23 départements "sous surveillance"... dont 22 non-confinés
Le Pas-de-Calais confiné le weekend, désormais 23 départements placés "sous surveillance", espaces commerciaux de plus de 10.000 m2 fermés et possibilité de limiter l'accès à certains lieux très fréquentés dans ces départements, "coup d'accélérateur" sur la vaccination dès ce weekend… Les annonces de Jean Castex ce 4 mars ont été moins drastiques que ce que l'on pouvait craindre il y a une semaine.
"Nous ne sommes pas confrontés, en tous cas pas à ce stade, à une hausse exponentielle de l'épidémie, comme certains modèles le prévoyaient", a affirmé le Premier ministre en débutant ce jeudi 4 mars sa conférence de presse hebdomadaire, relevant que "sur les sept derniers jours, le nombre de contaminations quotidiennes a augmenté de 1,4%, alors que ce même chiffre était de +14% au cours de la semaine précédente". Deux "éléments préoccupants" toutefois : des hôpitaux "toujours soumis à une forte pression" et des "situations territoriales toujours plus contrastées".
Dans les 20 départements placés la semaine dernière sous "surveillance renforcée", la propagation du virus a bien continué d'augmenter (sauf dans deux d'entre eux, les Bouches-du-Rhône et la Moselle), avec des niveaux d’incidence dépassant le seuil des 250 pour 100.000 habitants (de 217 en Meurthe-et-Moselle à 342 à Paris et dans la petite couronne).
Et désormais, trois nouveaux départements ont atteint ce seuil de 250 : les Hautes-Alpes, l’Aisne et l’Aube. Les voici dont eux aussi dans la catégorie "surveillance renforcée".
Enfin, deux départements dépassent un seuil de 400 : les Alpes-Maritimes, déjà en partie soumises au couvre-feu du weekend… et le Pas-de-Calais. Alors, comme cela se disait depuis déjà 24 heures, le Pas-de-Calais sera bien soumis à un couvre-feu ce weekend, sur le même principe – et très probablement les mêmes règles – que le littoral des Alpes-Maritimes et l'agglomération de Dunkerque, sans qu'il ait été précisé pour combien de weekends. Et cela concernera bien l'intégralité du territoire départemental. En outre, les grandes surfaces non alimentaires de plus de 5.000 m2 du Pas-de-Calais seront fermées.
Les 22 autres départements "à risque" – dont tous ceux de l'Île-de-France – échappent donc à ces deux mesures. Mais avec quatre ajustements à partir de ce vendredi 5 mars minuit :
- La fermeture des centres commerciaux ou grandes surfaces de plus de 10.000 m2, contre 20.000 m2 aujourd'hui. Ce qui concernerait 136 centres commerciaux supplémentaires, portant le total à 536 sur 800, selon le Conseil national des centres commerciaux (CNCC). La décision peut toucher aussi des grandes surfaces dans des secteurs aussi variés que le jardinage ou les équipements sportifs – soit "peut-être près de 8.000 à 10.000 commerces", selon l'Alliance du commerce.
- L'obligation du port du masque "étendue à toutes les zones urbaines où elle ne s’applique pas encore".
- Possible interdiction ou réglementation par les préfets – "en concertation avec les maires concernés" – de "l'accès à certains sites très fréquentés pendant les weekends, où l’on observe des regroupements de masse". Et Jean Castex d'évoquer "les images que nous avons vues encore le weekend dernier dans certaines grandes villes, y compris à Paris". Les quais de Seine très prisés et surtout très photographiés dimanche sont-ils dans le viseur ? Voire certains parcs et jardins ?
- De même, possible interdiction par les préfets des "manifestations organisées dans l’espace public, notamment pendant les weekends, lorsqu’elles présenteront un risque sanitaire avéré au regard de leurs conditions d’organisation".
Le chef du gouvernement a tenu à ajouter à cela deux "recommandations" : réduire les "contacts sociaux et familiaux" (le retour du conseil de "pas plus de six personnes à table" prodigué avant Noël) et "ne pas sortir, autant que possible", de son département ou, pour les Franciliens, de sa région.
Enfin, alors qu'il n'en avait dit mot la semaine dernière, il a bien précisé que même dans les autres départements moins touchés, il était "impossible à ce stade d'envisager des allégements territorialisés". De même, interrogé sur les propos de Gabriel Attal, qui avait évoqué mercredi un "retour à une vie plus normale (...) peut-être dès la mi-avril", Jean Castex s'est montré plus que prudent. Clairement, "l'heure n'est pas à envisager des réouvertures" (avis aux lieux culturels). C'est seulement lorsque sera dépassé "le seuil des 10 millions de personnes vaccinées", prévu au mieux pour la mi-avril, que "nous pourrions envisager de desserrer certaines contraintes", a-t-il prévenu. Le ministre de la Santé présent à ses côtés n'a guère dit autre chose : si une amélioration de la situation est espérée pour "avril ou mai" sous le double effet de la vaccination et de la météo, "d'ici là, pas de réouvertures ou d'allégement des contraintes".
La seule petite ouverture mentionnée concerne les résidents des Ehpad. Environ 80% d'entre eux ayant reçu une première dose de vaccin (60% deux doses), "la voie est désormais ouverte à une adaptation des règles qui régissent la vie sociale des résidents et notamment l’exercice du droit de visite pour les familles", ce que préconiserait le Haut Conseil de santé publique (en sachant par ailleurs que le Conseil d'Etat vient de suspendre l'interdiction de sortie des résidents d'Ehpad…).
La vaccination est donc bien désormais le grand sujet. Quelque 3,2 millions de personnes ont à ce jour reçu une première injection, et plus de 1,7 million ont reçu deux doses. L'objectif étant d'avoir "vacciné au moins 20 millions de personnes" d'ici mi-mai, soit tous les plus de 50 ans volontaires, le gouvernement estimant que "d'ici l'été, nous aurons reçu suffisamment de doses pour avoir proposé la vaccination à 30 millions de personnes, soit les deux tiers de la population de plus de 18 ans". 22 millions de doses sont attendues en mars et avril, contre 7 millions en janvier et février.
Quelques points de calendrier ont été rappelés :
- Plus de 75 ans : vaccination depuis janvier dans les centres de vaccination.
- Plus de 50 ans avec comorbidité : vaccination possible dès maintenant par son médecin traitant, ou en pharmacie à partir du 15 mars (Astra Zeneca).
- Plus de 50 sans pathologie : à partir de la mi-avril.
- Moins de 50 ans, avec "pathologie à très haut risque" (liste beaucoup plus restrictive que pour les plus de 50 ans – voir la fiche du ministère de la Santé) : depuis janvier en centre de vaccination ou maintenant chez son médecin traitant.
Pour donner le "coup d'accélérateur" nécessaire, un total de 135.000 nouvelles doses seront allouées aux 23 départements prioritaires dès maintenant, dont 10.000 dans le Pas-de-Calais, 12.000 à Nice et 11.000 à Paris ce weekend dans le cadre d'une opération flash. Olivier Véran parlant de "centres éphémères" pour ce weekend avec une "liberté organisationnelle laissée aux territoires" quant aux modalités d'accueil des populations concernées. "Maires, soignants, hôpitaux – tout le monde doit être sur le pont, y compris le weekend, pour vacciner aussi vite que possible", a insisté Jean Castex. La mairie de Paris a ainsi fait savoir dans la foulée que "les centres parisiens fonctionneront à plein régime tout le weekend, dimanche compris, avec une amplitude horaire exceptionnelle" et qu'un "appel à volontaires d’ampleur a été lancé" auprès des agents, médecins ou infirmiers libéraux, et dans le réseau des volontaires.