"La Banque des Territoires n'a jamais autant prêté qu'en 2023"
Eric Lombard, le directeur général de la Caisse des Dépôts, présentait ce 21 mars les résultats 2023 du groupe. Les acteurs territoriaux en retiendront notamment un volume exceptionnel de prêts tant pour le secteur du logement que pour le secteur public local. Et les chiffres des premiers mois de 2024 confirment cette dynamique. Les investissements ont également été soutenus sur tout le territoire.
Une année "robuste" dans l'ensemble, un résultat "excellent" pour le fonds d'épargne, une année "exceptionnelle" s'agissant des prêts de la Banque des Territoires… Eric Lombard, le directeur général de la Caisse des Dépôts, n'a pas eu à se priver de qualificatifs positifs pour présenter ce jeudi 21 mars à la presse les résultats financiers 2023 du groupe. Et ce, malgré la "conjoncture difficile" que l'on sait.
Quelques chiffres d'ensemble pour planter le décor. Un bilan agrégé de 1.360 milliards d'euros, en hausse de 67 milliards par rapport à 2022. Des "fonds propres agrégés" (fonds propres + fonds d'épargne) du groupe en hausse de 11%, dépassant ainsi "pour la première fois" les 50 milliards d'euros (52,3). Un "résultat net agrégé" certes en légère baisse, passant de 4,1 à 3,9 milliards d'euros. Dont 3 milliards pour la section générale et 900 millions pour le fonds d'épargne.
Au niveau de la section générale, le fléchissement est notamment lié à l'impact du marché de l'immobilier de bureau, peu florissant aujourd'hui, et à quelques "vents contraires" du côté de La Poste. Toutefois, grâce à une hausse des valorisations des actifs financiers et à une rotation intéressante des portefeuilles, "le résultat résiste bien", souligne Eric Lombard.
S'agissant du fonds d'épargne, le résultat net est parvenu à rester stable malgré la hausse des taux et donc du coût de la ressource (un coût supplémentaire de 6 milliards), qui a pu être compensée par l'indexation des prêts sur le taux du livret A, ainsi qu'à une politique de placements fructueuse.
La dynamique se poursuit en 2024
"La Banque des Territoires n'a jamais autant prêté qu'en 2023", résume Eric Lombard. L'encours de prêts a ainsi dépassé les 200 milliards d'euros, avec 16,3 milliards de nouveaux prêts sur la seule année 2023, soit une hausse de 30%. Le gel du taux du livret A à 3% en juillet dernier y est pour beaucoup, venant doper la demande au second semestre. "Cela a déclenché de l'investissement massif de la part des bailleurs sociaux", confirme Kosta Kastrinidis, le directeur des Prêts de la Banque des Territoires.
Sur ces 16,3 milliards, 9,5 milliards ont été vers la construction de logements (84.000 logements) et 2,5 vers la rénovation (47.000 logements sociaux rénovés thermiquement, +18%). Et 3,5 milliards vers le secteur public local, "où la Banque des Territoires retrouve une place importante". C'est ce que mettait en évidence l'Observatoire de la dette des collectivités locales dévoilé il y a quelques jours par Finance active (voir notre article "L'indexation sur le Livret A a séduit les collectivités en 2023"). Les prêts au secteur public local ont ainsi été multipliés par trois, notamment portés par le Plan eau et par le programme EduRénov.
La dynamique devrait se maintenir cette année, même dans l'hypothèse où les taux de marché amorceraient une baisse. "Nous devrions conserver une situation favorable par rapport à l'offre des banques", prévoit Eric Lombard. En sachant qu'au-delà de l'enjeu des taux, les prêts de la Banque des Territoires bénéficient d'autres "singularités", dont le fait de proposer des prêts de très long terme, à 40 voire 60 ans, notamment donc dans les domaines de l'eau et de la rénovation énergétique, tel que le rappelle Gisèle Rossat-Mignod, directrice du Réseau de la Banque des Territoires.
Investissement dans 436 projets
En tout cas, les chiffres des premiers mois de 2024 sont bons, puisqu'en deux mois et demi, 4,2 milliards de prêts ont déjà été accordés. 3,7 milliards sur le versant logement et politique de la ville (dont 600 millions pour le logement intermédiaire, soit autant que pour l'ensemble de l'année 2023) et 550 millions d'euros sur le versant secteur public local.
En matière de logement, Kosta Kastrinidis relève certes que les chiffres de 2023 doivent être lus en tenant compte de "l'effet prix" : parce que "l''acte de construire est devenu plus cher", il faut aujourd'hui "plus de financements pour un plus petit nombre de logements".
Il évoque aussi l'enjeu du logement intermédiaire, objet de toutes les attentions – y compris gouvernementales – actuellement (voir notre article de ce jour au sujet du "pacte" en faveur du logement locatif intermédiaire). Si le développement du logement intermédiaire est bien "une nouveauté", avec une production doublée entre 2022 et 2023 ("et cela va continuer"), les choses ne se font pas au détriment du logement social. Ainsi, en 2023, quand le logement intermédiaire a bénéficié de 600 millions d'euros de prêts, le logement social s'est lui vu accorder un total de 8,9 milliards de prêts.
L'année 2023 affiche par ailleurs un "record" en matière d’investissement, avec 2,5 milliards d’euros engagés "dans 436 projets sur l'ensemble du territoire, le portefeuille atteignant 8 milliards d'euros".