Gestion municipale - Controverse autour de la parution dans la presse d'un palmarès des villes
A l'approche des élections municipales, plusieurs palmarès sur la gestion financière des villes viennent de paraître dans la presse. Le dernier en date, publié dans le magazine Challenges du 21 février, a suscité de vives réactions chez les élus et les professionnels des collectivités locales. Tous mettent en cause la méthodologie utilisée par l'agence de notation Public evaluation system (PES) qui est à l'origine de ce classement.
L'Association des maires de grandes villes de France a voulu remettre les choses à leur place : "Ce palmarès ne peut aucunement refléter la gestion financière d'une collectivité par un élu." Selon l'association, le tableau permet juste d'obtenir "une cartographie sur le moment". Celle-ci était déjà montée au créneau en 2006 lors de la première édition du palmarès. Les élus constatent aujourd'hui avec un certain dépit que leurs interrogations n'ont pas incité l'agence de notation à modifier entre-temps ses méthodes.
L'association Finances gestion évaluation des collectivités locales (Afigese) affirme pour sa part que la démarche est "à prendre en compte parmi d'autres, tout comme les fameux ratios imposés par le Code général des collectivités territoriales, (...) tout comme les notations (...) réalisées par les agences spécialisées". Elle livre sur son site internet une critique très étayée de la méthodologie utilisée par PES. "Aucun classement n'a de sens (...) en dehors de l'analyse spécifique de chacun des territoires", insiste l'Afigese, qui rappelle la nécessité de prendre en compte, à travers une analyse consolidée, les transferts de compétences à l'intercommunalité. Les indicateurs retenus par l'étude sont "impertinents, voire même contre-productifs", poursuit l'Afigese. Logiquement, le classement est lui aussi un sujet d'étonnement pour l'association. Ainsi Strasbourg n'arrive qu'à la 29e place, alors que "la qualité de sa gestion a été soulignée depuis des années par des agences de notation reconnues internationalement". A l'inverse, certaines communes obtiennent une bonne note, alors qu'elles seraient très endettées et n'auraient plus de marges de manœuvre fiscale.
Début février, c'est le magazine Capital qui a publié un "tableau de bord" de la gestion des 100 plus grandes villes de France et de leurs structures intercommunales. Il a été réalisé par un expert-comptable honoraire. A Charleville-Mézières, on a jugé curieuse la place obtenue par la ville, parmi les dernières du classement. Le responsable du contrôle de gestion détecte une énorme erreur. Le palmarès du mensuel économique compare la situation financière de la ville en 2006 à celle de 2001. Cette année-là, l'intercommunalité n'existait pas encore. Ce qu'ignore complètement l'étude. "Avec cette erreur, nous augmentons nos dépenses de 66% selon Capital au lieu de 28% en réalité !", conclut le contrôleur de gestion.
T.B. / Projets publics