L’école Anne Godeau de Raismes prête à affronter les assauts du chaud et du froid (59)

En adoptant à titre expérimental la méthode dite « Energie sprong », la commune nordiste a rénové son ancienne école afin d’en faire un établissement performant et confortable. Mission accomplie, mais non sans affronter des difficultés d’organisation en site occupé

Rentrée scolaire 2023, la France est à nouveau le siège d’un épisode de forte chaleur. À Raismes, dans le Nord, les élèves de l’école primaire Anne Godeau n’en souffrent pas. Et pour cause, ils font leur retour dans un établissement fraîchement transformé, à même de les préserver de la surchauffe. 

Datant des années 1960, cette école de 20 classes réparties sur deux étages était peu isolée, sur le plan thermique aussi bien qu’acoustique. Le projet de rénovation énergétique débute en 2020. L’équipe municipale vise alors l’objectif d’une école zéro énergie – c’est-à-dire qui en consomme autant qu’elle en produit – et réhabilitée avec des matériaux biosourcés. « Je m’intéressais aux premières opérations menées en France selon la méthode dite Energie sprong », se souvient l’adjoint à la transition, à l’aménagement et au développement du territoire communal, Jean-Paul Mottier. Originaire notamment des Pays Bas, cette démarche est proposée en France par l’entreprise GreenFlex, supervisée par les pouvoirs publics (direction générale de l'Énergie et du Climat, et Ademe) et financée par des fonds nationaux et européens. Son idée : « déployer à grande échelle des rénovations zéro énergie garantie » en réduisant les coûts, pour des chantiers mis en œuvre « en site occupé et en un temps très court, avec des procédés de préfabrication hors site de qualité » pour l’isolation par l’extérieur des bâtiments.

Une structure fragile

« Après une expérimentation dans des logements sociaux, l’État a souhaité élargir son application aux bâtiments scolaires. Un appel à manifestation d’intérêt a été émis en 2020 et nous avons été lauréat ! », poursuit Jean-Paul Mottier. La commune sollicite alors une assistance à maître d’ouvrage, afin de rédiger le dossier de consultation des entreprises, phase qui commence en 2021. Une entreprise du Denaisis ayant intégré tous les éléments mentionnés par le cahier des charges est finalement retenue, accompagnée par un cabinet d’architectes valenciennois et un bureau sécurité lui aussi local. Le projet peut être présenté aux enseignants et parents d’élèves en juin 2022. Il prévoit une phase chantier pendant les congés d’été, puis les travaux devaient se poursuivre en ne déplaçant qu’une partie des classes, au fil de l’eau.

Mais la suite ne s’est pas tout à fait passée comme prévu… « En entamant les travaux, nous avons constaté d’importants défauts de structure du bâtiment. Il a tout fallu repenser, raconte l’adjoint communal. Du bâtiment initial, nous n’avons conservé que les éléments porteurs et une cloison entre les classes et le couloir. On ne pouvait pas faire pire en termes de complexité ! » La durée prévisionnelle du chantier, qui inclut un désamiantage, est alors rallongée, et l’ensemble des classes est déplacé dans la grande cour d’école. « Le chantier de rénovation proprement dit démarre en janvier 2023, il fallait livrer en septembre. Grâce à l’engagement de l’entreprise et de l’équipe d’enseignants, nous avons tenu les délais et les perturbations pour les élèves ont été réduites », se réjouit encore Jean-Paul Mottier.

Cour inclusive

Construction des murs performants, isolation de la toiture, installation de pompes à chaleur et de panneaux photovoltaïques (700 m²), nouveaux sanitaires et salle de restauration, récupération de l’eau de pluie (2x40 m³), le chantier est colossal et dessine une tout autre école. Seuls bémols, « nous n’avons pas utilisé autant d’isolants biosourcés que prévu, en raison d’un problème de calendrier ». La réalisation en compte malgré tout 70 % en volume, grâce notamment à l’aide du CD2E (Centre de déploiement de l’éco-transition dans les entreprises et les territoires, situé dans les Hauts-de-France) qui a pu effacer les quelques inquiétudes du bureau de contrôle et facilité l’approvisionnement en panneaux isolants végétaux. 

Au moment d’écrire cet article, les travaux ne sont pas terminés, car une rénovation de la cour doit être poursuivie. 40 % du macadam a déjà été retiré au profit de la végétalisation de l’espace. Une série de plantations d’arbres haute tige est par ailleurs entamée, afin de favoriser l’ombrage. C’est enfin sur le plan social et participatif que le projet s’est voulu exemplaire car « la cour d’école a été repensée avec les élèves et les enseignants, accompagnés par le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement du Nord et une paysagiste, afin de permettre à tous d’y trouver sa place », se félicite Jean-Paul Mottier.

Zoom sur le financement

Coût des travaux : 7 millions d’euros HT

Financement :

  • autofinancement : 2 millions d’euros
  • Communauté d’Agglomération La porte du Hainaut : 34 %,
  • État : 20 %
  • Union Européenne / Programme Interreg (programme Mustbe0) : 14 %
  • Département du Nord : 10 %
  • Région Hauts-de-France : 4 %

Commune de Raismes

Nombre d'habitants :

12055
Hôtel de Ville Grand Place
59 590 Raismes

Jean-Paul Mottier

Adjoint au maire, en charge de la transition, de l’aménagement et du développement du territoire communal

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