Arras résiste au déclin et organise la renaissance commerciale de son centre-ville (62)
Au cœur d’une zone de chalandise de 160.000 habitants et en dépit de l’afflux de touristes, Arras a connu une inquiétante période de dévitalisation commerciale. Les élus ont réagi depuis plusieurs années et les fruits de leur travail partenarial ont permis d’inverser la tendance.
Avec ses 42.000 habitants au cœur d’une communauté urbaine qui en compte plus de 100.000, Arras connaît le même problème de dévitalisation commerciale que beaucoup de villes comparables. Dès 2012, les élus signent une charte de développement commercial avec les chambres consulaires, les associations de commerçants et les Marchés de France. Les signataires se réunissent au moins tous les trimestres au sein d’une commission mixte permanente et rédigent le pacte pour le commerce 2020 qui vise à faire d’Arras la principale destination commerciale entre Paris et Lille. "C’est un projet très ambitieux qui exprime l’engagement des élus et de tous les acteurs du commerce arrageois pour conduire une politique très volontaire de développement commercial", reconnaît l’adjointe au maire en charge du commerce, Nadine Giraudon. Une politique qui peut s’appuyer sur l’attrait touristique d’Arras, dont le beffroi et la citadelle sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco.
Forte vacance des commerces et des logements
Une étude sur l’architecture commerciale de la ville est confiée fin 2015 à un cabinet d’ingénierie commerciale et urbaine. Son coût de 150.000 euros sur trois ans est financé à 50% par la communauté urbaine. Début 2016, elle livre un diagnostic inquiétant. La vacance des locaux commerciaux atteint 17,5%, soit cinq points de plus que la moyenne nationale. À cela s’ajoute la vacance de 900 logements en centre-ville qui prive les commerces de clients de proximité. La municipalité prend le taureau par les cornes et décide de mettre en place un dispositif complet de redynamisation de son centre-ville avec l’appui du cabinet d’ingénierie auteur de l’étude. Parmi ses préconisations figure la création d’une direction du développement commercial qui comporte deux pôles : d’un côté, la stratégie du développement commercial (voir encadré) ; de l’autre, l’occupation commerciale du domaine public terrasses de cafés, marchés, installation d’étals de commerçants devant les boutiques, etc. Ce pôle sera bientôt renforcé par un animateur centre-ville.
La baisse du prix des loyers commerciaux oxygène les commerçants
Cette organisation permet à la ville de lancer plusieurs initiatives fortes. Les négociations déjà engagées avec les agents immobiliers sont renforcées pour convaincre les propriétaires de baisser les loyers trop élevés afin de les faire correspondre à l’état du marché. En moyenne, ils baissent d’environ 30%. Par ailleurs, des baux dérogatoires et des loyers progressifs permettent aux commerçants de s’engager sur des périodes plus courtes et de réduire la charge locative en phase de lancement quand le fruit de leur activité ne couvre pas encore tous les investissements. Des franchises de loyers sont aussi accordées en cas de travaux. Résultat de ces actions, parmi les 50 implantations commerciales de 2016, une seule a fermé.
Droit de préemption, une arme dissuasive
Le 3 avril 2017, la ville a voté la mise en place du droit de préemption, en accord avec les chambres consulaires qui ont participé à la définition des zones où il peut s’appliquer. Le directeur du développement commercial, Serge Policante, le considère avant tout "comme un outil de dissuasion pour empêcher, par exemple, qu’un snack peu qualitatif reprenne un local où s’exerçait une activité typique et importante du centre-ville." En outre, le PLU en vigueur limite l’extension de zones commerciales en périphérie et encourage la création de commerces d’alimentation en cœur de ville pour éviter l’évasion des habitants.
Réhabiliter logements et espaces publics
La réduction de la vacance dans l’habitat s’appuie sur un dispositif soutenu par la communauté urbaine d’Arras qui octroie jusqu’à 40.000 euros d’aide à la rénovation par logement aux investisseurs privés. Ses travaux devront prendre en compte une particularité de l’architecture arrageoise qui favorise la vacance : l’accès aux logements du centre-ville se fait généralement par les commerces du rez-de-chaussée. La ville propose aussi une subvention pour rénover les façades et a voté une obligation décennale de ravalement.
Sur les espaces publics, des travaux sont effectués pour rendre les trottoirs plus agréables et accessibles et les équiper de mobiliers urbains homogènes et adaptés aux attentes d’aujourd’hui.
Pour donner envie de faire du shopping, en pensant aussi aux nombreux touristes qui la visitent, la ville a aussi travaillé sur la mobilité, la fonctionnalité des espaces publics, les espaces verts et la sécurité. "Pérenniser le commerce en centre-ville demande de mener de front l’ensemble de ces actions et nous avons lancé la réflexion sur une charte de l’environnement urbain pour formaliser notre démarche", précise l’élue au commerce.
Premiers résultats : une baisse de neuf points de la vacance
Ce dispositif de revitalisation, qui est toujours en cours, a déjà produit des résultats appréciables. En 2017, la vacance a été ramenée à 8,5%, soit 9 points de moins en un an, et la cinquantaine de projets à l’étude cette année laisse présager, sans trop d’optimisme, qu’elle descendra à 6%. Mais l’adjointe au maire en charge du commerce ne crie pas victoire : "Nous avons conscience que la situation est encore fragile et qu’il nous faudra consolider et mener à terme toutes nos actions pour pérenniser le commerce en centre-ville."
Missions du responsable de la stratégie commerciale
Antoine Cornuel, en fonction depuis un an, assure l’accueil et le suivi des porteurs de projet. "Je suis leur référent mairie, l’interlocuteur unique qui les met en relation avec les autres services et partenaires." Il pilote l’étude d’architecture commerciale avec le cabinet d’ingénierie commerciale et urbaine et met en place ses préconisations. "Nous travaillons actuellement sur l’image de marque du commerce d’Arras et sur la réduction de la vacance des logements situés au-dessus des commerces. J’effectue également un travail de prospection, notamment lors des salons liés au commerce. En plus de ces missions, je travaille au quotidien avec les agents immobiliers et les acteurs économiques du territoire pour accompagner les porteurs de projet."
Commune d'Arras
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