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Balles de défense : les policiers ont pour instruction de porter des caméras-piétons

Une instruction du DGPN demande aux cadres de la police de doter les porteurs de lanceurs de balles de défense (LBD) de caméras-piétons. Plusieurs procédures sont en cours contre l'utilisation de cette arme.

Le directeur général de la police nationale (DGPN) Éric Morvan a donné instruction, mercredi 23 janvier, aux cadres de la police de doter les porteurs de lanceurs balles de défense (LBD 40) de caméras-piétons, "dans toute la mesure du possible". Cette instruction est applicable à compter de l’ "acte XI" des gilets jaunes, samedi 26 janvier. Elle fait suite aux annonces du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, interpellé la veille, mardi 22 janvier, par plusieurs députés de la commission des lois sur les nombreuses blessures, notamment à l’œil, attribuées à des tirs de LBD. "La fixation ventrale de la caméra doit être privilégiée. Dans la mesure des moyens, la mise en œuvre d’un binôme porteur de caméra/porteur du LBD constitue une alternative efficace", suggère Éric Morvan, dans ce télégramme", dévoilé par l’agence AEF. "La possibilité d’équiper le LBD d’une caméra adaptée est actuellement à l’étude, afin de disposer d’images de meilleure qualité", annonce-t-il. L’utilisation de ces caméras-piétons est à double sens : elles constituent "à la fois un moyen de restituer a posteriori le contexte du recours à cette arme et de constater les infractions, ainsi que de collecter les preuves nécessaires à la poursuite des auteurs qui commettent notamment des violences ou voies de fait sur les policiers", précise le responsable de la police. "Dans le contexte actuel particulièrement difficile des opérations de maintien de l'ordre public, à l'occasion desquelles les policiers sont l'objet de nombreuses violences, il importe de renforcer les moyens de contextualiser les conditions d’emploi du LBD de calibre 40 mm en dotation dans les services de police", justifie-t-il, alors que l'emploi de cette arme fait l'objet de vives critiques.
Devant les députés, le ministre Christophe Castaner a indiqué, mardi, que l’Inspection générale de la police nationale (DGPN) avait été saisie de 81 enquêtes, dont 4 pour blessures graves à l’œil. Mais d’autres observateurs – le journaliste indépendant David Dufresne ou le collectif militant Désarmons-les –  recensent 17 personnes ayant perdu un oeil.

Demandes de suspension

Alors qu'un millier de ces balles en caoutchouc ont été tirées depuis le début du mouvement en novembre, le Défenseur des droits Jacques Toubon a réitéré, le 17 janvier, son opposition à l’utilisation de cette arme dans des opérations de maintien de l’ordre. Arme dont la doctrine d’emploi prévoit de ne jamais viser la tête, le LBD étant d'ailleurs venu remplacer le Flashball qui manquait de précision. Le tribunal administratif de Paris devait par ailleurs se prononcer vendredi soir sur un référé demandant la suspension de l'utilisation de l'usage du LBD en France, déposé jeudi par la CGT et la Ligue des droits de l'homme (LDH).  Mais selon le ministère de l’Intérieur, l'affaire pourrait se prolonger devant le Conseil d'État, "seul compétent" pour donner des ordres au gouvernement. Une plainte "contre X pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique", a également été déposée à Caen, le 18 janvier, par un manifestant blessé au visage en décembre, selon l’AFP. Une autre plainte a été déposée le 22 janvier auprès du parquet de Rouen au nom d'un manifestant blessé à la jambe, probablement par l'explosion d'une grenade (lacrymogène et assourdissante) GLI-F4).

 

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