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Polémique autour d'un projet de parc photovoltaïque sur le Larzac

Initiative s'inscrivant dans le cadre de la transition énergétique ou "projet industriel à objectifs financiers, camouflé sous un vernis environnemental" : la "concertation" autour d'un vaste parc photovoltaïque sur une zone du sud Larzac, classée Natura 2000 et patrimoine mondial de l'Unesco, a été lancée ce 16 avril dans la discorde.

Le lancement de la concertation sur le projet de parc photovoltaïque "Solarzac" débute dans la discorde. Laurent Bonhomme, président d'Arkolia Énergies, PME héraultaise spécialisée dans les énergies renouvelables, a présenté ce 16 avril à la presse depuis un domaine du Cros (Hérault) son projet tandis que des défenseurs de l'environnement mais aussi des élus et des représentants de la Confédération paysanne opposés au projet organisaient dans le même temps une rencontre avec la presse dans la commune voisine du Caylar.
Le domaine de Calmels, une chasse privée, sur lequel ce parc photovoltaïque serait implanté, est au coeur de quatre sites Natura 2000, d'un Grand Site de France, le cirque de Navacelles, et des "Causses et Cévennes", patrimoine mondial de l'Unesco au titre des paysages culturels de l'agropastoralisme méditerranéen, fait valoir l'association Terres de Larzac, qui estime notamment que l'aigle royal, une espèce menacée, serait impacté.
Laurent Bonhomme a détaillé trois "scénarios" pour le projet : le premier envisage de couvrir 220 hectares en 100% solaire pour une puissance de 180 MW, le deuxième s'étendrait sur 400 hectares pour une puissance électrique de 320 MW et le troisième sur 400 hectares dont 10 à 20 hectares pour la reconversion d'électricité en gaz pour 180 MW de puissance électrique et 138 MW de puissance gaz par bio-méthanisation.
Arkolia Énergies évoque des retombées fiscales par an pour les collectivités locales de 1,5 million d'euros à près de 3 millions d'euros, et des créations d'une trentaine à près de 190 emplois. "Nous sommes ravis de pouvoir enfin vous parler et de pouvoir vous donner les informations les plus justes possible", a assuré Laurent Bonhomme dans une grande salle ornée de trophées de chasse, en présence du maire de la commune, Alain Viala, et de Éric Saint-Cierge, propriétaire du terrain. Il s'agit, selon la PME, de "dédier Calmels à la transition énergétique et à l'agropastoralisme plutôt qu'à la chasse commerciale".

"À l'encontre des efforts des élus locaux"

Au sud du domaine, un maximum de 400 hectares seraient dédiés "au parc énergétique et à l'agropastoralisme par l'installation d'un élevage d'ovins après la préparation du sol en surface et plantation de 400 hectares d'herbes". Au nord du domaine, 600 hectares aujourd'hui clôturés seraient "rouverts au public et dédiés à la gestion et à la sauvegarde de la faune sauvage".
"Nous sommes totalement opposés à ce projet industriel à objectifs financiers, camouflé sous un vernis environnemental, et à ses conséquences", comme la multiplication des pressions financières pour installer d'autres parcs photovoltaïques sur le Larzac, ont réagi les opposants réunis au Caylar. Alors que la première phase de concertation préalable doit avoir lieu du 2 mai au 23 juillet, la communauté de communes du Lodévois et Larzac s'est prononcée dans une motion adoptée le 21 février contre le projet, tout comme l'a fait le 22 mars à Florac (Lozère) le conseil scientifique de l'Entente qui gère le bien Patrimoine mondial de l'Unesco Causses et Cévennes.
Solarzac "va à l'encontre des efforts que des élus locaux mènent depuis trente ans et qui nous a permis d'obtenir un site Unesco avec nos petits moyens", a déclaré mardi  Laurent Pons, maire de Vissec (Gard) et président du syndicat mixte du cirque de Navacelles. "Il détruira définitivement tout ce qui fait la valeur patrimoniale de cette région", ont affirmé les opposants, dans un texte lu par Bernard Ricau, ornithologue et président de l'association "Terres de Larzac, terres de biodiversité, terres de paysans". Parmi les opposants à ce parc photovoltaïque, le député européen José Bové, à Strasbourg mardi, a assuré à l'AFP que les défenseurs du Larzac seraient "prêts à se mobiliser à nouveau" en nombre si ce projet était maintenu.