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Congrès des maires - Baisse des dotations, "attaques" contre la commune... Les maires disent leur ras-le-bol

La commune : un échelon d'avenir. C'est le message qu'ont voulu faire passer les maires lors de leur débat d'orientation générale, ce 31 mai. Ils ont par ailleurs fait monter la pression sur le gouvernement pour arracher un geste du président de la République sur les dotations de l'Etat.

Que ce soit sur la place de la commune dans les institutions de la République ou sur les dotations de l'Etat en baisse depuis 2014, les responsables de l'Association des maires de France (AMF) ont appelé au "combat" lors de leur débat d'orientation générale, ce 31 mai, au premier jour de leur 99e Congrès. 
"Jamais la commune n'a été aussi menacée", a lancé André Laignel, premier vice-président de l'association. "La mort de la commune" a désormais ses partisans, parfois à des hauts niveaux de responsabilités, a-t-il assuré. "Nous assistons à un vrai concours Lépine. Il y a ceux qui ne voudraient plus que des communes d'au moins 2.500 habitants, d'autres d'au moins 5.000 habitants… et d'autres encore qui veulent que l'intercommunalité se substitue à la commune".
Des propositions de ce type auraient été émises, parfois par l'administration de l'Etat elle-même, lors du débat qui a précédé le vote de la loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République (Notr). Une loi qui entraîne "un retour en arrière", a déclaré le maire d'une petite commune présent dans la salle. Une loi qu'un autre a considéré comme "méprisante" à l'égard des maires ruraux.
Ces interventions ont été l'occasion pour François Baroin, président de l'AMF, de souligner que l'association continuera, comme elle l'a fait l'an passé, à mener le combat contre le principe d'une élection au suffrage universel direct des conseillers communautaires en dehors des limites communales. "Nous avons évité des dangers majeurs : le suffrage universel direct, c'est la mort de la commune", a souligné de son côté André Laignel. Pour qui, par ailleurs, tous les transferts de compétences prévus par la loi ne vont pas dans le bon sens. "Le tourisme est une belle compétence intercommunale à certains endroits, mais aussi souvent l'âme d'une commune, son histoire. Qu'elle n'en soit plus détentrice, est-ce raisonnable ?", a-t-il déclaré.
Depuis quelques années, des reportages diffusés par une presse partisane auraient écorné l'image des maires, a regretté le secrétaire général de l'AMF, Philippe Laurent. Pour gagner la "bataille de l'opinion", celui-ci a appelé les élus locaux à être plus présents dans les médias, afin de défendre l'échelon communal. La commune n'est pas archaïque, elle est au contraire un lieu d'innovation : c'est le message que l'AMF entend faire passer, grâce à un partenariat avec France info. Prochainement, des maires présenteront les bonnes pratiques de leur commune lors d'une émission dédiée. A cette fin, les communes sont invitées à faire remonter leurs expériences via le site internet de la radio.
Au-delà de la défense des communes, les dotations de l'Etat "seront au cœur du congrès", a souligné François Baroin. Qui a rappelé la demande de toutes les associations d'élus du bloc communal : l'annulation de la baisse de 3,7 milliards d'euros prévue en 2017. Soulignant que les collectivités territoriales étaient par leurs investissements des acteurs économiques majeurs, il a estimé que cette "cause est juste".
"Nous ne sommes pas loin de l'étouffement financier", a averti André Laignel, qui s'est inquiété en particulier de "l'effondrement" de l'autofinancement des collectivités.
S'il est attendu de pied ferme jeudi lors de la clôture du congrès, le Président de la République sera accueilli selon le protocole et dans un cadre républicain, a affirmé François Baroin. Qui, avec le bureau de l'AMF, a exclu que les maires manifestent dans les rues et qu'ils marchent vers l'Elysée, comme le suggéraient certains. "Nous réunirons les instances de l'AMF et nous fournirons des propositions après l'intervention du Président de la République", a indiqué François Baroin. En rappelant qu'il faut veiller à garder l'unité de l'association. Pour Patrick Genre, maire de Pontarlier, "il faudra avoir une décision plus ferme". "Nous sommes des agents de l'Etat et la dotation globale de fonctionnement est faite aussi pour rétribuer les missions que nous accomplissons pour l'Etat", a-t-il rappelé... pour inviter les maires à se mettre en grève dès lors qu'ils accomplissent des actes pour le compte de l'Etat ?