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Elections - 1er tour des régionales : et maintenant ?

Les scores du Front national, arrivé en tête dans six des treize nouvelles régions métropolitaines ce dimanche 6 décembre, marquent de facto le premier tour des élections régionales. De même que la décision du PS de retirer ses listes dans au moins deux régions. L'issue du second tour dimanche prochain reste toutefois plutôt incertaine dans nombre de régions. Rapide tour de France des faits saillants d'un scrutin qui était inédit... à d'autres titres aussi.

Au lendemain du premier tour de ces élections régionales 2015, on aurait théoriquement pu commencer à évoquer le devenir de ces nouvelles grandes régions aux périmètres inédits et aux compétences renforcées... On aurait aussi pu s'inquiéter du fait qu'un électeur sur deux ne soit pas allé voter : la participation s'est élevée à 50,3%, un chiffre certes légèrement meilleur qu'au premier tour des régionales de 2010... Et puis non, pour l'heure, comme partout depuis dimanche soir, impossible d'échapper au premier fait marquant de ce scrutin du 6 décembre, celui des scores historiques du Front national, arrivé en tête dans six des treize nouvelles régions métropolitaines redessinées par la loi du 16 janvier 2015 : Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire. Au total, le FN arrive en tête dans 46 départements, contre 43 au premier tour des départementales de mars dernier.

Des élus FN dans toutes les assemblées régionales de métropole

Avec près de 30% des suffrages en métropole, les listes FN dépassent les résultats obtenus lors du scrutin départemental (25,2%) et des européennes de mai 2014 (24,9%). Quasi-record également en nombre de voix : le FN a dépassé les 6 millions de suffrages, se rapprochant ainsi de son meilleur total obtenu par Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2012 (6,4 millions), avec une participation pourtant incomparablement moindre.
Mais surtout, l'écart est frappant par rapport aux dernières élections régionales, celles de 2010 : le FN avait alors obtenu 11,4% des voix. Il devrait compter des élus dans toutes les assemblées régionales de métropole, alors qu'il était absent ces cinq dernières années des assemblées de Bretagne, d'Aquitaine, des Pays-de-la-Loire, de Poitou-Charentes, du Limousin, de Basse-Normandie, d'Auvergne, de Corse, de Midi-Pyrénées et d'Ile-de-France.
Dans deux régions, le parti dépasse les 40%, un score assez rare pour un premier tour de régionales. En Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Marine Le Pen obtient 40,64%, reléguant Xavier Bertrand (Les Républicains) à 16 points (24,96%) derrière elle et Pierre de Saintignon (PS) 22 points plus bas (18,12%). En Provence-Alpes-Cote d'Azur (Paca), Marion Maréchal-Le Pen, avec 40,55% des votes, arrive très loin devant le Républicain Christian Estrosi (26,48%) et le PS Christophe Castaner (16,59%). En Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, le numéro deux du parti Florian Philippot est aussi en position favorable : il obtient 36%, dix points devant le président sortant de la région Alsace, Philippe Richert (liste LR/UDI/Modem), et 19 points devant le socialiste Jean-Pierre Masseret. Le compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot, arrive lui aussi en tête avec 30,9% en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, plus de cinq points devant Carole Delga (PS, 25,5%), le candidat LR Dominique Reynié se retrouvant en position de retrait à 18,6%. En Bourgogne-Franche-Comté, Sophie Montel voit sa liste arriver en tête avec 32,2% devant la droite de François Sauvadet (24,2%) et le PS (21,7%). Enfin, en région Centre, le FN est premier avec 30,5%, devant la droite à 25,8% et le PS à 24,5%.
En revanche, dans les régions où le FN est traditionnellement moins fort - Bretagne, Ile-de-France, Pays de la Loire -, le parti apparaît légèrement en retrait par rapport aux sondages d'avant scrutin.

A gauche, des réserves de voix à "rassembler"

Loin de la "vague bleue" espérée, l'alliance LR-UDI-MoDem est ressortie en tête dans seulement quatre régions : Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Pays de la Loire, Normandie de très peu.
Dans la région capitale, Valérie Pécresse a en effet pris la tête du premier tour avec 30%, mais distance moins qu'annoncé le PS de Claude Bartolone (25%). En Auvergne-Rhône-Alpes, le candidat de la droite et du centre, Laurent Wauquiez, sort largement en tête avec 31,73% des suffrages exprimés mais devra batailler pour ravir la nouvelle région au président sortant de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne (23,93%), pourtant devancé par le FN Christophe Boudot (25,52%).
Arrivé en troisième position en nombre de voix à l'échelle nationale (23,5%), le PS, qui présidait quasiment tous les exécutifs sortants, garde l'espoir de conserver au moins trois régions au second tour. Il se classe premier en Bretagne, emmené par un Jean-Yves Le Drian qui restera quoi qu'il arrive ministre de la Défense, ainsi qu'en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes avec les listes emmenées par Alain Rousset. Sa position apparaît également relativement confortable en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Il dispose en outre, à l'inverse de ses adversaires, d'importantes réserves de voix du côté des autres formations de gauche, parties souvent désunies. Europe Ecologie-Les Verts totalise 7% des suffrages et le Front de gauche 4%. Elles pourraient n'être en capacité de se maintenir que dans une seule région, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, où la liste d'union EELV-FG conduite par l'écologiste Gérard Onesta est créditée de 10%. "Faute d'avoir été rassemblés partout sous le même label, nous ne constituons pas une alternative crédible au PS et subissons le vote utile", a déclaré Eric Coquerel, tête de liste à Paris de la liste Front de gauche (PCF, PG et Ensemble).
"La dynamique et le rassemblement de la gauche doivent permettre d'aller plus loin et de l'emporter dans plusieurs régions", a ainsi souligné l'entourage de Manuel Valls. Un "rassemblement" sur lequel le PS mise pour espérer conserver Rhône-Alpes-Auvergne et l'Ile-de-France. "La gauche et les écologistes sont en position de gagner dimanche prochain en Ile-de-France", a assuré Claude Bartolone.

"Pendant cinq ans, les socialistes ne siégeront pas dans ces régions"

Mais là encore, la poussée du FN a tout bousculé pour le PS dans au moins deux régions. Elle le contraint en effet de sacrifier ses élus en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Paca. Pierre de Saintignon n'avait quasiment aucune chance de l'emporter contre Marine Le Pen. Martine Aubry, maire de Lille, s'est dite "fière" de la décision du candidat socialiste de retirer sa liste, tandis que l'ancien ministre PS des Transports Frédéric Cuvillier l'a "regrettée".
Très solennel, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a lui-même annoncé dimanche soir au siège du parti le retrait des listes PS dans le Nord et le Sud-Est. "Pendant cinq ans, les socialistes ne siégeront pas dans ces régions", a-t-il souligné, laissant ainsi entendre qu'il s'agissait bien de retraits de liste et non de fusions de listes. "Nous mesurons la tristesse de nos militants et de nos élus qui ont vaillamment mené campagne, celle des citoyens qui leur ont apporté leurs suffrages. Ce sacrifice pour notre idéal démocratique ne sera pas vain : il démontre que les socialistes savent être au rendez-vous démocratique", a déclaré Jean-Christophe Cambadélis.
Tôt ce lundi matin, le doute demeurait sur la liste du socialiste Jean-Pierre Masseret en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. Celui-ci a en effet affirmé dès l'annonce des résultats qu'il maintenait sa liste, mais Soférino a très vite fait savoir que les décisions concernant le devenir des listes seraient prises et annoncées par la direction du parti.
La droite fait preuve d'une "grande irresponsabilité" en refusant de se retirer ou de fusionner pour faire barrage au Front national, a critiqué l'entourage de Manuel Valls, le Premier ministre lui-même n'ayant pas pris la parole publiquement ce dimanche soir (il devrait s'exprimer ce lundi, en principe lors du journal de 20 heures de TF1).
Le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, a effectivement réaffirmé sa position du "ni retrait, ni fusion" avec la gauche pour le second tour. Les électeurs devront "se mobiliser en faveur de la seule alternance possible : celle incarnée par les républicains de la droite et du centre", a-t-il déclaré ; comme il l'avait fait tout au long de ses meetings. Un "ni-ni" que contestent tant le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde ("Partout où le Front national peut gagner, nous souhaitons le retrait des listes qui arrivent en troisième position, quelles que soient les listes"), que celui du MoDem, François Bayrou. Même dans son propre parti, le président de LR risque de se heurter à des résistances. Le bureau politique qu'il réunira ce lundi à la mi-journée pour décider d'une "stratégie commune" pourrait être houleux.
Et dès ce lundi, dans tous les appareils politiques, on s'interrogera sans doute sur la façon de profiter de l'entre-deux tours pour s'adresser aux abstentionnistes de dimanche et, peut-être aussi, pour redire quels rôles jouent - et ne jouent pas - les régions. D'aucuns, à ce titre, pourraient être tentés de se féliciter que la loi Notre soit venue supprimer la clause de compétence générale de ces mêmes régions.

C. Mallet, avec AFP

Ile-de-France
La droite de Valérie Pécresse a pris la tête du premier tour du scrutin dans la région symbole d'Ile-de-France mais distance moins que prévu la gauche de Claude Bartolone, qui fait mieux qu'annoncé, devant un FN qui double mais reste sous les 20%.
La liste LR-UDI-MoDem de Valérie Pécresse (LR), qui tente pour la seconde fois de présider la région dirigée depuis 1998 par le socialiste Jean-Paul Huchon, fait la course en tête avec 30,51%, dans un scrutin marqué par une abstention de 54,10% (et même de 63% en Seine-Saint-Denis), au-dessus de la moyenne nationale.
La députée des Yvelines, qui est à 37,23% à domicile, s'est enorgueillie d'être "en mesure de remporter la première région de notre pays et de mettre fin à 17 ans d'échecs en matière d'emploi, de transports, de logement et de pollution".
Mais la liste de droite a peu de réserves de voix et Mme Pécresse a fait immédiatement un appel du pied aux électeurs de Wallerand de Saint Just (FN) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France). "J'ai entendu votre colère", leur a-t-elle lancé.
La candidate d'une région meurtrie par les attentats du 13 novembre a promis "plus de sécurité" et de "rétablir l'autorité républicaine pour lutter contre le communautarisme, les trafics et la radicalisation".
En face, la gauche, qui partait éparpillée, fait mieux que ce qu'annonçaient les sondages. Claude Bartolone a dépassé les 25% (et 29,58% en Seine-Saint-Denis) tandis qu'Emmanuelle Cosse (EELV) s'adjuge 8% (et 10,92% à Paris) et 6,6% pour le Front de gauche mené par le trio Pierre Laurent (PCF), Eric Coquerel (Parti de gauche) et Clémentine Autain (Ensemble).
Tous ont pris la calculette: "Le total des voix de gauche est supérieur aux voix de droite, même avec celles de Dupont-Aignan", a affirmé Julien Dray, tête de liste PS en Val-de-Marne.
Claude Bartolone a appelé au "rassemblement total" des "socialistes, des écologistes et du Front de gauche". Le président de l'Assemblée nationale a aussi tendu la main à "tous les progressistes qui veulent lutter contre la droite et la droite extrême".
Pour autant, le Front national va siéger dans l'hémicycle après en avoir été absent lors de la dernière mandature. "J'ai doublé mon score par rapport à 2010 !", s'est réjoui Wallerand de Saint Just, qui recueille 18,41% contre 9,29% en 2010, et arrive en tête dans un des huit départements, la rurale Seine-et-Marne (31% des voix).
Mais il rate la barre des 20% que lui donnaient avec constance les sondages et se retrouve être l'une des rares listes FN, avec celles de Bretagne et des Pays de la Loire, à être en retrait par rapport aux prévisions.
Claude Bartolone s'est déclaré "fier que dans notre région, nous ayons réussi à contenir la morsure du FN".
Les tractations d'alliance à gauche ont débuté à peine finies les tournées de plateaux de télévision. Les états-majors ont entamé, en lieu "neutre" -- un hôtel du XIVe arrondissement de Paris -- des discussions qui pourraient durer toute la nuit.
Dans l'entourage de Mme Cosse, "l'enjeu est de mettre le plus possible d'écologie dans un accord" programmatique tandis que chez les communistes, il n'est pas question d'un tel accord mais d'une alliance de listes où "chaque force soit représentée à son poids réel".
A droite, Nicolas Dupont-Aignan, crédité de 6,57% (mais de 13% dans son fief de l'Essonne), définira lundi midi sa stratégie de second tour mais s'est isolé en se définissant lors de sa campagne comme "ni système ni extrême".
Wallerand de Saint Just a fait "un appel du pied" aux électeurs de DLF "pour qu'il y ait une véritable opposition au conseil régional".
Dans le camp Pécresse, on ne veut s'adresser qu'aux électeurs et aux abstentionnistes de droite: "La question qui se pose, c'est +stop ou encore+ à la gauche".

Auvergne-Rhône-Alpes
Le candidat de la droite et du centre Laurent Wauquiez est arrivé dimanche largement en tête au premier tour en Auvergne-Rhône-Alpes mais devra batailler pour ravir la nouvelle région au socialiste Jean-Jack Queyranne, pourtant devancé par le FN Christophe Boudot.
"On a un beau défi pour le second tour", a réagi le N.3 des Républicains, qui a réuni 31,73% des suffrages exprimés mais qui, après avoir déjà rallié l'UDI et le MoDem à sa candidature, ne bénéficie pas d'importants réservoirs de voix dans la perspective du second tour.
Cette première place est "la récompense d'un choix de clarté, d'un rassemblement qu'on a voulu très large", s'est félicité M. Wauquiez, en opposant sa position aux "négociations d'arrière-boutiques" de la gauche.
Ces négociations d'entre-tour vont s'engager très rapidement puisqu'un bon report des voix du Parti communiste et d'EELV-PG sur une liste Queyranne, qui a totalisé 23,93% des suffrages, pourrait placer celle-ci en tête au second tour.
"La région n'est pas encore perdue pour la gauche", a résumé une élue écologiste, même si les négociations s'annoncent tendues entre les partisans de M. Queyranne et ceux du rassemblement EELV-PG dont la tête de liste Jean-Charles Kohlhaas n'a pas ménagé ses critiques.
"On ne va pas faire un accord pour des sièges", a lancé M. Kohlhaas, dont la position de négociation est affaiblie par son faible score (6,90%), bien loin des espérances initiales nées de la conquête de Grenoble aux municipales.
La liste communiste de Cécile Cukierman (5,39%) a elle déjà annoncé son intention de rallier au second tour celle de M. Queyranne.
Mais l'écart à rattraper pour M. Queyranne est important: il accumule plus de 7 points de retard sur M. Wauquiez.
L'ex-ministre socialiste, qui brigue à 70 ans un troisième mandat, ne s'impose dans aucun département, alors qu'il préside la région Rhône-Alpes depuis 2004. Même s'il arrive en tête sur la ville de Lyon, il ne se place globalement qu'au troisième rang régional derrière le Front national de Christophe Boudot.
Pour sa part, M. Boudot recueille 25,52% des voix. Il y a cinq ans, le Front national, que menait alors en Rhône-Alpes l'historique Bruno Gollnisch en 2010, avait recueilli 12,78%.
La liste de M. Boudot est notamment arrivée en tête dans l'Ain (31,13%), la Drôme (29,19%) et l'Isère (27,67%), département marqué en octobre par des émeutes à Moirans et en juin par l'attentat de Saint-Quentin-Fallavier où un chef d'entreprise avait été décapité par un employé radicalisé.
M. Wauquiez devance ses adversaires dans tous les autres départements de la nouvelle région, notamment dans les bastions traditionnels de la droite et du centre: les deux Savoie, le nouveau Rhône, l'Auvergne, dont son département d'élection, la Haute-Loire où il totalise 51% des suffrages.
L'abstention a atteint dans la nouvelle région 50,70% contre 49,44% lors du scrutin de 2010.

Paca
Largement en tête au soir du premier tour avec 40,55% des voix, la députée FN du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen sera opposée le 13 décembre au seul député-maire LR de Nice Christian Estrosi pour tenter d'emporter la présidence de la région Paca.
Dans cette région présidée depuis 1998 par le socialiste Michel Vauzelle, la candidate d'extrême droite comptait dimanche soir 14 points d'avance sur la tête de liste des Républicains (26,48%) et 24 points sur le candidat socialiste, le député-maire de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) Christophe Castaner (16,59%). Dans son propre département, ce dernier a été devancé de plus de cinq points par la jeune députée.
En Provence-Alpes-Côte d'Azur, comme dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie où la présidente du FN Marine Le Pen a distancé ses adversaires, le Parti socialiste a choisi de ne pas présenter de liste au second tour pour faire un "barrage républicain" au FN.
Malgré de premières déclarations plutôt ambiguës, M. Castaner s'est finalement rangé à cette décision. En début de soirée, il avait accusé M. Estrosi d'avoir "semé, arrosé la graine de la fleur du mal que le FN veut récolter aujourd'hui". "M. Estrosi ne peut ce soir prétendre être le Républicain qui rassemblera les uns et les autres vers la victoire", avait-il aussi estimé.
"L'heure est grave. Le score atteint par le Front national est une menace pour les valeurs de la République", a-t-il dit quelques heures plus tard en annonçant le retrait de sa liste. "Je le fais avec beaucoup d'émotion avec beaucoup de peine", a-t-il commenté.
Vingt-trois ans après sa première apparition sur une affiche de campagne en Paca, dans les bras de son grand-père Jean-Marie, lors des régionales de 1992, Marion Maréchal-Le Pen semble à deux doigts de pouvoir emporter la présidence de la région, réussissant là où le fondateur du FN a échoué à trois reprises, en 1992, 1998 et 2010.
Dimanche soir, celle qui avait été élue plus jeune députée de France en 2012, à 22 ans, a salué sur TF1 un score "absolument historique", loin devant les 22,87% engrangés par son grand-père au second tour des régionales 2010.
Dans le Var, son score dimanche est de 44,57%, de 44,22 % dans le Vaucluse, de 39,86% dans les Bouches-du-Rhône. Dans les Alpes-Maritimes, fief du candidat Les Républicains, elle fait jeu égal avec M. Estrosi, avec 37,90% contre 37,91%.
Au second tour, la jeune femme, catholique pratiquante, pourrait en outre compter sur la Ligue du Sud de l'ex-frontiste Jacques Bompard (1,12%) qui s'est dit sur Twitter prêt à la recevoir dans sa ville d'Orange "pour organiser un soutien au second tour de cette élection".
"J'en appelle au rassemblement des patriotes et des démocrates autour de la seule équipe qui veut et qui peut changer les choses", lui a répondu Mme Maréchal-Le Pen devant ses militants réunis au Pontet, une ville du Vaucluse conquise en 2014 par le FN: "Une chance historique est à portée de main, je vous invite à la saisir avec nous".
"Nous sommes extraordinairement heureux de ce score qui nous honore et nous oblige à la fois", s'est-elle réjoui sur TF1, se disant convaincue de pouvoir l'emporter "même en duel" contre Christian Estrosi.
Ce dernier a salué "l'esprit républicain" des socialistes après l'annonce du retrait de leurs listes dans deux régions. "L'heure est grave, je sais la responsabilité qui pèse sur mes épaules", a déclaré sur iTELE le maire de Nice, estimant que ce serait "un drame national si le Front national l'emportait".
M. Estrosi, qui avait dans une précédente intervention appelé sa région à ne pas devenir "le laboratoire de l'extrémisme" a martelé souhaiter "faire barrage à des valeurs qu'(il) ne partage pas" comme "lorsque l'on veut supprimer le planning familial", une position défendue par la candidate FN lors de la campagne.

Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon
Dans son fief de Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon, le PS arrive en deuxième position dimanche, loin derrière le Front national, mais garde espoir qu'un bon report des voix de gauche lui donne la victoire, malgré le maintien de la droite, grande perdante.
Comme annoncé par les instituts de sondage, et à l'instar de cinq autres régions de France, la liste dirigée par le vice-président du FN, Louis Aliot, multiplie par trois son score cumulé de 2010, et mène la course avant le second tour des régionales.
Avec 31,83% des suffrages, Louis Aliot fait certes moins bien que Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais. Mais le Perpignanais caracole en tête dans six des treize départements de la région, avec 41,70% dans son bastion des Pyrénées-Orientales ou 40,64% dans le Gard.
Le FN approche de 60% à Beaucaire, ville administrée par le maire FN Julien Sanchez, et 45,81% à Béziers, la ville de Robert Ménard, apparenté FN.
Dans la région, forte de 5,6 millions d'habitants, Louis Aliot s'est félicité d'avoir fait "vaciller" le PS dans son "bastion historiquement de gauche".
Avec 24,41% des voix, l'ancienne secrétaire d'Etat PS Carole Delga parvient à la deuxième place, dans un paysage de divisions à gauche, à la faveur d'un mauvais score de son adversaire Dominique Reynié, tête de liste LR-UDI-Modem-CPNT, qui a néanmoins immédiatement annoncé son maintien.
M. Reynié, dont l'investiture avait fait grincer des dents dans son camp, remporte 18,84% des voix, nettement en dessous de ce que les sondages lui accordaient.
Le sursaut de mobilisation de l'électorat, avec une abstention de 45,75% contre 49% au premier tour de 2010, semble avoir profité à la gauche. La liste, conduite en binôme avec la ministre PRG du Logement Sylvia Pinel, arrive en tête dans cinq des 13 départements.
Si Carole Delga est loin d'atteindre les sommets de 2010 de Martin Malvy et Georges Frêche, à la tête des deux conseils régionaux sortants, elle devrait faire le plein de voix dimanche prochain, après avoir lancé son appel au "rassemblement à gauche".
Avec 10,26% des suffrages, Gérard Onesta, tête de liste EELV-Front de Gauche, a d'emblée souhaité une "jonction" avec la liste PS-PRG, même s'il est en position de se maintenir. Le maire de Montpellier Philippe Saurel (DVG), qui a réuni 5% des voix, et mène la danse dans sa ville (24%) ne donnera pas de consigne de vote avant lundi.

Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes
Le socialiste Alain Rousset, en dépit d'une chute de plus de sept points, est arrivé en tête au 1er tour des élections régionales dimanche en Aquitaine/Limousin/Poitou-Charentes avec 30,4% des voix, soit trois points d'avance sur une union de la droite et du centre en recul par rapport au scrutin de 2010 (27,2%).
En troisième position, le Front national et sa tête de liste Jacques Colombier triple presque son score par rapport aux précédentes régionales, avec 23,2% (contre 8% en 2010 sur le périmètre de la nouvelle grande région).
Bien qu'elle se déclare "au coude-à-coude" avec son adversaire socialiste à l'issue du premier tour, Virginie Calmels, tête de la liste d'union de la droite (Les Républicains-UDI-MoDem-CPNT), enregistre un score décevant puisqu'en 2010 l'UMP et le MoDem, avec des listes concurrentes, avaient totalisé plus de 32% des voix (24,66% et 7,57% respectivement). Et ce d'autant plus que de récents sondages donnaient la première adjointe d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, également soutenue par François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau, en tête au premier tour.
En conséquence, Virginie Calmels a implicitement appelé les électeurs du FN à voter pour elle au second tour afin de faire échec à Alain Rousset, président sortant de la région Aquitaine: "Je veux m'adresser à tous les électeurs du Front national et je veux leur dire que le Front national n'a ici aucune chance de gagner l'élection. Alors s'ils votent Front national au second tour, ils feront élire le candidat socialiste, élu depuis 18 ans", a-t-elle lancé.
Mme Calmels est bien au coude-à-coude avec Alain Rousset, voire légèrement devant lui, dans la Creuse, dans les Deux-Sèvres et même en Corrèze, le fief du président François Hollande (29,5% contre 28,9% au PS).
Elle arrive en tête dans les quatre départements de Poitou-Charentes mais accuse un net retard dans son département de la Gironde (27,4% contre 33,8% à Alain Rousset). Et elle est aussi largement distancée dans le bastion socialiste des Landes (35% au PS, 26% à la droite) et même dans les Pyrénées-Atlantiques, un département pourtant contrôlé par l'union de la droite et du centre (32,8% contre 28,2%). En Dordogne, elle est devancée par le Front national et ne décroche que la troisième place (32% à Alain Rousset, 24,8% au FN et 23,5% pour la droite).
Globalement, le FN triple son score dans la plupart des départements par rapport au premier tour en 2010, avec une percée notable dans le Lot-et-Garonne où il décroche la première place (31,8%) distançant nettement le PS (26,2%) grâce à une forte implantation dans le monde agricole.
Au second tour, dans une triangulaire, Alain Rousset pourrait compter sur l'apport des voix écologistes, la liste EELV de Françoise Coutant obtenant entre 5,6%, moitié moins qu'en 2010 (11,8%), mais pouvant donc fusionner. Le Front de Gauche d'Olivier Dartigolles, lui, manque de peu la barre des 5% (4,85% contre 9,50% en 2010) et ne pourra donc pas briguer des sièges sur une liste d'union de la gauche.

Pays de la Loire
Dans les Pays de la Loire, l'union de la droite, menée par Bruno Retailleau (Les Républicains), est arrivée largement en tête dimanche du premier tour des régionales, devant le PS et ses alliés, talonnés par le FN.
Avec 33,49% des voix contre 25,75% au candidat du Parti socialiste et 21,35% au Front national, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, creuse l'écart. Mais la reconquête de cette région traditionnellement de droite, ravie en 2004 à François Fillon par le socialiste Jacques Auxiette, qui ne se représentait pas après deux mandats, reste incertaine.
"Le total des voix de gauche est légèrement supérieur aux voix de droite", a souligné le président PS sortant, prédisant un "score extrêmement serré" au second tour.
Grâce à une alliance dès le premier tour avec l'UDI et le MoDem, "on fait le meilleur score national des régions de France", s'est réjoui M. Retailleau, vice-président du conseil régional de 1998 à 2004. Il est en tête dans trois des cinq départements et juste derrière le PS en Loire-Atlantique, seul département encore à gauche. Et il obtient 45,71% des suffrages dans son fief, la Vendée.
Le candidat socialiste et actuel premier vice-président de la région, Christophe Clergeau, qui s'est allié au premier tour avec le PRG et plusieurs formations écologistes, a appelé "au rassemblement de l'ensemble de la gauche, comme en 2004 dès le premier tour, et comme en 2010 au deuxième tour". Il a assuré qu'il "trouverait un accord" avec EELV, malgré leurs profondes divergences sur le dossier de transfert de l'aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes.
Dans cette commune de Loire-Atlantique, la liste EELV menée par Sophie Bringuy arrive d'ailleurs en tête (29,67%). Mais au niveau régional, EELV chute de moitié, passant de 13,64% des voix, il y a six ans, à 7,82%.
Fort des 21,23% aux départementales de mars dernier, le Front national triple son score du premier tour des régionales de 2010 (7,05%) et, avec près de 30% des voix, arrive en tête dans la Sarthe, d'où vient sa tête de liste, Pascal Gannat.
Alors que le FN sera présent pour la première fois au second tour des régionales dans les Pays de la Loire, M. Gannat, ancien chef de cabinet de Jean-Marie Le Pen, "rêve de dépasser les 25%", dans l'hypothèse où le parti Debout la France (4,09%) appellerait à voter pour sa liste.
Le Parti communiste n'obtient que 3,33% et dans cette région épargnée par la réforme territoriale, la liste régionaliste, partisane d'un rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, n'obtient que 1,27% des suffrages.

Bretagne
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, sans faire campagne et même sans être sûr de présider la région en cas de succès, se place largement en tête pour le second tour des élections régionales en Bretagne où son score fait exception dans le paysage national.
Avec 34,92 % au premier tour, M. Le Drian a devancé son concurrent Marc Le Fur (LR) qui n'obtient que 23,46% et Gilles Pennelle (FN), qui avec seulement 18,17% ne progresse pas par rapport aux dernières élections départementales (18,3%).
La liste de M. Le Drian est arrivé en tête dans les quatre départements bretons, y compris les Côtes-d'Armor dont M. Le Fur est député, et qui avaient basculé à droite aux départementales.
Bien qu'en position de grand favori, le ministre-candidat, ex-président de la région de 2004 à 2010, a appelé dès dimanche soir au siège du PS breton à "une mobilisation très puissante au second tour pour que "la nouvelle Bretagne, la Bretagne de la confiance, soit en marche".
Pourtant, dans la région, la campagne s'est pratiquement faite sans lui, en particulier après les attentats parisiens à la suite desquels il a annulé tous les meetings qu'il avait initialement prévus.
Ses principaux opposants ont à plusieurs reprises appelé M. Le Drian à clarifier sa position en cas d'élection. Ce qu'il a fait, n'écartant pas, à deux semaines du scrutin, la possibilité pour lui, même élu, de rester ministre de la Défense tant que le président de la République François Hollande le jugera nécessaire. Dans cette hypothèse il laisserait la gestion de la région à ses vice-présidents.
Une position qui suscitait toujours de l'aigreur chez ses opposants dimanche soir.
"Ces résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances et nous appelons à un sursaut des Bretons. Nous avions un candidat qui parlait du Moyen-Orient, et un autre qui parlait des banlieues, nous, nous avons parlé des Bretons et des Bretonnes", a ainsi lancé Marc Le Fur sur France 3 Bretagne.
"Je fais le pari que le FN en Bretagne va encore progresser dans l'entre-deux tours", a déclaré pour sa part Gilles Pennelle (FN) sur twitter.
Le régionaliste Christian Troadec, ex-leader des Bonnets rouges qui s'étaient opposés à l'écotaxe, n'a finalement pas atteint les 10% espérés. Avec 6,71% des voix, il gardait néanmoins la possibilité de fusionner, mais a d'ores et déjà annoncé qu'il y renonçait.
Il n'y aura "pas de consigne de vote pour le second tour", a déclaré M. Troadec, qui s'est avoué "déçu" sur France Bleu. Si, sur ses terres il a obtenu 10,63% en Finistère, ses scores n'ont pas suivi en Ille-et-Vilaine (3,68%).
Les écologistes d'EELV ont eux aussi passé la barre des 5% avec 6,70% pour la liste de René Louail, un score quasiment divisé par deux par rapport aux régionales de 2010. M. Louail a évoqué sur France 3 Bretagne des discussions avec l'équipe de campagne de Jean-Yves Le Drian en vue du second tour.

Normandie
La Normandie réunifiée va connaître au second tour des élections régionales une triangulaire très incertaine après un premier tour où la droite est talonnée par le FN tandis que le PS, en nette baisse, dispose néanmoins de réserves de voix pour espérer gagner sur le fil.
Avec 27,91% des voix, Hervé Morin (UDI), tête de liste de la droite et du centre, longtemps donné favori, vire en tête, mais de très peu.
Le Front national, mené par Nicolas Bay, secrétaire général du parti, obtient 27,71%, réalisant des scores élevés dans certaines zones rurales, et arrivant en tête dans trois des cinq départements, l'Eure, l'Orne, et la Seine-Maritime.
Le PS, associé au PRG, aux progressistes de Robert Hue et aux écologistes de Cap 21, avec pour tête de liste le jeune Nicolas Mayer-Rossignol, président sortant de la Haute-Normandie, est en nette baisse par rapport au premier tour des régionales de 2010 (34,8% en Haute-Normandie et 32,5% en Basse-Normandie) mais malgré ses 23,52% il peut encore remonter.
Avec le Front de gauche à 7,04%, et EELV à 6,14%, la gauche a une réserve de voix théorique. Encore faudrait-il que les reports de voix soient bons.
M. Mayer-Rossignol, proche de Laurent Fabius, a déclaré vouloir "porter le rassemblement de la gauche et de tous les progressistes". "On a besoin pour cette région de sérieux, de compétence, de solidarité pour tous les territoires", a-t-il dit à l'AFP.
"La gauche additionne des carottes et des tomates", a aussitôt raillé Hervé Morin dans un entretien à l'AFP, insistant sur les divergences au sein de la gauche.
Pour l'ancien ministre de la Défense, la droite et le centre doivent améliorer leurs scores dans les campagnes. "Le monde rural a exprimé sa colère mais je l'appelle, au second tour, à voter pour nous", a-t-il ajouté.
Le Front national est arrivé en tête dans deux départements très ruraux, l'Eure (33,58%), très proche de la région parisienne, et l'Orne (30%), atteignant des scores parfois supérieurs à 60% dans certains villages, ainsi qu'en Seine-Maritime (28%), de loin le département le plus industriel et le plus peuplé.
Nicolas Bay s'est félicité de la "très forte dynamique du Front national", soulignant sur France 3 que "M. Morin ne dispose d'aucune réserve de voix". Il a fait un appel du pied au candidat souverainiste de Debout la France, Nicolas Calbrix, qui a réalisé un score de 4,14%.
Mais M. Calbrix n'a donné aucune consigne, précisant qu'un bureau national de DLF devait se réunir lundi pour adopter une position.

Nord-Pas-de-Calais-Picardie
Enorme poussée du FN, effondrement de la gauche, bonne tenue des Républicains: le premier tour des élections régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie laisse face à face Marine Le Pen, la mieux placée, et Xavier Bertrand pour la conquête d'une région qui a toujours été à gauche.
Contraint de se retirer à cause d'un piètre score (18% environ), le socialiste Pierre de Saintignon laissera Marine Le Pen et Xavier Bertrand (Les Républicains) s'affronter en duel au second tour. Conséquence, la gauche n'aura pas d'élus au conseil régional.
La seule question qui se posait dimanche soir était de savoir si la présidente du FN pourrait être battue au second tour, grâce à une coalition des Républicains, le parti de Nicolas Sarkozy, et de la gauche, qui a du mal à prendre forme.
Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a demandé au socialiste Pierre de Saintignon, arrivé troisième, de se retirer. Le socialiste s'est exécuté quelques minutes plus tard, non sans critiquer vertement "l'attitude arrogante" de M. Bertrand, qui a refusé toute discussion avec lui.
Avec plus de 40% au premier tour (entre 40,3% et 41%), Marine Le Pen, et le Front national qu'elle dirige, a réalisé un score stratosphérique, pratiquement le double en pourcentage de celui qu'avait réalisé le FN aux régionales de 2010 (20,21% si l'on fait la moyenne pour le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie, alors séparés).
En voix, c'est même plus du double, la participation ayant progressé d'environ dix points par rapport à 2010, selon des données encore provisoires.
Le résultat de Marine Le Pen est conforme aux intentions de vote mesurées avant le scrutin par les instituts de sondages, dans cette région où le taux de chômage est le plus élevé de France (12,4% au 2e trimestre 2015).
Elle réalise des scores impressionnants, par exemple à Calais, une ancienne ville communiste dirigée par Natacha Bouchart (Les Républicains), sous les feux de l'actualité en raison de l'afflux de migrants. Elle y recueille pratiquement la moitié des voix (49,10%). A Hénin-Beaumont, dirigé par Steve Briois (FN), elle obtient 59,36%.
A la tête de la région depuis la première élection au suffrage universel direct en 1986, la gauche, toutes familles confondues, essuie une défaite historique.
Pierre de Saintignon, à la tête d'une liste PS-Divers gauche-Union des écologistes, obtient seulement entre 18% et 18,4%, soit près de cinq points de moins que la moyenne nationale des listes PS-DVG. C'est donc un échec personnel pour M. de Saintignon, un proche de Martine Aubry.
La gauche (PS-DVG-Union des écologistes, EELV-Parti de gauche et PCF) ne totalise qu'entre 27,4% et 29,9%, contre 54% au premier tour de 2010 (Nord-Pas-de-Calais + Picardie).
Dans cette région comme dans les autres, le président des Républicains Nicolas Sarkozy a exclu toute forme d'accord avec les socialistes et la gauche.
Arrivé deuxième (de 24 à 25%), Xavier Bertrand a estimé peu après la fermeture des bureaux de vote que "la liste de rassemblement de la droite et du centre" qu'il conduisait était "la seule alternative possible contre l'extrême droite".
Il s'est fait fort de battre la favorite dimanche prochain. "Le visage de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie ne sera pas celui de Marine Le Pen. L'Histoire retiendra que c'est ici et maintenant dans notre région que son ascension a été stoppée".
Dans sa première déclaration, Pierre de Saintignon a estimé que "personne ne peut avoir ce soir la prétention de gagner seul".
Deux heures et demie plus tard, la tête de liste socialiste annonçait devant les caméras qu'il avait "décidé de retirer (sa) liste". Il n'a toutefois pas appelé explicitement à voter pour Xavier Bertrand, dont il a fustigé "l'attitude arrogante". Cette mésentente prépare des reports de voix difficiles.
Conséquence, l'ensemble de la gauche disparaît du conseil régional. Le PCF et l'alliance EELV-PG ne peuvent en effet se maintenir, n'ayant pas obtenu 10% des suffrages exprimés.

Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne
Dans le Grand-Est, républicains et socialistes ont été largement devancés par le Front national, dont le numéro deux, Florian Philippot, espérait dimanche tirer les marrons du feu d'une possible triangulaire au second tour des régionales.
Le lieutenant de Marine Le Pen est arrivé en tête dans neuf des dix départements d'Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne où il totalise près de 36% des voix, devant les deux présidents de région sortants: l'Alsacien Philippe Richert (LR/UDI/MoDem), 25,8%, et le Lorrain Jean-Pierre Masseret (PS), 16%, selon des résultats définitifs.
Près d'un électeur sur deux s'était mobilisé dimanche dans la région, avec près de 48% de participation, contre 42,5% en 2010.
Qualifiant ces résultats d'"historiques", Florian Philippot, 34 ans, a souligné qu'il restait "à convaincre pour le second tour, à amplifier, à confirmer cette dynamique patriote".
"Il faut continuer, persévérer, malgré les campagnes d'intimidation qui auront lieu cette semaine, par les tenants du système", a-t-il ajouté devant les journalistes à Strasbourg où il avait installé son QG.
Le FN améliore de plus de six points son précédent record dans la région aux européennes de 2014 (29,60%), alors qu'il n'avait totalisé que 14,66% des suffrages exprimés aux régionales de 2010.
Il dépasse les 40% dans des départements ruraux comme la Haute-Marne (42,20%), l'Aube (40,42%) ou la Meuse (40,32%), ou dans son fief de Hayange (45,91%).
Philippe Richert, 62 ans, s'est présenté dimanche soir comme étant à la tête de "la seule liste susceptible de présenter une alternative républicaine".
"C'est à nous de faire en sorte que demain, avec le 2e tour, nous soyons en mesure de remporter cette élection", a-t-il ajouté devant les militants.
L'issue du second tour reste suspendue à un éventuel retrait du candidat socialiste. D'emblée, Jean-Pierre Masseret, 71 ans, a annoncé qu'il se maintiendrait malgré son score désastreux, qui divise pratiquement par deux le résultat de la gauche aux dernières régionales dans la grande région en 2010.
"Il n'y a pas de retrait, et pas de fusion, qui n'aurait aucun sens" au second tour, a-t-il dit depuis son QG de Maizières-lès-Metz, estimant qu'il n'était "pas question qu'il n'y ait pas d'élus de gauche" dans la future assemblée régionale.
A Paris, la direction du PS a fait savoir que les décisions seraient "prises au niveau du bureau national" en concertation avec les autres partenaires de gauche.
Pour autant, le PS n'a finalement annoncé dimanche soir que le retrait de ses listes dans le Nord et en Paca. Le maire PS de Strasbourg Roland Ries a aussi appelé Jean-Pierre Masseret à se retirer.
La fusion des trois régions du Grand est, rejetée par plus de 65% des habitants, a permis aux régionalistes de réaliser des scores importants, en particulier en Alsace où ils ont dépassé les 10%, devant Jean-Pierre Masseret dans le Haut-Rhin.
Au niveau de la grande région, ils n'ont toutefois pas dépassé la barre des 5%.
Le mauvais score en Alsace du candidat socialiste s'explique également par son refus, en pleine campagne électorale, de la ratification par la France de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires.
Dimanche soir, Jean-Pierre Masseret n'a pas exclu une fusion avec l'écologiste Sandrine Bélier qui obtient 6,7% des voix.
La tête de liste écologiste, disant ne pas se faire "à l'idée que la région demain ne comporte que la vision de droite et d'extrême-droite", a appelé dimanche soir les listes en capacité de se maintenir "à la responsabilité", en réalisant "une coalition des partis démocrates".
Le Front de gauche, avec 3%, et Debout la France, avec 4,8%, n'ont pas franchi la barre des 5%.

Bourgogne-Franche-Comté
La candidate du Front national Sophie Montel est arrivée largement en tête avec 31,48% des voix dimanche soir au premier tour des élections régionales en Bourgogne-Franche-Comté, en l'emportant dans sept des huit départements de la nouvelle région.
La liste UDI-Les Républicains de François Sauvadet est arrivée en deuxième position avec 24%, devant celle de la socialiste Marie-Guite Dufay (22,99%). Tous deux ont annoncé leur intention de se maintenir dimanche prochain.
"On caracole en tête et c'est de bon augure pour le second tour", s'est félicitée Mme Montel auprès de l'AFP, assurant avoir "autant de réserve de voix que les autres partis", en l'occurrence "chez les abstentionnistes".
La liste de Mme Montel est arrivée en première position dans sept des huit départements de la nouvelle entité régionale, alors que la Bourgogne et la Franche-Comté étaient gérées par les socialistes depuis 2004. Seule la Côte-d'Or, dont M. Sauvadet préside le conseil départemental, voit la liste de celui-ci se positionner en tête.
Au premier tour des élections régionales en 2010, sur l'ensemble de la Bourgogne-Franche-Comté, le FN était arrivé en troisième position avec 12,52% des voix. Un score multiplié par 2,5 par Mme Montel.
"Dans ce contexte particulier, je mesure la responsabilité qui est la mienne: celle de rassembler pour éviter le pire à notre région", a déclaré François Sauvadet.
"Désormais, le choix est clair: j'appelle tous ceux qui veulent le changement en Bourgogne-Franche-Comté, tous ceux qui veulent éviter de voir le FN prendre la tête de la région, tous ceux qui ne veulent pas du retour d'un PS qui a échoué, à se mobiliser pour notre liste d'union de la droite et du centre", a-t-il lancé.
Mme Dufay, présidente sortante de la région Franche-Comté, a pour sa part appelé à un "sursaut républicain" pour dimanche prochain. Elle a déclaré à la presse sentir "une légère dynamique en faveur des forces de gauche", précisant qu'"il serait démocratiquement inconcevable qu'une liste avec une dynamique se retire".
Parmi les autres listes, seule celle de Debout la France menée par Maxime Thiébaut dépasse la barre des 5% des exprimés pour pouvoir fusionner avec une autre au second tour. "La nuit porte conseil", a-t-il déclaré sur France 3, disant ne "pas croire à l'avenir de la France avec le FN".
La liste Front de gauche de Nathalie Vermorel échoue sous ce seuil, à 4,62%.
Avec 3,91% des voix, la tête de liste EELV Cécile Prudhomme, "déçue" du score de son parti et "navrée" pour celui du FN, a dit "espérer" que la région reste à gauche.
Le taux de participation s'élève à 50,56% contre 48,24% en 2010.

Centre-Val de Loire
La gauche paraissait dimanche soir en mesure de conserver la région Centre-Val de Loire malgré la troisième place - derrière le FN et la droite LR-UDI - de la liste PS-PRG menée par le président sortant socialiste François Bonneau.
Avec 30,49% des voix, la liste du Front national menée par Philippe Loiseau a triplé le résultat de l'extrême droite en 2010 (11,2%). "C'est un score historique", s'est immédiatement félicité M. Loiseau en attribuant ce succès au "ras-le-bol général" des électeurs. Il a appelé "tous les souverainistes, de droite comme de gauche" à voter pour sa liste au second tour.
L'union de la droite et du centre (LR, UDI et MoDem) n'a pas réussi son pari et plafonne à 26,25%, un score "décevant", a reconnu la tête de liste Philippe Vigier (UDI).
Arrivée en troisième position avec 24,31%, la liste PS-PRG du président sortant François Bonneau fait mieux que sauver les meubles puisqu'elle reste arithmétiquement en position de l'emporter, à condition toutefois de bénéficier d'un bon report des électeurs qui ont porté leur voix sur les listes d'EELV-Nouvelle Donne (6,6%) et du Front de gauche (5,9%).
Des négociations se sont immédiatement engagées entre la liste de M. Bonneau et celle d'EELV-Nouvelle Donne menée par Charles Fournier (EELV) et un accord pour une fusion ne fait guère de doute. Le leader de la liste Front de gauche Nicolas Sansu, qui n'est pas - d'extrême justesse - en position de fusionner comme le laissaient croire les premières estimations, a de son côté indiqué qu'il appellerait à voter pour la liste de M. Bonneau.
M. Vigier, qui mène avec le leader de la Droite forte Guillaume Peltier (LR) la liste d'union de la droite, a indiqué placer ses espoirs dans "la réserve de voix des abstentionnistes" (50,46% des électeurs de la région ne se sont pas déplacés) pour surmonter "la vague (FN) plus haute que ce que nous anticipions".
En effet, la liste LR-UDI-MoDem ne peut guère compter sur la liste Debout la France (4,58%), qui ne veut donner ses voix "ni au système, ni aux extrêmes". La tête de liste du parti de Nicolas Dupont-Aignan dans le Loiret, Catherine de Metz, a ainsi été exclue du mouvement sur le champ pour avoir publiquement appelé à voter pour la liste de M. Vigier.

Corse
La gauche est arrivée en tête dimanche au premier tour des élections territoriales en Corse, le président DVG sortant de l'exécutif, Paul Giacobbi, devançant de peu le maire nationaliste de Bastia, Gilles Simeoni.
La liste de M. Giacobbi, qui est aussi député DVG de Haute-Corse, a obtenu 18,42% des voix devant celle de M. Simeoni (17,6%).
Elles sont suivies par les deux principales listes de droite conduites par l'ancien ministre libéral José Rossi (13,17%), qui avait obtenu l'investiture des Républicains et de l'UDI, et par le député Les Républicains de Corse-du-Sud, Camille de Rocca Serra (12,70%).
La droite, qui a perdu un point depuis 2010, semble avoir été victime de ses divisions et du vote en faveur du Front national.
Avec 10,58% des voix, le FN fait en effet son grand retour sur la scène politique insulaire puisqu'il n'avait obtenu que 4,16% en 2010 et n'était plus représenté à l'assemblée de Corse depuis 1992.
Il précède la liste indépendantiste de Corsica Libera de Jean-Guy Talamoni (7,72%) qui pourra se maintenir au second tour dimanche prochain.
Six des douze listes en lice au premier tour ont franchi le seuil de 7% nécessaire pour se maintenir, le mode de scrutin étant différent dans l'île puisque la barre est de 10% sur le continent.
Une seule autre liste, celle du Front de gauche (5,56%), sera autorisée à fusionner au second tour ayant dépassé le seuil de 5%.
Les cinq autres listes, trois de gauche, une nationaliste et une de droite, ont obtenu entre 4,10% et 1,10% (Debout la France).
De grandes manœuvres vont s'engager lundi.
A gauche, il s'agira de rassembler le plus largement possible pour conserver, en dépit d'un recul global, le pouvoir territorial arraché à la droite en 2010 mettant un terme à une domination de vingt-cinq ans.
Les nationalistes, qui pourraient pour la première fois accéder à des responsabilités exécutives territoriales, vont examiner les possibilités de fusionner leurs trois listes.
Ce premier tour a enfin permis à la Corse d'emporter une fois encore la palme du civisme avec la plus forte participation (59,66%).
En vertu d'un statut particulier, la Corse est une collectivité territoriale aux pouvoirs plus étendus que dans les régions continentales. L'assemblée issue du second tour sera élue pour deux ans seulement.
La Corse deviendra en effet le 1er janvier 2018 une collectivité unique issue de la fusion de la collectivité territoriale et des conseils départementaux de Corse-du-Sud et de Haute-Corse.

Outremer
Quatre territoires d'outre-mer votaient ce dimanche pour les régionales, un scrutin ouvert au niveau national par la Réunion dans l'océan Indien, trois heures avant l'Hexagone, et qui se termine avec la Guyane, la Guadeloupe et la Martinique.

La Réunion
Le président sortant Didier Robert (Les Républicains – Union de la droite) est arrivé largement en tête du premier tour des régionales avec 40,36% des voix dans le plus peuplé des départements d'outre-mer.
Sa rivale Huguette Bello (ex-PCR, union de la gauche dont une partie du PS local) se place en deuxième position avec 23,80% des suffrages exprimés tandis que Thierry Robert (LPA - MoDem) est troisième avec 20,32%.
Cette position de faiseur de roi lui a donné des ailes: "Je suis le seul à pouvoir conduire une liste en mesure de battre Didier Robert (...) si on ne veut pas aller au casse pipe, il faut mettre notre ego de coté", a-t-il déclaré. De son côté Mme Bello a fait part de son intention de négocier avec lui, sans plus de précision.
L'autre liste d'obédience PS, celle de Patrick Lebreton (DVG en l'absence de l'étiquette officielle) n'a recueilli que 7,12% des voix.
Les huit autres listes, y compris celle du Front national (2,39%), réalisent des scores anecdotiques. C'est l'abstention qui fait le plein avec un taux de 55,55% (54,73% en 2010).

Guyane
Le président sortant du conseil régional, Rodolphe Alexandre (DVG), sort largement en tête avec 42,35% du premier tour pour l'élection de la nouvelle collectivité unique de Guyane.
Cette assemblée verra fusionner les conseils régional et général.
M. Alexandre devance de 12 points Alain Tien-Liong (DVG) son homologue du Département qui obtient 30,24% des voix. Le président du conseil général, proche du MDES (parti indépendantiste qui présentait une autre liste) avait surpris en s'alliant à Léon Bertrand, ex-ministre (UMP) de Chirac qui a des dossiers judiciaires en cours.
M. Tien-Liong a écarté dimanche l'idée d'une fusion avec une autre liste indiquant accepter l'augure de siéger dans l'opposition.
La députée Chantal Berthelot, soutenue par le Parti socialiste guyanais, a pâti de cet affrontement, ne recueillant que 8,49% des voix.

Guadeloupe
Certains observateurs pensaient que le faible taux de participation en Guadeloupe (47,21% contre 49,81 % en 2010) profiterait à Victorin Lurel, le président PS de région sortant, au détriment de son challenger, Ary Chalus (DVG), qui a réuni un "front anti-Lurel" dans une liste d'ouverture, mais il n'en a rien été.
Les deux députés de la Guadeloupe s'affronteront lors d'un second tour qui s'annonce très disputé: M. Chalus a en effet obtenu 43,55% des voix contre 41,09% à M. Lurel, loin de sa victoire dès le premier tour en 2010.
La droite, qui s'était lancée dans la bataille avec Laurent Bernier comme tête de liste, arrive loin derrière. Le chef de file local des Républicains a expliqué son faible score par la prédominance d'"un vote utile".
Marie-Luce Penchard, ancienne ministre UMP et en retrait des Républicains, autre figure de la droite locale, a préféré rejoindre la liste de M. Chalus pour tenter de détrôner M. Lurel, qui lui avait succédé au ministère des Outre-mer.

Martinique
Le président du conseil régional Serge Letchimy (PPM-DVG) est arrivé largement en tête du premier tour de l'élection à la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) avec près de 39 % des voix (38,96%) contre un peu plus de 30% des suffrages (30,28%) pour son concurrent direct Alfred Marie-Jeanne (MIM-REG).
MM. Letchimy et Marie-Jeanne, tous deux députés, vont s'affronter au second tour, comme en 2010, sous l'oeil de la droite.
Cette dernière, menée par Yan Monplaisir (LR), dans une alliance avec le centre, obtient 14,32% des suffrages (+ 4 points par rapport à 2010), ce qui lui ouvre la voie du second tour sous de meilleures auspices qu'il y a cinq ans.
Le scrutin a été marqué par une faible participation de 41,18% en baisse par rapport à 2010 (44,47%).