Printemps de la ruralité : Rachida Dati annonce près de cent millions de subventions

À l'issue d'une consultation lancée en janvier, la ministre de la Culture a présenté un plan pour le soutien à la culture dans les territoires ruraux. Avec, à la clé, une enveloppe de 98 millions d'euros sur trois ans.

Une "nouvelle donne en faveur des territoires ruraux", c'est ainsi que le ministère de la Culture a présenté, le 11 juillet, son plan issu du "Printemps de la ruralité". Plan qui sera assorti d'un budget de 98 millions d'euros.

Lancé en janvier dernier, le Printemps de la ruralité a permis d'organiser une grande concertation sur l'offre culturelle dans les campagnes françaises. Avec, en ligne de mire, l'ambition de favoriser le développement des actions culturelles dans ces territoires. Car si la ruralité compte 57% des lieux culturels, dont 72% des bibliothèques et 55% des monuments historiques, les 44 débats organisés partout en France et les contributions issues des 35.280 connexions sur la plateforme en ligne dédiée à l'évènement ont également conduit à constater des "points de fragilité". Parmi eux : l'insuffisante valorisation de l'offre culturelle existante, le décalage entre cette offre et les attentes locales, les difficultés d'accès en raison des temps et coûts de transport ou encore la complexité dans l'accompagnement des porteurs de projets. Sans surprise, ces "points de fragilité" constituent autant de points d'entrée pour tracer les grandes lignes des mesures annoncées.

Valoriser les initiatives locales, mailler le territoire

À l'insuffisante valorisation de l'offre culturelle à la campagne, le plan répond valorisation des initiatives locales "qui font la fierté de nos territoires". Il est ici question de soutenir mille projets de "pratiques culturelles festives et collectives ancrées dans les territoires" sous l'appellation "Villages en fête". L'appui à l'offre locale passera encore par le cofinancement jusqu'à 50% par les Drac (directions régionales des affaires culturelles) de travaux de remise à niveau pour les musées ruraux ou la mise en valeur au niveau national et local du patrimoine culturel immatériel français. Enfin, le plan entend faire du "Pass Culture" un outil de référence pour découvrir l'offre et la vie culturelles de proximité dans les territoires ruraux.

Pour répondre aux attentes locales, le second train de mesures vise à soutenir les acteurs et le maillage culturels de proximité. Les aides pourront bénéficier tant aux radios associatives qu'aux marchands de presse, aux monuments historiques publics comme privés, aux librairies – invitées à "expérimenter de nouvelles formes itinérantes" dès cette année –, aux cafés, mairies et lieux polyvalents qui organisent spectacles et concerts, qu'aux jeunes architectes désireux de s'implanter en milieu rural. Quant au soutien au maillage culturel de proximité, il pourra prendre la forme de "festivals à l'année", visant à déployer une action territoriale structurante et une programmation hors saison – avec une aide majorée en cas de cofinancement de la collectivité –, de nouveaux centres culturels installés au sein d'établissements d'enseignement agricole volontaires – dont dix dès 2024 –, mais aussi de cinquante "scènes culturelles de proximité" dans des territoires faiblement équipés.

Faire venir le public à la culture… et vice versa

Autre "point de fragilité" traité par le plan : l'accessibilité. Ici, s'il est question d'accompagner communes et communautés de communes dans la mise en place d'offres de mobilité vers les événements et équipements culturels, la vision est également renversée pour favoriser la mobilité des artistes et des œuvres vers le public. On relève par exemple la volonté d'organiser une résidence d'artistes en ruralité annuelle par département, de déployer l'action territoriale des grands établissements nationaux ou d'approfondir la diffusion du cinéma – par exemple via un soutien exceptionnel aux circuits itinérants –, mais aussi de déployer dans les deux années à venir un réseau de cent artothèques sur le territoire, en s'appuyant sur les artothèques existantes ainsi que sur les bibliothèques départementales, voire les fonds régionaux d'art contemporain (Frac), en accord avec les régions.

Le dernier grand axe du plan, sans doute le plus attendu des élus des petites communes, vise à accompagner les porteurs de projet par une ingénierie adaptée. Les domaines du patrimoine et de l'architecture sont particulièrement visés, notamment à travers l'annonce du doublement des vacations des architectes-conseils de l'État en Drac, le renforcement des effectifs des unités départementales de l'architecture et du patrimoine (Udap) dans les départements ruraux en tension ou la possibilité d'un cofinancement jusqu'à 80% de l'assistance à maîtrise d'ouvrage des communes rurales pour les travaux de restauration et d'entretien des monuments historiques. Il est encore question de généraliser les contrats départementaux Lecture avec tous les départements d'ici fin 2026 pour soutenir l'action des bibliothèques départementales au service des territoires ruraux, et de porter à 60.000 euros en moyenne par an le soutien à chaque contrat.

Des interlocuteurs dédiés pour les maires ruraux

Mais ici, l'effort portera surtout sur une mobilisation des offres d'ingénierie de projet pour soutenir les initiatives culturelles en milieu rural, qu'il s'agisse du guichet unique porté par l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), des chefs de projet des Petites Villes de demain, qui intégreront l'accompagnement des projets culturels, ou de la désignation au sein de chaque Drac d'un interlocuteur dédié aux maires ruraux. En outre, le ministère de la Culture sensibilisera les établissements d'enseignement supérieur de son champ afin de créer des vocations de volontaires territoriaux en administration, un dispositif permettant à une collectivité rurale de recruter un jeune diplômé pour une mission de douze à dix-huit mois. Enfin, le fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire (Fonjep) sera mobilisé pour créer une centaine de postes sur une durée de trois ans pour les associations culturelles en milieu rural.

L'ensemble de ces mesures bénéficieront d'une enveloppe globale de 98 millions d'euros sur trois ans, dont 18 millions dès cette année. La ventilation de ces sommes selon les différents fléchages n'a toutefois pas encore été annoncée.