Consultations du chef de l’État : les élus locaux se posent en solution à la crise
Reçus par le président de la République le 29 août, dans le cadre des consultations pour la nomination d’un nouveau Premier ministre, des représentants des associations d’élus locaux ont exhorté ce dernier à s’appuyer sur les élus des territoires et à approfondir la décentralisation.
Outre "une expérience du Parlement", le Premier ministre "devra avoir une solide expérience territoriale", a estimé François Sauvadet, président de Départements de France, en relatant jeudi 29 août après-midi devant la presse l’entretien qu’il avait eu peu de temps avant avec le chef de l’État.
"J’attends un profil de rassemblement, un profil qui soit à l’écoute des départements", a-t-il dit en souhaitant que l’exécutif "reprenne pied avec le terrain".
"L’une des issues" à "la crise profonde" que traverse la France, "c’est de faire confiance aux élus locaux", a déclaré le patron des départements. Ces dernières années ont apporté la preuve de "l’utilité de l’organisation territoriale de la France", selon lui, en donnant l’exemple de la crise des "Gilets jaunes". "Si on n’avait pas eu les maires (…), je ne sais où on en serait aujourd’hui", a-t-il dit.
L’édile a aussi mis en exergue la capacité des élus locaux à bâtir des majorités, en dépit de leurs différences et "sans abandonner leurs convictions". François Sauvadet, qui se qualifie d’élu "de centre droit", a indiqué qu’il avait dans sa majorité au conseil départemental de Côte-d’Or "des [élus] LR" et "des gens plus proches de Renaissance". "C’est le cas dans beaucoup de départements de France", et "ça tient bon", parce qu’"on a fixé un cap qui est partagé", a-t-il dit.
Modèle de la gouvernance intercommunale
"Ce que nous faisons territorialement, c’est ce que le pays demande", considère l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy. Une idée que mettent aussi en avant les Intercommunalités de France. Celles-ci vantent la culture du consensus que les élus issus de diverses communes, et souvent de sensibilités différentes, sont parvenus à créer au sein des établissements publics de coopération intercommunale. En s’imposant comme "une méthode de fonctionnement efficace pour mettre autour de la table des élus de gauche, de droite et du centre au service du développement de nos territoires", la gouvernance intercommunale "offre aujourd’hui un modèle dont s’inspirer", souligne l’association d’élus dans un communiqué.
La gouvernance nationale doit être revue aussi pour engager "une nouvelle étape de décentralisation" qui renforcera "la capacité à agir de l’ensemble des acteurs locaux", a plaidé Régions de France, dont la présidente, Carole Delga et le président délégué, Renaud Muselier, étaient reçus jeudi matin par le président de la République. François Sauvadet a exprimé la même idée : "l’échelon décentralisé doit prendre toute sa place" dans "un pacte républicain" dans lequel "il n’y a pas simplement un dialogue entre le Président et le Parlement". Les réformes à venir devront "lever les carcans qui empêchent [les élus] d’agir tous les jours", a par ailleurs plaidé le président de Départements de France.
Calendrier incertain
Le maire de Cannes, David Lisnard s'est lui aussi entretenu jeudi matin avec le président de la République, en tant que président du parti Nouvelle Energie et non au titre de l'Association des maires de France qu'il préside. "Pour sortir de l'impuissance publique", six "chantiers" sont "prioritaires", a-t-il plaidé : "le redressement des comptes de l'État", "la réduction de l'immigration", "la sécurité", "la revalorisation du travail", "la réorganisation des pouvoirs publics et une vraie lutte contre la bureaucratie pour libérer la capacité d'action locale", ainsi que "la jeunesse".
"Pourquoi recevoir les régions, les départements et pas l’Association des maires de France ?", s’est interrogé André Laignel, premier vice-président socialiste de cette association, sur le réseau social X.
A la suite de ces rendez-vous, Emmanuel Macron s'est envolé pour une visite d'État en Serbie, jusqu'à vendredi soir. Ce qui devait reporter la décision sur le choix du nouveau Premier ministre "plutôt en fin de semaine", selon l'entourage du président. Une décision durant le week-end serait toutefois une surprise pour François Sauvadet, qui table sur une annonce "plutôt dans le courant de la semaine prochaine".