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Emploi des jeunes - Coup d'envoi des emplois d'avenir

Les principales associations d'élus étaient présentes à la cérémonie de lancement officiel des emplois d'avenir, le 30 octobre, à Matignon. Elles seront la clé de la réussite du dispositif qui devrait atteindre un rythme de croisière de 150.000 emplois d'avenir à partir de 2014. 150.000, c'est aussi le nombre de "décrocheurs" du système scolaire.

Le gouvernement a voulu marquer l'occasion : associations d'élus, représentants du secteur associatif et des grandes entreprises publiques, des jeunes de l'Essonne et de Marseille et pas moins de 13 ministres étaient réunis autour de Jean-Marc Ayrault à l'Hôtel de Matignon, le 30 octobre, pour le lancement officiel des emplois d'avenir. "C'est un nouveau modèle français", a lancé le Premier ministre, lors de cette cérémonie au cours de laquelle 30 "conventions d'engagements" ont été signées par les principaux réseaux d'employeurs, de quelques grandes entreprises publiques comme La Poste ou la SNCF, et certaines collectivités qui ont pris les devants (les départements du Doubs et de la Drôme, les villes de Paris et de Saint-Denis de la Réunion, les régions Poitou-Charentes, Paca et Guadeloupe).
Subventionnés aux trois quarts par l'Etat, les emplois d'avenir s'adressent aux jeunes de 16-25 ans peu ou pas qualifiés des quartiers défavorisés ou des zones rurales. Un cadrage qui vise à ne pas reproduire les dérives des emplois jeunes de Martine Aubry dont beaucoup avaient été accordés à des jeunes très diplômés… Dans les motifs du projet de loi, le gouvernement mentionnait notamment les 150.000 décrocheurs qui sortent du système scolaire sans qualification. La formation qualifiante et le tutorat des jeunes constitueront d'ailleurs la grande différence avec les dispositifs préexistants ou avec les contrats aidés classiques.
Le Premier ministre a insisté sur le ciblage de ces emplois. "Je pense d'abord aux quartiers urbains défavorisés, les zones urbaines sensibles", a-t-il souligné. Le ministre du Travail Michel Sapin signera "dans les prochains jours" une circulaire sur la "déclinaison opérationnelle du dispositif". 30% des emplois seront ainsi réservés aux jeunes des quartiers : "Dans chaque région, les préfets auront pour mission d'appliquer cette règle." "Outre les difficultés sociales, leurs habitants peuvent subir des discriminations liées au lieu d'habitation, à leur adresse", a justifié Jean-Marc Ayrault, reprenant une antienne que l'Onzus ne partage pas. Dans une étude présentée en février 2012, l'observatoire a en effet montré que le lieu d'habitation était bien moins déterminant que le niveau de formation...
Alors qu'initialement, le projet de loi ne visait pas expressément les jeunes des zones rurales, Jean-Marc Ayrault a réaffirmé qu'ils étaient bien mentionnés dans le texte voté le 9 octobre dernier : "Si la situation y est moins mise en lumière, elle est également difficile pour la jeunesse, pour d'autres raisons, à commencer par le départ des services publics."

Premier contrat le 7 novembre

Le dispositif est encore dans l'attente d'un décret. Et le premier contrat devrait être officiellement signé par le président de la République, le 7 novembre, a indiqué le Premier ministre.
Le gouvernement entend inscrire son dispositif dans la durée. Il table sur 100.000 contrats dès 2013 et sur 150.000 en rythme de croisière, à partir de 2014. Un objectif "pas si simple à atteindre", a reconnu le ministre du Travail qui compte sur ces premières conventions pour enclencher le mouvement. Les employeurs devront "signer le plus possible de CDI", a-t-il insisté. Même si la subvention de l'Etat ne peut excéder trois ans. "Les collectivités n'ont pas le droit [de signer un CDI], mais cela ne les empêche pas de préparer les jeunes à passer des concours."
Les conventions signées par les associations d'élus (ARF, AMRF, AdCF, AMGVF, AMF) s'inscrivent dans le prolongement des réunions qui se sont déjà tenues ces dernières semaines entre le gouvernement et les régions, les départements et les villes. Chacune aura sa partition à jouer. Les régions devront notamment contribuer à l'identification des filières et métiers porteurs. C'est d'ailleurs l'un des grands points d'interrogation du dispositif. La loi mentionne simplement "des activités présentant un caractère d'utilité sociale ou environnementale ou ayant un fort potentiel de création d'emplois".
Les régions devront aussi assurer la formation nécessaire des jeunes. "On va donner une formation professionnelle sérieuse, durable, leur permettre d'accéder à une qualification", a assuré Ségolène Royal, dont la région s'est engagée à signer 4.000 emplois sur son territoire avec ses partenaires. "Les jeunes en contrat d'avenir sont déjà en cours de recrutement sur le terrain", indique la région Poitou-Charentes, dans un communiqué.

Un budget lourd

Les départements s'engagent pour leur part à recruter 7.000 emplois dès 2013 au sein de leurs services dans les secteurs de l'ESS, des services techniques, de la restauration collective ou encore des espaces naturels et sensibles. Ils accompagneront le déploiement du dispositif dans le secteur associatif, médico-social, l'aide à domicile… Avec les collectivités, le secteur associatif devrait en effet être le plus grand pourvoyeur d'emplois. Mais la Conférence permanente des coordinations associatives  (CPCA) demande en contrepartie "des moyens techniques et financiers propres à assurer la formation et le tutorat des jeunes". "Le secteur comporte 185.000 structures… Il nous faudra les moyens de vous former, le secteur associatif s'est très professionnalisé", a déclaré Nadia Bellaoui, la présidente de la CPCA, à l'adresse des jeunes présents.
A travers les missions locales et les maisons de l'emploi ou en tant que recruteurs, les maires seront aussi aux premières loges. Mais beaucoup de questions se posent encore. "De nombreuses collectivités se disent favorables sur le principe du dispositif mais ne se prononcent pas sur un nombre de recrutements", indique l'AMGVF dans une synthèse de sa rencontre avec le ministre du Travail, le 23 octobre. L'association s'interroge aussi sur les "enjeux financiers", alors que selon l'OFCE, le coût du dispositif atteindra 3,45 milliards d'euros par an (1,5 milliard sur le budget de l'Etat auquel s'ajoutent les exonérations de charges sociales). Les 25% restant à la charge des collectivités "représentent une somme non négligeable eu égard au contexte budgétaire restreint", fait savoir l'AMGVF, pour qui les coûts de formation, du tutorat et de l'accompagnement constituent aussi "un budget lourd". A cela s'ajoutent les charges patronales qui, elles, ne sont pas exonérées.
"L'un des points importants sera la pérennisation : trois ans cela va venir très vite, il faudra poursuivre", explique le président de l'AMGVF Michel Destot qui s'est engagé à Grenoble à recruter une centaine de jeunes, dans "l'accompagnement des personnes âgées, la petite enfance, les écoles..."
 

 

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