Agnès Pannier-Runacher défend l"'écologie populaire"
Lors de sa cérémonie de vœux aux acteurs de la transition écologique, la ministre a plaidé de nouveau ce 28 janvier pour une "écologie populaire" en cette "année de tous les dangers pour l’environnement".
C'est sous le signe de la "gravité" que la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a présenté ses vœux aux acteurs de l'environnement ce 28 janvier au Museum national d'histoire naturelle. "2025 sera l'année de tous les dangers pour l'environnement. Danger, car nous sommes confrontés à la montée des populismes qui voudraient faire de l'écologie l'origine de tous nos maux", a-t-elle déclaré. Or, a-t-elle défendu avec force, "l'écologie n'est pas un luxe réservé à une élite de grandes villes" mais "la seule réponse viable dont nous disposons pour lutter contre trois menaces - le dérèglement climatique, la disparition de la biodiversité et les pollutions", qui "affectent déjà nos vies". C'est l'"inévitable solution", a-t-elle plaidé.
Adaptation au changement climatique
Pour "être à la hauteur, l’écologie se doit d’être populaire" et "répondre aux préoccupations du quotidien des Français", offrir "des bénéfices individuels, tangibles, égoïstes", et "assurer la sécurité des Français". C'est tout l'enjeu selon elle du troisième plan national d’adaptation au changement climatique dont la concertation s’est conclue fin décembre et qui sera publié "dans les prochaines semaines".
En outre, les services du ministère accompagneront 100 intercommunalités comme Douai, Niort et Chamonix afin qu’elles disposent "d’ici la fin de l’année, d’un diagnostic et d’une feuille de route". La ministre lancera également cette année "le financement des projets correspondants". Concernant plus particulièrement les zones littorales, la ministre veut disposer "d’ici la fin d’année, d’un dispositif d’accompagnement et de financement clair et unique pour les protéger de la submersion marine et du recul du trait de côte".
Par ailleurs, une mission de préfiguration d’une "réserve citoyenne pour la prévention des risques et la gestion de crise" sera lancée. Elle permettra de disposer de "sentinelles prêtes sur le terrain pour affronter les catastrophes naturelles, en complément des forces de secours".
Agnès Pannier-Runacher veut aussi "soutenir l’inscription" de la proposition de loi de la sénatrice Christine Lavarde (LR, Hauts-de-Seine). Voté au Sénat, le texte doit permettre d'"assurer l’équilibre du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles". Et, avec le ministre de l’Économie et des Finances, Éric Lombard, la ministre compte "faire évoluer" le modèle assurantiel dans le contexte du dérèglement climatique en s'appuyant "sur tous les travaux menés ces dernières années". "Car il est inacceptable que des communes ou des particuliers ne puissent plus s'assurer", souligne la ministre.
Eau et biodiversité
Pour s’attaquer à la raréfaction de la ressource en eau, la ministre poursuivra le déploiement du plan Eau de mars 2023, en plus de porter "trois ambitions". La première vise à "définir une doctrine sur le stockage de l’eau" et à "aller plus loin dans la réutilisation de l’eau" sur le modèle de l’Espagne et d'Israël. La ministre veut "enfin" publier la feuille de route sur la qualité des eaux de captage et travailler, "bassin par bassin, à un plan pour traiter de la ressource en eau à horizon 2050" qui traitera des questions de gouvernance, de financement et de régulation des petit et grand cycles de l'eau face au dérèglement climatique.
La ministre entend en outre "reprioriser" la stratégie nationale de la biodiversité "en fonction des moyens financiers qui lui seront alloués pour ne pas les disperser". Elle va d'abord "engager un plan pour faire face aux espèces invasives" (moustique tigre, frelon asiatique) et "poursuivre" le travail de labellisation de nouveaux territoires placés sous protection forte dans le cadre de la planification maritime qui devrait être annoncée "au premier semestre". "Dans le prolongement des travaux menés sur les crédits biodiversité", la ministre entend "mobiliser massivement les financements privés". Elle a prévu de "rencontrer dans les prochains jours, les acteurs prêts à porter et financer des projets de protection et de restauration de la nature".
ZAN, ZFE : vers des aménagements locaux
La ministre a aussi défendu des politiques publiques parfois critiquées comme les zones à faibles émissions (ZFE), le zéro artificialisation nette (ZAN) et le diagnostic de performance énergétique (DPE) des bâtiments. "Je ne renoncerai pas", a-t-elle lancé, tout en reconnaissant que ces dispositifs "ne sont pas parfaits" et que "des aménagements locaux sont nécessaires".
Concernant le ZAN, une mission va être lancée avec les ministres Éric Lombard et François Rebsamen afin de proposer des "pistes permettant qu’il soit moins difficile et moins coûteux de réaménager une zone déjà artificialisée par rapport à une zone naturelle". Afin de reconquérir la "France moche", la ministre va aussi poursuivre "les échanges et le travail sur le ZAN avec les parlementaires".
Agnès Pannier-Runacher va aussi effectuer "le tour des 40 collectivités concernées par la mise en œuvre" des ZFE. Objectif : "les écouter et les aider à aménager, avec pragmatisme, les réglementations".
Sur le DPE, le gouvernement soutiendra la proposition de loi du député Bastien Marchive (EPR, Deux-Sèvres) afin de "répondre aux copropriétaires qui souhaitent rénover leur logement". Agnès Pannier-Runacher veut encore proposer au Premier ministre "de lancer une mission prospective de référence". Sur le modèle de celle confiée aux économistes Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz, elle devra permettre de "caractériser enfin, économiquement et socialement, la fracture écologique qui s’installe dans [le] pays et les nouvelles formes de précarité qui y sont attachées".
Stratégie nationale bas carbone, énergie, matières premières
La ministre a en outre indiqué que la stratégie nationale bas carbone serait publiée "d’ici à l’été". Alors que les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse au troisième trimestre 2024, elle réunira les acteurs économiques "secteur par secteur, avec les ministres concernés", pour "travailler à des mesures correctives rapides".
La ministre veut encore lutter contre "deux dépendances particulièrement nocives" pour le pays : celle aux énergies fossiles et aux matières premières. La programmation pluriannuelle de l’énergie sera ainsi publiée "au début du deuxième trimestre". Le document "visera, d'ici 2035, à réduire d’un tiers [la] dépendance aux énergies fossiles au bénéfice du nucléaire, des énergies renouvelables, notamment la géothermie et l’hydraulique". La sobriété énergétique sera également une "priorité". Agnès Pannier-Runacher veut également lancer cette année "la filière des emballages industriels et commerciaux" et travailler "avec les collectivités locales pour passer un cap" en matière de tri des déchets.
En termes de "méthode de travail", la ministre vise une simplification "drastique", appelant à "un juste équilibre entre normes et action" et souhaitant passer "d’une logique de moyens à une logique de résultats". Elle vient ainsi d’engager avec le ministre de l’aménagement du territoire François Rebsamen une "mission pour renforcer les actions et l’impact [du] ministère et [des] opérateurs dans un contexte général hostile à la transition écologique".