivés ici. "Aujourd’hui, globalement, il y a de nombreux territoires sur lesquels les structures d’insertion rencontrent des difficultés à recruter. Cousu main, sous l’impulsion de l’ARS95, représente ce qu’on aimerait développer comme dynamique. Cet enjeu est important", a souligné le haut-commissaire à l'emploi.
Accompagner vers l’emploi durable
Pour Daniel, le chantier d’insertion a été un véritable tremplin : après seulement quatre mois au sein de la structure, il débutera son premier CDI mi-novembre chez Pomona. Ce groupe de distribution de produits alimentaires a été démarché par l’association, qui sonde en effet régulièrement les besoins de recrutement des employeurs alentour. "Nous avons capté l’offre d’emploi et proposé un candidat qui nous semblait approprié", explique Géraldine Blin, directrice d’ARS95 et présidente de VOIE 95, le réseau de l’insertion par l’activité économique dans le Val-d’Oise.
Après ce placement en emploi, Daniel continuera d’être suivi pendant deux à trois mois par l’association, qui veille ainsi à favoriser le processus d’intégration dans l’entreprise et à sécuriser son embauche. En cas de rupture, il pourra reprendre son contrat d’insertion. "Le mode de fonctionnement de Cousu main pallie cette difficulté", constate Thibaut Guilluy, qui garde en ligne de mire le placement en emploi durable.
Pour d’autres jeunes travailleurs, arrivés quelques mois auparavant, l’étape proposée par Cousu main offre l’opportunité de prendre un premier contact avec le monde du travail et de développer leur autonomie, comme l’illustre l’expérience de Tewen, qui ne parlait pas français à son arrivée dans l’atelier. Aujourd’hui, la jeune femme suit des cours de FLE (français langue étrangère) grâce à l’ARS95 et entend développer sa propre activité textile en auto-entrepreneuriat.
Une relation partenariale solide entre Pôle emploi et la structure associative
Toujours dans cette logique d’orientation vers l’emploi à la fin du parcours, l’ARS95 a tissé des liens forts avec l’antenne locale de Pôle emploi. "Cette relation partenariale permet à l’association d’être au fait des offres d’emploi et de formations, de partager projets et opportunités, mais également de coordonner des animations", salue Thibaut Guilluy. D’ici la fin d’année, des immersions "vis ma vie" sont par exemple prévues pour les demandeurs d’emploi au sein de la recyclerie, permettant de faire connaître le dispositif au public suivi par Pôle emploi.
L’opérateur public est ainsi mobilisé par l’association sur les sorties et les types d’aides au poste dont les entreprises pourraient bénéficier en embauchant les salariés de la recyclerie textile. Directrice du pôle insertion de l’ARS95, Carole Martin indique aussi veiller à l’actualisation des personnes auprès de Pôle emploi, "afin qu’elles soient toujours en recherche d’emploi pendant le chantier d’insertion".