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Culture - Centre national de conservation : ce sera Cergy-Pontoise

Avec six mois de retard - la décision était initialement attendue pour la fin mars 2009 -, le ministère de la Culture a finalement tranché. Le futur Centre national de conservation, de restauration et de recherches patrimoniales sera implanté dans la ville nouvelle de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise). Ce site a été préféré à ceux de Nanterre (Hauts-de-Seine) et de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), qui figuraient également sur la liste finale. Selon le communiqué du ministère, les critères qui ont permis à Cergy-Pontoise de l'emporter ont été "l'accessibilité, la facilité de construction des espaces nécessaires et l'implication, dans un cadre partenarial, des collectivités concernées, afin de pouvoir conférer à cet équipement, au-delà de sa vocation culturelle, un rôle structurant en matière éducative et sociale". La proximité de l'université de Cergy-Pontoise a également joué en faveur du dossier. Cette décision, annoncée par Frédéric Mitterrand le 6 octobre, clôt une procédure qui aura duré près de 18 mois. L'appel à candidatures, lancé officiellement en juillet 2008, avait permis d'établir une première liste de seize sites potentiels, tous situés en Ile-de-France (à l'exception de Caen et de Châtillon-sur-Seine, en Côte-d'Or). Dans un second temps, cette liste avait été ramenée à sept, puis à trois (voir nos articles ci-contre).
Ce délai important pour la désignation du site s'explique par l'ampleur du projet, qui peut se comparer à celui de l'implantation des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Le futur centre doit en effet accueillir les réserves, parfois considérables, de plusieurs grandes institutions culturelles parisiennes situées à proximité de la Seine et menacées par une éventuelle crue centennale : le musée du Louvre (maître d'oeuvre du projet), les Arts décoratifs, les musées d'Orsay et de l'Orangerie, l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, le musée Picasso, ainsi que le musée du Quai Branly. Bien que le projet détaillé reste à construire - notamment sur le plan architectural -, on évoque une surface utile de 86.000 à 150.000 m2, la création d'environ 300 emplois permanents et un investissement compris entre 200 et 400 millions d'euros. Celui-ci devrait être financé, pour une bonne part, par le fonds de dotation alimenté par les recettes issues de l'accord entre le musée du Louvre et l'émirat d'Abu Dhabi. Mais les collectivités territoriales devraient également être sollicitées. Au-delà de son rôle de réserve des musées parisiens, le Centre devrait également servir de support à la mise en place d'un pôle centré sur la conservation du patrimoine, en agrégeant des entreprises et des organismes spécialisés en ce domaine. En dépit du retard déjà pris dans la désignation du site, l'objectif - ambitieux - reste une mise en service du Centre en 2013.
A l'annonce de la décision, les deux candidats malheureux de la liste finale ne se sont pas vraiment montrés beaux joueurs. Si l'argument politique paraît difficile à évoquer - les trois villes finalistes sont dirigées par des municipalités de gauche -, le maire de Neuilly-sur-Marne a cependant affirmé que le choix était "décidé d'avance". Demandant "instamment des explications", il a notamment déclaré que "Frédéric Mitterrand, qui apportait son soutien au site de  Neuilly-sur-Marne, a été obligé de suivre la décision du président de la  République, qui a choisi unilatéralement Cergy". Il est plus vraisemblable que la candidature de Neuilly-sur-Marne a pâti du choix antérieur d'une autre commune de la Seine-Saint-Denis pour l'implantation des Archives nationales. Le maire de Nanterre estime, pour sa part, que "dès le départ, les dés étaient pipés". Sans surprise, le maire de Cergy-Pontoise s'est en revanche réjoui de "ce choix exemplaire de l'Etat".
 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

 

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