Confinement : les dérogations pour la chasse seront limitées "au strict minimum"
Les dérogations au confinement accordées aux chasseurs pour permettre la régulation de certaines espèces seront limitées "au strict minimum", a assuré ce 2 novembre la secrétaire d'État à la Biodiversité, Bérangère Abba. Sangliers et chevreuils sont les premiers visés.
La secrétaire d'État à la Biodiversité, Bérangère Abba, a apporté des précisions ce 2 novembre sur les dérogations accordées aux chasseurs pour permettre la régulation de certaines espèces d'animaux en période de confinement. Elle avait annoncé la veille que ces dérogations étaient prévues pour éviter la "prolifération" des sangliers responsables d'importants dégâts sur les cultures et des chevreuils, problématiques pour les forêts, précisant que les prélèvements seraient définis au niveau local sous l'autorité des préfets de département.
Les commissions départementales de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) seront convoquées "dans les plus brefs délais pour échanger sur les enjeux de régulation du gibier chassable et des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts ou présentant des risques sanitaires pendant la période de confinement, avait indiqué le ministère. Cette consultation permettra également de préciser les conditions sanitaires et gestes barrières à respecter lors de ces actions exceptionnelles de chasse. À la suite de ces consultations, les préfets saisiront les présidents de fédérations départementales de la chasse pour fixer dans chaque département les objectifs de prélèvements devant être réalisés."
"Caractère d'urgence"
Le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), Willy Schraen, avait déclaré à l'AFP que les dérogations pourraient concerner "6 ou 7 espèces", ajoutant notamment les lapins, lièvres, faisans et pigeons. Interrogée sur cette hypothèse lundi lors d'une conférence de presse, Bérangère Abba a simplement répondu "non". "L'idée et la consigne passée aux préfets est de se tenir au strict minimum et tout ce qui pourrait ne pas présenter de caractère d'urgence n'aura pas lieu dans ce mois de confinement", a-t-elle déclaré.
La lettre envoyée par le ministère aux préfets, vue par l'AFP, indique que ces derniers pourront autoriser des prélèvements de sangliers et de cervidés, mais aussi "exceptionnellement" d'autres espèces chassables qui pourraient provoquer des dégâts. Bérangère Abba a assuré que cette disposition concernait les cormorans "à une époque où les piscicultures sont très exposées, à l'approche des fêtes de fin d'année". La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) s'est inquiétée malgré tout de décisions préfectorales qui pourraient être prises pour des espèces ou dans des départements où "ce n'est pas justifié" : "On attaquera les arrêtés s'ils nous paraissent disproportionnés", a déclaré à l'AFP son directeur général, Yves Vérilhac.
Chasse de loisir suspendue
Les prélèvements de sangliers et de cervidés ne pourront être effectués que par des battues et du tir à l'affût, pas par l'organisation de chasse à courre. Et "la chasse dite de loisir est suspendue. Il n'est donc pas permis de chasser dans la limite d'une heure quotidienne et dans la limite d'un kilomètre autour de son domicile, comme l'attestation dérogatoire de déplacement le permet lorsqu'il s'agit de promenades ou d'activités physiques", a reconnu la FNC lundi sur son site internet, alors que son président avait évoqué vendredi sur Facebook une "heure de détente cynégétique".
Chaque année, les chasseurs doivent payer des millions d'euros d'indemnisation aux agriculteurs pour les dégâts causés par les sangliers. Selon Willy Schraen, entre un tiers et un quart des prélèvements de grand gibier sont effectués en France au mois de novembre et quelque 500.000 sangliers devaient être tués d'ici fin décembre.