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Dépendance : le rapport Libault insuffisant sur le logement et l'aide à domicile (CNSA)

Le rapport sur la dépendance que Dominique Libault, président du Haut Conseil du financement de la protection sociale, a remis le 28 mars (lire notre article) a un "défaut de fabrique" : il ne prend pas suffisamment en compte les besoins d'adaptation des logements et de présence auprès des personnes âgées, déplore Marie-Anne Montchamp, présidente de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA).
La présidente de la CNSA, qui participe au financement de la dépendance et du handicap, estime qu'"on est resté au monde d'avant", a-t-elle déclaré ce mercredi 10 avril lors d'un débat organisé par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis). "Il s'agit de prévenir les effets de l'avancée en âge en changeant de modèle", a-t-elle souligné.
Et la présidente de la CNSA d'insister sur le fait que pour faire face au défi démographique posé par le vieillissement, il faut améliorer à la fois le soin, l'accompagnement, le logement et la présence auprès de la personne âgée.
"Le rapport reste sur un modèle binaire, soin et accompagnement, cela ne suffira pas. Il faut soutenir le secteur de l'aide à domicile, qui est dans une grande fragilité", souligne-t-elle.
Guillaume Quercy, président de l'Union nationale de l'aide, des soins et des services à domicile (Unassad), a pour sa part observé que "nos professionnels faisaient partie des manifestants sur les ronds-points à Noël". "Il y a plus qu'une attente, il y a urgence à agir maintenant", a-t-il ajouté.
Le rapport Libault propose de mieux valoriser l'aide à domicile avec un tarif plancher de 21 euros de l'heure, qui correspond à la moyenne horaire actuelle, auquel s'ajouterait une subvention équivalente à 3 euros de l'heure pour tenir compte des tâches non rémunérées aujourd'hui comme la coordination avec l'équipe, soit un soutien financier de 550 millions d'euros. "C'est basé sur les tarifs actuels hors revalorisation", observe Guillaume Quercy.  Or "il faudrait aller au-delà" pour rendre ces métiers plus attractifs.
"Un quart des personnes âgées est hébergé en Ehpad et les trois quarts sont à domicile, mais la priorité affichée au domicile ne se retrouve pas dans les moyens, qui vont essentiellement aux établissements", note-t-il.
Le rapport Libault préconise de créer 80.000 postes dans les Ehpad d'ici 2024 mais ne chiffre pas les besoins à domicile. L'intersyndicale des personnels réclame pour sa part 40.000 postes, pour moitié à domicile, immédiatement.
La CNSA doit présenter ses propres propositions en juillet.