Une large part des forêts de montagne et de Corse menacées par le changement climatique, alerte l'UICN
Plus de la moitié des forêts de montagne de l'Hexagone et de Corse évaluées dans le cadre de la liste rouge des écosystèmes de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) sont menacées par le changement climatique, selon une étude publiée le 23 janvier 2025.
Pour la première fois, la liste rouge des écosystèmes mise en place en 2014 par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a évalué les forêts de montagne de l’Hexagone et de Corse. Il s’agit de l'équivalent pour les habitats naturels terrestres, aquatiques et marins de la liste rouge des espèces menacées pour la faune, qui fait référence pour mesurer l'effondrement de la biodiversité. Ses critères d'évaluation dépendent d'un référentiel commun à tous les pays d'Europe continentale.
Dix écosystèmes menacés
Publiés ce 23 janvier 2025, ses résultats montrent que parmi les 19 écosystèmes forestiers évalués dans les milieux montagnard et du subalpin (à des altitudes comprises entre 600 et 2.400 mètres selon les versants) des différents massifs de l'Hexagone (Alpes, Jura, Massif central, Pyrénées, Vosges) et de Corse, 10 apparaissent comme menacés, c'est-à-dire en danger critique (CR), en danger (EN) ou vulnérable (VU), et 6 quasi-menacés, le niveau juste en dessous en termes de risque d'effondrement. Deux autres sont en "préoccupation mineure" et un autre ne permet pas d'être évalué faute de données suffisantes.
Dans le détail, les cembraies (forêts de pins cembro) et les mélézins (forêts de mélèzes) du subalpin ainsi que les hêtraies, sapinières et hêtraies-sapinières subalpines, sont classés en danger, tandis que 5 forêts mixtes, mélange de hêtres communs, de sapins blancs ou d'épicéas communs, une forêt de sapins et d'épicéas et 2 pineraies montagnardes sont classées "vulnérables".
Hausse des températures et déficit hydrique
Dans tous les cas, "le contexte de changements climatiques est un facteur déterminant des résultats de cette évaluation", indique l'étude. Dans les environnements montagneux ou pré-montagneux, les hausses de température ont tendance à être plus marquées qu'en plaine, entraînant notamment un "déficit hydrique accru". Ainsi dans les Alpes et les Pyrénées françaises, la température a augmenté de +2°C au cours du XXe siècle, contre +1,4°C dans le reste de la France, selon Météo-France.
Ces écosystèmes, qui accueillent une large diversité d'espèces animales, végétales ou fongiques parfois spécifiques à ces milieux qui leur servent d'ultimes refuges, sont par ailleurs soumis à d'autres pressions d'origine anthropique (pollutions, surexploitation, espèces exotiques envahissantes...).
Et "malgré une abondance de recherches sur les forêts, il reste difficile de prédire les trajectoires futures des forêts de montagne de l'Hexagone et de Corse face au cocktail de pressions qu'elles subissent", estiment dans un communiqué commun l'UICN, l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) qui ont coordonné les analyses.