Cahors revitalise son centre médiéval en oxygénant les cœurs d'îlots (46)
Afin de reconquérir le centre-ville ancien, les édiles de Cahors ont bâti un programme original qui comprend le recrutement d’un archéologue du bâti et la création de zones d’aération contrôlées.
À Cahors (Lot, 21.000 habitants), la rénovation du centre médiéval et de son attractivité s’accompagne d’une réflexion approfondie sur le bâti historique et les différentes "strates" construites au cours des siècles. Dans ces ruelles pittoresques, mais étroites et souvent sombres, la ville a rendu possible l’aménagement de zones d’aération contrôlées. Strictement encadrée, la création de ces zones consiste à procéder à des démolitions ciblées, afin de rendre les logements anciens compatibles avec les attentes de confort des habitants.
Cette méthode, déjà utilisée dans quelques villes comme Montpelliers ou Le Puy-en-Velay, s’inscrit dans une politique globale destinée à redonner vie aux quartiers historiques abandonnés par leurs habitants (500 logements vacants dans le centre de Cahors).
Stratégie de mise en valeur du patrimoine…
C’est en 2008 que les édiles cadurciens se sont engagés dans un vaste programme de reconquête de leur centre ancien, une démarche soutenue par la Caisse des Dépôts avec laquelle la ville a signé une convention Ville démonstrateur, un dispositif qui propose des moyens pour redynamiser les villes de 15.000 à 100.000 habitant. "Nous nous sommes d’abord concentrés sur la définition d’une stratégie de mise en valeur de notre patrimoine médiéval et sur la recherche des outils les mieux adaptés », indique, le 1er adjoint au maire chargé de l’urbanisme, Michel Simon. "Ensuite nous sommes passés à la phase opérationnelle en nous assurant de la mobilisation des forces vives du commerce, de l’urbanisme et de l’habitat."
… exige d’agir sur la culture, le tourisme, le logement et l’économie
L’objectif de la réhabilitation est de faire du patrimoine architectural et paysager du centre ancien, bordé par les rives du Lot, un atout clé pour inciter au retour des habitants et des acteurs économiques.
Les politiques mises en place portent sur plusieurs champs d’intervention : culture, tourisme, économie, logement. "Nous cherchons surtout à rendre l’habitat médiéval attractif notamment en travaillant sur les thématiques de la transition énergétique permettant de construire des quartiers anciens durables", explique l’élu.
et de mettre en œuvre une large gamme d’outils…
Plusieurs types d’outils et d’actions sont mobilisés pour répondre aux objectifs du programme de reconquête du centre médiéval de Cahors : une concession publique d’aménagement portée par la ville, une opération programmée de renouvellement urbain (Opah-RU) qui vise la rénovation de 500 logements et un plan de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé (PSMV) sont en cours.
Recrutement d’un archéologue du bâti
La ville a aussi pris une initiative plus innovante. Elle a recruté un archéologue qui analyse le bâti du centre ancien et apporte son expérience à l’architecte des bâtiments de France (ABF) pour trouver avec lui les solutions de réhabilitation optimales. "Nous travaillons aussi à l’amélioration énergétique des logements anciens avec des technologies permettant d’éviter l’isolation extérieure et de respecter le patrimoine", poursuit Michel Simon.
Apporter de la lumière dans les îlots trop denses
Les zones d’aération contrôlées prennent place dans ce contexte et sont définies en coopération avec les ABF. Des démolitions sont possibles pour oxygéner et offrir des vues dans les cœurs d’îlots qui manquent de lumière. Elles sont cependant limitées à 20 % de la capacité d’une parcelle et doivent avoir un effet tangible en termes d’adaptation des logements aux conditions de vie actuelles.
À ce jour, trois zones d’aération contrôlées ont été pressenties pour y créer des "espaces publics aérateurs": placettes, petits jardins, etc. "Le règlement de notre Plan de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé n’a pas été écrit pour empêcher de faire, mais au contraire pour permettre d’agir. À condition naturellement que les projets respectent le caractère médiéval, tout en améliorant la vie quotidienne des habitants", souligne l’élu. Quant à nos relations avec les ABF, elles sont d’autant meilleures que nous les associons très en amont aux projets et aux décisions."
L’ingénierie, nerf de la guerre
Parmi les difficultés rencontrées jusqu’à présent pour mener à bien la reconquête du centre ancien de Cahors, Michel Simon en cite deux : la complexité des procédures encore accentuée par la durée de ces opérations qui dépassent largement la durée d’un mandat, et le manque d’ingénierie spécialisée. "Nous avons eu du mal à trouver un partenaire doté d’une réelle expérience de reconstruction de la ville sur la ville", avoue-t-il. "Et l'argent ? C'est important et nécessaire, mais il faut d'abord une stratégie, des méthodes, des outils et l’ingénierie qui va avec. J’ajouterai que la volonté politique des élus de conduire un tel programme sur une longue durée est absolument indispensable."
Victor Rainaldi pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
Commune de Cahors
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