Bonne élève de l'UE sur les infrastructures numériques, la France invitée à accélérer sur la formation et les entreprises

La Commission européenne a publié un point d'étape sur le respect des engagements des États membres dans le cadre de la décennie numérique européenne. Dans la moyenne au global, les points de faiblesse de la France se concentrent sur la digitalisation des entreprises et l'élévation du niveau de compétences numériques.

Dans le cadre de la décennie numérique européenne, la Commission européenne suit la trajectoire de chaque pays – à partir d'un bilan fourni par la direction générale des entreprises (voir notre article du 26 mars 2024) avec quelques recommandations à la clef. Ce bilan, organisé autour de quatre thèmes – infrastructures, entreprises, compétences, services publics - vient d'être publié par la Commission. Des résultats qui sont particulièrement scrutés par Bruxelles, nous explique-t-on du côté de la DG Connect dans un brief presse, eu égard au poids de la France en termes de population (15%), d'emploi (14%) et d'entreprises (12%) qui font que ses performances pèsent lourdement sur le bilan de l'UE.

THD : un résultat obtenu avec l'aide de l'Europe

Globalement, la France se situe dans la moyenne de l'Union européenne, avec comme principal point fort la qualité de ses infrastructures. Sa couverture en réseaux très haut débit est évaluée à 81,4%, celle de la 5G à 93%, au-dessus des moyennes européennes. Et il ne fait pas de doute pour Bruxelles que l'objectif de 100% de couverture sera atteint d'ici à 2030 (l'objectif présidentiel est 2025). Seul bémol des experts de Bruxelles : l'absence de mention de l'UE comme financeur du plan France très haut débit. La Commission note également avec satisfaction les investissements réalisés par la France dans les semi-conducteurs (12 milliards d'euros) qui sont une des clefs de la souveraineté numérique.

Retard persistant des PME

En revanche, la France reste très à la traîne en matière de digitalisation des entreprises, avec des chiffres globalement inférieurs aux moyennes des autres pays membres. Moins de la moitié utilisent par exemple des outils d'analyse de données ou d'intelligence artificielle. La Commission relève que le programme "France num", dédié à la numérisation des petites entreprises, est le seul mentionné par la DGE. De fait, il semble que la France s'intéresse surtout aux start-up et dans ce dernier domaine, l'UE salue l'écosystème créé dans l'Hexagone. Passer de 40 à 100 licornes (société capitalisant plus d'un milliard de dollars) en 2030 paraît du reste réaliste pour la Commission. Autre point satisfaisant, le leadership tricolore sur l'accompagnement des acteurs économiques dans la transition numérique responsable.

Progressions faibles sur les compétences

Le second sujet d'inquiétude porte sur les compétences, point noir qui n'est cependant pas propre à la France. La France régresse ainsi de près de 2% sur les compétences numériques de base (59,7%) et le chiffre de 4,7% de spécialistes de haut niveau sur le numérique laisse penser que le doubler d'ici à 2030 sera difficile. Parmi les facteurs explicatif, l'appétence des Français car ils ne sont que 64% à penser que le numérique améliore leur vie, un chiffre parmi les plus bas de l'UE. La Commission suggère à la France de prendre des initiatives susceptibles d’avoir un impact rapide sur la montée en compétence, notamment en s'appuyant sur les régions.

Du mieux sur la santé

Sur les services publics enfin, la Commission note de réels progrès dans le secteur de la santé, grand bénéficiaire du plan de relance, mais un taux de numérisation des services publics (72,1%) en dessous de celui de l'UE. Un dossier qui est cependant du point de vue de la commission moins complexe à appréhender que ceux des compétences et des entreprises.

À noter enfin qu'en 2026, l'UE ajoutera de nouveaux indicateurs comme le déploiement de la "vraie" 5G, la cybersécurité et la transition numérique responsable.