Pour sortir 3 millions d'enfants de la pauvreté en France, les villes du réseau Unicef s'engagent
Les 18 et 19 juin 2024, lors de la rencontre nationale des "Villes amies des enfants", des élus, agents des collectivités territoriales et bénévoles du réseau Unicef France se sont réunis à Lille pour échanger et trouver des solutions concrètes permettant de lutter contre la pauvreté infantile qui touche près de 3 millions d'enfants en France.
Face aux trois millions d'enfants en situation de pauvreté, les 300 "villes amies des enfants" du réseau Unicef France vont avoir du pain sur la planche. Ces municipalités ou intercommunalités se sont engagées auprès de l'Unicef à réaliser un plan d'action, approuvé en conseil municipal, orienté autour de 5 engagements et 13 recommandations. "Du fait de leurs compétences en matière d'action sociale de proximité, d'éducation, de restauration scolaire, d'accueil du jeune enfant, de santé et de mobilité, ou encore de la lutte contre les discriminations, les collectivités locales jouent un rôle essentiel pour répondre aux besoins immédiats de ces enfants et pour favoriser leur inclusion", a rappelé Adeline Hazan, présidente de L'Unicef France, dans un communiqué du 20 juin diffusé à l'issue de la rencontre nationale des "Villes amies des enfants" des mardi 18 et mercredi 19 juin à Lille.
Une "réalité multidimensionnelle"
Si la pauvreté des enfants est une "réalité multidimensionnelle qui compromet la réalisation de leurs droits", concrètement cela se traduit par des obstacles dans l'accès à des biens et des services essentiels : éducation, soins de santé, bonne alimentation, logement décent, ou d'autres moins essentiels mais déterminants comme des activités culturelles et de loisirs (lire notre encadré). Les conférences, tables rondes et ateliers, organisés lors de la rencontre nationale des "villes amies des enfants" avaient pour but de "mettre en avant les leviers que les villes et intercommunalités doivent renforcer pour mettre en place des politiques publiques adaptées, concrètes et efficaces".
Levier majeur : la politique tarifaire
La politique tarifaire de la ville apparait comme l'un des leviers majeurs permettant l'accès à tous au restaurant scolaire, aux activités sportives, culturelles et de loisirs. Mais ce n'est pas le seul. Les villes doivent d'abord identifier leurs besoins afin de poser un diagnostic territorial qui permettra notamment d'identifier les ressources disponibles sur le territoire. Elles devront aussi s'assurer de l'accessibilité de l'information aux familles en situation d'exclusion. Il s'agira de vérifier que ces familles reçoivent et comprennent les dispositifs existants dans leur commune. Les collectivités peuvent aussi être proactives et mettre en place des actions "d'aller vers" les enfants et les familles en situation de grande pauvreté. Elles devront engager un travail de partenariat entre différents acteurs (municipalités, associations, institutions) pour mettre en œuvre des projets transversaux de lutte contre la pauvreté. Enfin, un autre levier est celui de la formation des agents municipaux afin qu'ils puissent repérer et accompagner efficacement les enfants et les familles en situation de pauvreté.
Une ville à hauteur d'enfant
En accueillant l'évènement, la ville de Lille a témoigné par exemple de sa stratégie transversale pour lutter contre la pauvreté des familles et des enfants, ainsi que pour prendre en compte les enfants dans sa conception de la ville à hauteur d'enfant. "Défendre les droits de l'enfant est un acte de résistance face au repli sur soi. Les villes amies des enfants donnent la voie du chemin à suivre pour assurer, partout, l'effectivité des droits de l'enfant", a déclaré Charlotte Brun, adjointe ville éducatrice et ville à hauteur d'enfant à la mairie de Lille.
Les synthèses des ateliers publiées
Les deux journées ont été l'occasion de partager les synthèses des ateliers menés avec le réseau "villes amies des enfants", publiées en juin 2024, autour du droit des enfants à être entendus dans les politiques publiques locales, et de la lutte contre la pauvreté infantile. Elles ont également permis de poursuivre les réflexions initiées début 2024 autour de la scolarisation des enfants, et des actions à mettre en place pour accueillir et accompagner les familles et enfants sans domicile.
Enfin, une vingtaine d'enfants des villes de Lille, Raismes et Arras ont travaillé avec les acteurs locaux pour formuler des propositions visant à ce que les projets municipaux répondent à leurs besoins, ainsi qu'à ceux des enfants les plus défavorisés. "Face à une détérioration croissante des droits de l'enfant en France et à l'international, il est impératif de garantir un avenir meilleur pour chaque enfant, quel qu'il soit, où qu'il soit", a conclu la présidente de L'Unicef France.
› Comment mesurer la pauvreté "multidimensionnelle" des enfants ?Selon L'Unicef France, il importe de mesurer la pauvreté multidimensionnelle des enfants par le biais d'indicateurs de privations liés aux besoins spécifiques des enfants et à leurs droits : |