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Cafés, hôtels, restaurants : une crise qui s'éternise

Les défaillances de cafés, hôtels et restaurants ont augmenté de 25% entre 2009 et 2015. Parmi les régions les plus touchées par ces difficultés : la Bourgogne-Franche-Comté, le Grand Est et les Hauts-de-France. La situation s'est même aggravée en 2016, du fait des attentats, mais aussi de la concurrence accrue des plateformes collaboratives. L'hôtellerie-restauration a d'ailleurs annoncé avoir déposé une plainte.

Hausse de 25% du nombre de défaillances entre 2009 et 2015 (de 6.655 à 8.300), baisse de 9% de la création de richesse, soit une perte de 2,3 milliards d'euros sur la période 2010-2014, baisse des effectifs… Le secteur des cafés, hôtels, restaurants (CHR) a été durement touché par la crise économique et les baisses des dépenses de consommation des Français liées à la diminution du pouvoir d'achat. C'est ce qu'indique le baromètre France Boissons/Credoc sur l'évolution de la santé de la filière des cafés, hôtels, restaurants depuis sept ans, publié le 19 janvier 2017. Sur la période 2010-2014, les cafés ont perdu 170 millions d'euros de chiffre d'affaires chaque année en moyenne, soit une baisse de 10% au total, et 5% de leurs effectifs.


Un impact différent selon les régions

Alors qu'on dénombrait pas moins de 600.000 cafés dans les années soixante, ils étaient 36.178 en 2015, soit 1% de moins qu'en 2009 (36.586), même si le solde le plus bas a été enregistré en 2013 avec 34.148 cafés et une assez nette augmentation les deux années suivantes. Toutefois, si l'on ramène ces chiffres au nombre d'habitants, la baisse est de 4% sur la période : 56,3 pour 100.000 habitants en 2015 contre 58,6 sept ans plus tôt. La décrue atteint 7% pour le nombre d'hôtels par habitants !
Certaines régions sont bien plus touchées que d'autres : la densité de cafés a ainsi diminué dans dix régions sur treize sur la période 2009-2015. "Les régions qui ont connu les plus grandes baisses de PIB par habitant ou la plus faible croissance sont également celles dans lesquelles la densité de cafés, soit le nombre de cafés par habitant a stagné ou diminué", détaille le baromètre : 0% en Bourgogne-Franche-Comté, -4% dans le Grand Est, et jusqu'à -12% dans les Hauts-de-France.
Au contraire, la filière CHR s'est bien portée en Ile-de-France, région qui a vu son nombre d'établissements augmenter de 10% en sept ans. La région Ile-de-France bat tous les records : près de 35.000 établissements en 2015, 289 établissements pour 100.000 habitants soit 7% de plus qu'en 2009. Cependant, 2016 a constitué un bien mauvais cru pour la région capitale, en raison principalement du contexte des attentats (voir encadré ci-dessous).

Prix des cafés pour nos régions

A l'inverse, la désertification des centres, surtout dans les villes de petite et moyenne taille, les évolutions des modes de vie et la concurrence de nouvelles activités de socialisation sont des facteurs aggravants. Pourtant, les Français expriment un besoin croissant de lien social (56% en 2014 contre 33% en 1985) et le café est identifié comme l'acteur principal de pérennisation de ce lien et de l'animation des territoires. Mais un tiers des habitants des communes de moins de 5.000 habitants déclarent en être dépourvu !
Pour relancer la dynamique, et pour la quatrième édition, Heineken France, brasseur et distributeur, propose le Prix des Cafés pour nos régions. Il s'agit d'accompagner cinq projets de création, de reprise ou de rénovation de cafés en France, avec une dotation globale de 50.000 euros à partager entre les cinq lauréats. Parmi les critères de sélection : le caractère innovant du projet pour la commune, sa contribution à l'attractivité économique du territoire et sa participation à la pérennité du lien social de la commune. Les porteurs de projets ont jusqu'au 31 mars pour proposer leur candidature (www.descafespournosregions.fr). Ils seront sélectionnés en mai par un jury composé d'élus et de professionnels de la filière.
 

 

L'hotellerie-restauration dépose plainte contre les plateformes "collaboratives"
Les difficultés rencontrées par la filière CHR (cafés, hôtels, restaurants) se sont amplifiées en 2016, avec un recul de l'activité de 4,5%. Le chiffre d'affaires des hôtels a chuté de 4%, celui des hôtes-restaurants de 4,5%. Les cafés bars (-3,5%) et les brasseries (-3%), ne sont pas épargnés. C'est ce que montre une enquête publiée par le Groupement national des indépendants de l'Hôtellerie-Restauration (GNI), qui représente le secteur. Les traiteurs ont limité les dégâts avec une baisse de 1,5% sur l'année, mais un quatrième trimestre positif avec un regain d'activité de 2%.
"Globalement les professionnels déplorent une baisse de fréquentation, une réduction du ticket moyen, la poursuite de la dégradation des marges et des trésoreries", constate le GNI. Avec, toutefois, des situations contrastées : une moitié Ouest "relativement dynamique" et une moitié Est "encore morose". Quant à l'Ile-de-France, contrairement aux tendances de moyen terme dépeintes par le baromètre France Boissons/Credoc, la situation y est "encore extrêmement tendue".
"L'activité de la filière en berne depuis les attentats parisiens pourrait tendre vers une stabilisation en début d'année 2017", veut cependant croire le GNI. Même si les avis divergent fortement d'une région à l'autre : "Schématiquement, les professionnels s'orientent vers une amélioration en Ile-de-France et la façade atlantique, une stabilisation dans le Nord-Est et l'Occitanie, tandis que l'incertitude perdure en Normandie, Bretagne, Centre et Paca." Toutefois, les perspectivies sont peu encourageantes pour les hôteliers. Plusieurs raisons à cela : au contexte de 2016 (attentats, météo, mouvements sociaux) sont venus s'ajouter une forme de "rentrisme" (le repli sur soi des clients) et, surtout, la concurrence accrue de l'économie collaborative. Le GNI annonce qu'il a déposé plainte, cette semaine, avec constitution de partie civile, contre ces plateformes qui "s'improvisent tour à tour hôtelier, agent immobilier, de voyage, assureur tout en s'affranchissant des contraintes et règlements auxquels les vrais professionnels sont soumis". Le GNI dénonce notamment le fait que "des restaurateurs à domicile s'improvisent, en dehors de toute règlementation et de tout cadre légal".

M.T.

 

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