Après les annonces de Lactalis, les régions cherchent des débouchés pour les éleveurs

Après l’annonce fin septembre 2024 de Lactalis, premier groupe laitier mondial, de la réduction de ses collectes de lait en France, les régions sont inquiètes. Deux d'entre elles, Grand Est et Pays de la Loire, tentent de trouver de nouveaux débouchés pour les éleveurs afin de préserver les capacités de production locales. 

"Notre objectif aujourd’hui, c’est de travailler avec l’aval pour que les producteurs soient assurés de trouver un débouché", explique à Localtis Béatrice Moreau, vice-présidente de la région Grand Est, chargée de l’agriculture et de la forêt. Une réaction à la décision prise par le groupe Lactalis, leader mondial des produits laitiers, fin septembre 2024, de réduire d’ici à 2030 le volume annuel de ses collectes de lait en France de 450 millions de litres sur 5,1 milliards, soit une baisse de près de 9%. Une première étape prévoit dès 2026 une diminution de 320 millions de litres par non-reconduction des contrats de collecte. Lors du dernier congrès des régions à Sasbourg, la présidente de Régions de France, Carole Delga, s'était dite "profondément heurtée" par cette décision. Deux régions sont pour le moment concernées : Grand Est et Pays de la Loire.

Dans un communiqué de presse publié le 2 octobre, les élus de la région Grand Est expriment leur "profonde inquiétude". Selon eux, la décision de Lactalis pourrait non seulement déstabiliser les exploitations concernées mais également avoir des répercussions sur le tissu économique. "La filière laitière est essentielle pour notre région. Elle constitue une source de revenus pour de nombreuses familles et est un garant de l’emploi local", précisent-ils.

Même son de cloche du côté de la région Pays de la Loire, qui considère, dans un communiqué du 26 septembre, la décision de Lactalis "extrêmement préoccupante pour les producteurs et les acteurs de la filière laitière de la région". La priorité de la présidente de la région, Christelle Morançais, est la même qu'en Grand Est : identifier de nouveaux débouchés. La mobilisation de la région sera totale pour "préserver les capacités de production et défendre l’outil industriel", assure l'élue dans le communiqué.

Des solutions viables économiquement plus longues à mettre en place

De son côté, Béatrice Moreau estime qu'au moins trois entreprises de la filière du lait pourraient se substituer à Lactalis, dont le géant Sodiaal (marques Candia, Yoplait, Entremont, etc.). Mais "trouver et mettre en place des solutions viables économiquement et de long terme peut demander plus de temps que l’échéance annoncée par Lactalis", détaille-t-elle. La région espère dans un premier temps obtenir un délai supplémentaire d’au moins six mois, quitte à demander l’appui de la nouvelle ministre de l’Agriculture et de la Forêt, Annie Genevard, présente au Sommet de l’élevage qui se tenait du 1er au 4 octobre à Cournon, près de Clermont-Ferrand. Interpellée le 3 octobre sur le salon par un éleveur, la ministre a déclaré que la "très grande dépendance" à un groupe comme Lactalis était un facteur de fragilité" pour les exploitations. "Il faut réfléchir à une stratégie qui vous mette à l'abri de cette forme de mépris qui vous a été opposée", a-t-elle ajouté. La ministre doit rencontrer dans les prochains jours l’ensemble des acteurs de la filière du lait et "en premier lieu le président de Lactalis pour leur dire qu'aucun éleveur ne peut être laissé sur le bord du chemin".

Des premières mesures annoncées au Sommet de l'élevage

En attendant, Béatrice Moreau a pris contact avec BFC-CIL Grand Est, le comité interprofessionnel laitier commun aux régions d’Île-de France, du Grand Est et de Bourgogne-Franche-Comté. Objectif : soutenir les éleveurs mais aussi les entreprises de la filière qui pourraient contribuer à maintenir l’activité des exploitations touchées par la décision du leader mondial des produits laitiers.

Présent au Sommet de l'élevage, le 4 octobre, le Premier ministre, Michel Barnier, s'est exprimé plus largement sur les difficultés rencontrées par les agriculteurs qui, à la suite du mouvement de contestation du début d'année, attendent des mesures d'urgence. "On a une liberté, même dans un budget contraint", a insisté le Premier ministre, promettant des prêts garantis pour les exploitations en difficulté et une enveloppe de 75 millions d'euros pour aider les exploitants à faire face à la fièvre catarrhale ovine. Pour rappel, la FNSEA réclamait 100 à 150 millions d'euros d'indemnisation. La ministre de l'Agriculture avait quant à elle annoncé la veille que la vaccination gratuite et prise en charge par l'État serait désormais ouverte à toute la France pour la filière ovine.