Après la bataille des masques, les collectivités lancent celle des tests
Après la bataille des masques au printemps, les collectivités se lancent cet automne dans celle des tests, les régions demandant à l'État de pouvoir éviter les contraintes des appels d'offres pour gagner en efficacité.
"Le test sera au confinement 2, ce que le masque a été au confinement 1", résume à l'AFP Renaud Muselier, président de Régions de France et de la région Sud, assurant être sur la même ligne que Jean Rottner, médecin comme lui et président de Grand Est. Au printemps, régions, départements et maires s'étaient mobilisés pour fournir des masques à la population afin de permettre le premier déconfinement, certains élus passant des commandes massives à l'étranger, d'autres sollicitant des entreprises locales. Pour ce deuxième confinement, comme l'explique Renaud Muselier, l'enjeu consiste à effectuer des tests rapides, notamment dans les écoles et les entreprises, afin de repérer rapidement des foyers de contamination, isoler les malades et empêcher ainsi la propagation du virus.
Depuis le début du reconfinement il y a quinze jours, l'Île-de-France a annoncé l'achat de 100.000 tests antigéniques pour les lycées et l'installation de barnums dans les 50 gares les plus importantes de la région afin que les personnes présentant des symptômes puissent s'y rendre et obtenir rapidement les résultats. "Ce que veut la région, c'est gagner la bataille des tests, comme nous avons gagné la bataille des masques au printemps dernier", a affirmé la présidente Valérie Pécresse lors d'une conférence de presse.
Dans la région Sud, Renaud Muselier a d'ores et déjà mis la barre à "un million de tests d'ici Noël, avec des résultats sous 12 minutes", misant sur le lancement dès la mi-novembre "d'une centrale de mise en relation entre les acheteurs et les producteurs" de tests. En partenariat avec l'agence régionale de santé (ARS), la région Sud a d'ores et déjà acheté 50.000 tests antigéniques et salivaires, dont 25.000 pour les lycées, 5.000 pour les centres régionaux des oeuvres universitaires (Crous), les 20.000 restants étant distribués en fonction des besoins des territoires. La région a également acquis "onze machines de tests rapides fournis pour les hôpitaux de la région qui en sont démunis" et fait appel aux marins-pompiers de Marseille qui disposent de la technologie nécessaire "pour effectuer des tests dans les eaux usées" et remonter ainsi jusqu'aux foyers de contamination.
La contrainte des appels d'offres
Mais à la différence des masques au printemps, qu'elles ont pu acheter dans l'urgence sans passer par des appels d'offres, les régions sont pour l'instant tenues d'y recourir pour l'achat de quantités importantes de tests, une "contrainte" que Renaud Muselier aimerait suspendre. "Pour mener cette guerre des tests, nous demandons la facilité d'achat", souligne-t-il, précisant que les régions "sont en train d'en parler avec le gouvernement".
La bataille des tests ne se limite évidemment pas aux régions. En Alsace, les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin ont mis en place une initiative conjointe sur les tests PCR, soit 500 tests quotidiens réalisés par le laboratoire départemental d'analyses. À l'échelon des communes, le président de l'Association des maires de France (AMF), François Baroin, a inauguré jeudi dans sa ville de Troyes, un centre de dépistage. Frédéric Chéreau, maire de Douai et président de la commission santé de l'AMF, estime que le rôle des villes consiste à jouer un rôle de facilitateur. "Nous intervenons surtout dans la mise à disposition de locaux, explique-t-il à l'AFP. On communique sur les lieux de tests et les horaires. Nous faisons notre métier dans ce domaine-là où nous n'avons pas de compétence sanitaire particulière."
C'est le cas de Grenoble, par exemple. À la demande du maire, Éric Piolle, l'ARS y a autorisé deux opérations collectives dans deux quartiers de la ville, permettant de repérer une circulation du virus élevée. Les tests ont été financés par l'ARS, le CHU de Grenoble Alpes mettant à disposition du personnel et du matériel. Quant à la ville, elle a financé "la communication et mobilisé 10 à 15 agents".