Cinq régions concentrent 70% de la facture énergétique de l'industrie

La facture énergétique des entreprises industrielles est passée de 17 à 26 milliards d'euros en 2022, dans le contexte de l'envolée des prix liée en particulier aux tensions géopolitiques. Or cinq régions représentent à elles seules plus de 70% de cette facture, indique l'Insee. Et ce en raison de leur économie fortement marquée par des secteurs énergivores comme la métallurgie ou la chimie. Bon nombre de ces entreprises ont profité de cette crise énergétique pour remettre à plat leur modèle de production.

2022 restera comme une année noire pour l'industrie dont les dépenses énergétiques se sont envolées. Les entreprises industrielles de plus de 20 salariés ont dépensé cette année-là 26 milliards d'euros pour leur approvisionnement énergétique, contre 17 un an plus tôt et 14 en 2019. Ainsi, malgré une baisse de leur consommation de 10% entre 2019 et 2022, leur facture énergétique a bondi de 89% sur la période, indique l'Insee dans une note publiée le 4 septembreUne situation qui s'explique par "les tensions géopolitiques, avec notamment l’arrêt du gazoduc Nord Stream 2, ainsi que la mise à l’arrêt d'environ la moitié des réacteurs nucléaires français" entraînant des difficultés d’approvisionnement et de fourniture, rappelle l'institut.

Cinq secteurs concentrent 82% de la consommation énergétique

Or cinq régions ont absorbé à elles seules 71% de cette facture en 2022 : les Hauts- de-France (20 %), le Grand Est (17 %), Auvergne-Rhône- Alpes (13 %), Provence-Alpes-Côte d’Azur (11 %) et la Normandie (10 %). Une situation qui tient à la nature de leur économie. Ces cinq régions concentrent en effet 46% de l'emploi industriel. Par ailleurs, les activités les plus énergivores sont la chimie et la métallurgie qui représentent près de la moitié de la consommation totale, les industries agroalimentaires (15%), la fabrication d’autres produits minéraux non métalliques (11%) et l’industrie du papier et du carton (9%). Cinq secteurs qui concentrent 82% de la consommation énergétique industrielle. La fabrication du verre est par exemple très présente dans les Hauts-de-France avec la cristallerie Arc dans la zone d'emploi de Saint-Omer (Pas-de-Calais) et dans la vallée de la Bresle-Vimeu avec la verrerie du groupe Pochet du Courval, en Normandie. La sidérurgie, elle, est dominée par les hauts fourneaux du géant ArcelorMittal à Dunkerque (Nord) et dans la zone de Martigues-Salon (Bouches-du-Rhône)… Le revers de la médaille est que ces zones d'emploi sont aussi celles qui émettent le plus de CO2 et sont en pleine transition énergétique (voir notre article du 17 janvier 2023). 

L'Insee montre de grands écarts dans les prix que les industriels payent. En 2022, le prix du mégawattheure (MWh) de gaz naturel était quatre fois plus élevé pour les 10% des établissements qui le paient le plus cher que pour les 10% des établissements qui s'en sortent le mieux. Et le MWh d’électricité variait de 81 euros à de 203 euros aux deux extrémités du spectre. Des différences qui s'expliquent par les quantité achetées (le prix a tendance à baisser en fonction de la quantité achetée) ou par le type de contrat, les plus consommateurs payant plus fréquemment que les autres leur énergie à un tarif indexé sur le prix du marché. Ces derniers ont généralement payé leur électricité 9% plus cher que ceux qui ont eu recours aux prix réglementés. Un écart qui monte à 20% pour le gaz naturel. Seulement, les entreprises qui ont des prix fixes sont soumis à d'importants rattrapages au moment du renouvellement des contrats.

Des entreprises qui s'adaptent

Dans ce contexte, les entreprises ont dû s'adapter en recourant aux aides publiques de court terme (comme le bouclier tarifaire) ou en s'engageant dans une décarbonation avec l'appui du plan France 2030. La moitié des entreprises ont augmenté leurs prix de vente. Certaines ont réduit leurs marges. Enfin, d'autres ont été contraintes de réduire leur production : la baisse d'activité a été de 11% dans la métallurgie, certaines usines ayant même dû momentanément fermer, à l'instar de Duralex qui, après de grandes difficultés, renaît sous forme de Scop (voir notre article du 26 juillet). Une situation particulièrement marquée dans les Hauts-de-France, où 22% des usines ont réduit leur activité et 12% l’ont temporairement arrêtée, comme la verrerie d'Arc. Mais ce qui ressort aussi de cette étude, c'est que nombre d'entreprises ont profité de cette crise pour remettre à plat leurs modes de production. C'est particulièrement le cas dans les secteurs de la métallurgie, de la fabrication d’autres produits minéraux non métalliques et des industries agroalimentaires où près d'une entreprise sur deux est lancée dans cette démarche.

 

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