À Saint-Dizier, Jean Castex veut s'attaquer à la délinquance itinérante
En déplacement à Saint-Dizier (Haute-Marne), lundi 26 juillet, le Premier ministre a signé un nouveau type de contrat expérimental baptisé "territoire de sécurité urbain rural" (Tsur), destiné à lutter prioritairement contre la délinquance itinérante. Dans ce vaste territoire à l'intersection de trois départements, les collectivités s’engagent aussi à investir, notamment dans la construction d’une caserne de gendarmerie. Un donnant-donnant qui n’est pas sans rappeler la logique des "contrats de sécurité intégrée" que le Premier ministre souhaite étendre à la ruralité.
Le 9 octobre 2020, le Premier ministre avait créé la surprise en signant le premier "contrat de sécurité intégrée" à Toulouse. Un nouveau type de contrat reposant sur du donnant-donnant, appelé à être décliné dans les grandes agglomérations. Trois autres métropoles ont déjà suivi : Nantes, Dijon et, le 22 juillet, Clermont-Ferrand. "Une soixantaine sont en cours de finalisation et une trentaine sont en réflexion", a indiqué le Premier ministre, lundi 26 juillet, lors d’un déplacement à Saint-Dizier (Haute-Marne), aux côtés du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et de la secrétaire d'État à la Biodiversité, Bérangère Abba, native du département. Mais ce dispositif, "initialement orienté vers les métropoles et agglomérations", sera adapté "très rapidement à l’ensemble des territoires, les bassins de vie de 20.000 habitants, mais aussi évidemment les territoires ruraux, avec les mêmes objectifs d’engagement mutuel", a-t-il insisté, en signant la charte d’engagement du premier "Territoire de sécurité urbain rural" (Tsur). Porté par le jeune maire de Saint-Dizier, Quentin Brière, élu en 2020, ce territoire de sécurité repose sur un triangle constitué de trois communes - Vitry-le-François (Marne), Bar-le-Duc (Meuse) et Saint-Dizier -, à la confluence de trois départements et à cheval entre zones de gendarmerie et de police. Un carrefour de circulations présenté comme "un atout" mais qui est aussi "un vecteur de délinquance", avec "des filières organisées, qui s’attaquent au matériel des chantiers et à l’outillage agricole", des cambriolages le long des routes nationales, des occupations illégales de terrains par des gens du voyage dits "sédentarisés"... "Ce n’est pas de la petite délinquance rurale", a-t-il insisté. Le 14 août 2020, Saint-Dizier avait été le théâtre d’une descente spectaculaire de membres de la communauté tchétchène venus venger l’un des leurs agressés dans le quartier Vert-Bois, la veille. Seize d’entre eux avaient été interpellés à la suite de la mobilisation d’importants moyens, notamment d’une compagnie de CRS.
Un laboratoire de sécurité
À travers ce Tsur, le Premier ministre revendique "une politique de sécurité publique qui part des territoires, qui passe par les territoires". "Travailler avec vous ce n’est pas nous défausser de nos responsabilités, c’est au contraire les assumer de manière plus efficace", a-t-il assuré aux élus. Ce "laboratoire" de la sécurité publique qui couvre quelque 320 communes, sera l'occasion de "mieux cartographier les territoires de délinquance, de développer la vidéo protection dans tous les EPCI contractants, d’encourager la participation citoyenne et de renforcer les coopérations entre les forces de sécurité intérieure et les polices municipales", a énuméré Jean Castex. Comme pour les contrats de sécurité intégré, la charte d’engagement repose sur du donnant-donnant : il s’accompagne "d’un effort très important de l’État" : 5 postes supplémentaires au commissariat de Saint-Dizier, création d’un peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de 12 militaires pour compléter l’action de l’actuel PSIG de Joinville et surveiller la RN4, renforcement des capacités d’enquêtes pour "faire face plus efficacement à la délinquance qui se déplace au-delà limites départementales"…
900 millions d'euros de plus pour la sécurité en 2022
Les collectivités, elles, s’engagent à investir, notamment pour la construction d’une nouvelle caserne de gendarmerie, avec l’appui du conseil départemental. Le contrat s’appuiera aussi sur les nouvelles dispositions de la loi sur la sécurité globale qui permettent de "mutualiser l’achat, l’installation et l’entretien de dispositifs de vidéoprotection au sein d’un centre de supervision départemental".
Le Premier ministre a rappelé avoir demandé à la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, d’ajouter un volet sécurité dans le programme "Petites Villes de demain" et une offre de sécurité dans le tout nouveau plan Montagne.
Lors de ce déplacement, il a également annoncé une hausse du budget du ministère de l’Intérieur "de plus de 900 millions d’euros" en 2022.