Budgets culturels : les collectivités résistent bien malgré la conjoncture
La culture n'est pas une variable d'ajustement pour les collectivités, d'après le dernier baromètre de l'Observatoire des politiques culturelles. Selon les strates de collectivités, les priorités politiques se révèlent toutefois différentes.
"La culture n'apparaît pas comme une variable d'ajustement budgétaire." Tel est le principal enseignement du tout récent "Baromètre annuel sur les budgets et choix culturels des collectivités territoriales, enquête nationale 2023", réalisé par l'Observatoire des politiques culturelles en partenariat avec le ministère de la Culture et les associations d'élus.
Cet outil de mesure de l'évolution de l'action publique territoriale de la culture, qui repose sur les données déclarées par un échantillon de 179 collectivités (régions, départements, collectivités à statut particulier, communes de plus de 50.000 habitants et intercommunalités comprenant une ville de plus de 50.000 habitants), montre en effet que "les politiques culturelles semblent mieux résister d'un point de vue budgétaire par rapport aux craintes exprimées lors de la préparation des budgets et au ressenti des acteurs culturels".
"Événementialisation" de la vie culturelle
En termes de budget de fonctionnement (hors masse salariale), c'est la stabilité qui domine : 43% des collectivités déclarent un budget primitif culturel de fonctionnement identique entre 2022 et 2023, tandis que 38% indiquent une augmentation et 19% une baisse.
Mais si cette stabilité budgétaire en fonctionnement s'impose assez largement dans les régions et les intercommunalités et si près de la moitié des départements indiquent une augmentation, un tiers des communes de plus de 50.000 habitants fait état d'une baisse. "Sachant qu'il s'agit des premiers financeurs de la culture en volume budgétaire, cela relativise l'impression générale plutôt favorable", nuance l'étude.
Au chapitre du budget de fonctionnement, on note encore que, toutes collectivités confondues, les baisses touchent davantage le spectacle vivant, les musées et le patrimoine, le livre et la lecture, soit les domaines qui pèsent le plus dans les budgets. À l'inverse, les festivals, les événements et l'action culturelle, notamment l'éducation artistique et culturelle, bénéficient le plus des hausses. "L'événementialisation de la vie culturelle est une tendance particulièrement affirmée dans les métropoles", commente l'étude.
Emplois et subventions stables
Côté investissements culturels, on retrouve des proportions comparables aux budgets de fonctionnement : 48% des collectivités déclarent une stabilité entre 2022 et 2023, 35% une augmentation et 18% une baisse.
La stabilité est tout aussi marquée sur deux autres postes de dépenses. D'une part, en matière d'emploi culturel, où 61% des collectivités affichent un nombre d'emplois équivalent entre 2022 et 2023, 22% une hausse et 14% une baisse. D'autre part, en matière de subventions aux associations culturelles, pour lesquelles 63% des collectivités ont reconduit des aides identiques de 2022 à 2023, alors que 21% les ont augmentées et 11% les ont baissées.
D'un point de vue plus conjoncturel, il faut noter qu'en 2022-2023, les crises énergétique et inflationniste ne semblent impacter que "modérément" l'offre et les services culturels des collectivités ainsi que leur soutien aux acteurs culturels.
Absence de conditionnalité
Le baromètre de l'Observatoire des politiques culturelles est aussi un outil précieux pour mesurer, au delà des aspects purement budgétaires, les orientations politiques des collectivités. Il nous apprend que 59% des directeurs des affaires culturelles considèrent que la politique culturelle est autant une priorité qu'avant pour leur collectivité, tandis que 31% estiment même qu'il s'agit plus d'une priorité qu'avant.
Quant aux objectifs politiques qui orientent les choix des exécutifs, ils diffèrent selon le type de collectivité. Les régions privilégient les logiques territoriales et la création, les départements mettent l'accent sur les logiques territoriales et l'accès à la culture, deux thèmes également plébiscités par les intercommunalités, alors que les communes mettent en avant l'accès à la culture devant les logiques territoriales et l'impact social. "En revanche, les références très commentées dans le débat sur les politiques culturelles aux droits culturels, à la participation ou encore aux tiers-lieux apparaissent très en recul", note l'étude.
Toujours au chapitre des choix politiques, 34% des répondants indiquent une absence de critères de conditionnalité des aides financières en matière de culture. Et pour les collectivités qui déclarent une conditionnalité, la diversité culturelle et l'impact écologique sont les critères les plus cités.
Enfin, le baromètre apporte un éclairage sur la coopération des acteurs publics en matière culturelle. Ici, l'étude témoigne "d'une certaine stabilité partenariale", même si quelques régions connaissent "de réelles turbulences" en raison du moindre consentement des collectivités à coopérer pour coproduire et cofinancer l'action publique culturelle.